Les foires commerciales auxquelles participent les opérateurs de petits établissements hôteliers se multiplient. La dernière en date a conduit quelques-uns d’entre eux à Madagascar. Sadhanand Jugessur, le directeur de La Vigie Guest House à Curepipe, a fait partie de la délégation.
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L’aventure de Sadhanand Jugessur dans l’hôtellerie trouve son origine en 1993, durant un voyage à Nottingham, en Angleterre, où il tombe sur un motel où logent les longs convoyeurs. « Cela m’a donné l’idée d’ouvrir un tel établissement à Maurice, où se logeraient des touristes pour de courts séjours ». Quatre ans plus tard, la Central Housing Authority ferme ses portes. Il repart avec une compensation d’environ Rs 500 000, mais à 50 ans, où trouver un autre emploi. Alors, il se souvient du motel londonien. Il veut lancer le projet dans sa cour, où il possède déjà deux appartements, construits en 1992 et qu’il convertit en chambres, grâce à sa compensation. Mais il lui faut un permis d’exploitation. Or, depuis quelque temps déjà, le gouvernent a gelé l’octroi d’opération de ces business. Qu’à cela ne tienne. Notre ami va frapper a la porte d’une ‘connaissance’, Lalita Sanspeur, haut cadre au ministère du Tourisme. « Un jour, elle a fait vérifier mes chambres par son Secrétaire Permanent, qui a constaté que j’étais en règle. J’ai ainsi pu ouvrir mon business. Avec l’aide d’un cousin, j’accueille mes premiers clients, deux Seychellois auxquels j’offre le petit déjeuner », se souvient Sadhanand Jugesssur.
Clientèle grandissante
Après un temps mort désespérant, il passe à une vitesse supérieure, en se mettant en contact avec les hôtels et restaurants de Curepipe. Quelques-uns d’entre eux, dont l’hôtel Shanghai, lui envoient l’excédent de leurs clients. Au fil des années et des investissements, à hauteur de Rs 5 millions, les deux appartements se démultiplient pour faire place à un véritable hôtel doté de toutes les aménités destinés aux touristes. En 2009, le directeur général de la Smeda, Vijay Ramgolam, décide d’ajouter les petits hôtels à la liste de petites entreprises. « Du coup, nous étions devenus éligibles à des remboursements lorsque nous participions à des ‘road-shows’ ». À La Vigie, c’est toute la famille qui met la main a la pâte. « Avec ma formation d’architecte, j’ai conçu l’agencement des chambres, j’ai même cousu des rideaux tandis que mes enfants s’occupaient des chambres ». Pour constituer et fidéliser sa clientèle, essentiellement réunionnaise, Sadhanand Jugessur part à La Réunion où il se rend aux fêtes paroissiales. « Là, j’invite une responsable de la fête à venir chez moi. Elle est totalement prise en charge. À son retour à La Réunion, c’est elle qui fait la pub de mon hôtel. Ça a toujours fonctionné ainsi, mais il ne faut pas bluffer sur notre offre, sa qualité et sa diversité ». Si Sadhanand Jugessur cible une clientèle niche, qui est celle des retraités réunionnais, il ne néglige pas les Mauriciens, qui louent parfois en famille pour des fêtes. Mais, avec les Réunionnais, concède-t-il, les rapports sont plus chaleureux. « À force de se comprendre, ils en sont devenus des membres de ma famille ». Au fil des années, l’offre mauricienne en termes de loisirs s’est enrichie, avec ses parcs, ses galeries commerciales, se terres multicolores. « De notre côté, a on augmenté notre flotte de voitures pour accommoder une clientèle grandissante ». L’investissement dans les voies d’accès, la modernisation des infrastructures, dont la télécommunication, a attiré davantage de touristes. Mais il reste une ombre au tableau. « Il nous manque, aux petits exploitants hôteliers, une indication de qualité, que sont les étoiles. À Paris, le Français vous pose souvent la question suivante : « Combien d’étoiles avez-vous ? ». Je suis incapable de lui répondre ». En 2013, à sa demande, la Tourism Authority avait mis à sa disposition deux consultants pour évaluer le niveau des services de son établissement et faire des recommandations. « À ce jour, je n’ai jamais eu une copie de leur rapport, comme on m’avait promis. Je souhaite améliorer mes services si besoin, mais encore faut-il savoir où le faire », se demande Sadhanand Jugessur. Cette année, il compte bien remettre sur les rails son ambitieux projet de reloger son établissement à La Vigie, afin de gagner en visibilité. « Je vais engager Rs 70 millions dans ce projet, mais il me faut un terrain. L’État a délivré des permis à beaucoup de sociétés, publiques et privées. Si le ministère du Tourisme et celui des PME veulent vraiment encourager les entrepreneurs mauriciens, il faut qu’ils le démontrent, sinon ils en resteront aux promesses », assène Sadhanand Jugessur.
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