Dinesh Somanah de l’université des Mascareignes : «Tous les cours devraient contenir un volet sur l’entrepreneuriat»

Le directeur général de l’Université des Mascareignes insiste sur le fait que même si un jeune n’envisage pas de devenir entrepreneur, il doit cependant avoir une connaissance de l’entrepreneuriat.

Le taux de chômage chez les jeunes diplômés est inquiétant. Qu’est-ce qui cause cette situation ?
Il y a un fossé entre les compétences acquises au cours des études universitaires et les exigences du marché de l’emploi. Il manque un élément d’entrepreneuriat dans tous les cours. Même si le jeune n’envisage pas de devenir entrepreneur, cela peut être une perspective de carrière. Par ailleurs, il y a un manque d’expertise dans de nombreux domaines  (par exemple, un manque d’ingénieurs). Cela peut être dans un secteur particulier selon les pays ou encore dépendant des régions. Donner une nouvelle dimension à la migration circulaire peut être une des solutions à envisager.

Selon la présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim, il est important d’avoir une approche concertée entre le secteur privé et les institutions d’enseignement supérieur pour pallier le problème de « mismatch » sur le marché du travail. Vos commentaires ?
Je suis entièrement d’accord avec la présidente. On le fait déjà à l’Université des Mascareignes. Nous avons besoin de plus d’interactions entre le secteur privé et les universités. Tout comme nous essayons de minimiser le décalage entre l’expérience et les compétences acquises à l’université et sur le marché de l’emploi, nous devons aussi veiller à ce qu’il n’y ait pas de discordance entre la plus grande partie de la recherche effectuée dans les universités et les besoins économiques du pays, y compris le secteur privé.

Parlez-nous de la stratégie mise en place par l’Université des Mascareignes pour réduire le fossé entre les compétences disponibles et ce que les employeurs demandent ?
Nous prenons au sérieux les suggestions du secteur privé et d’autres instances pour l’élaboration des programmes d’études. Les besoins du marché de l’emploi sont pris en compte pour décider du lancement des cours. À partir de la deuxième année, nous attaquons les spécificités de la formation professionnelle des étudiants. Il existe d’ailleurs une relation privilégiée entre les conférenciers à l’université et le secteur privé. à titre d’exemple, de nombreux projets de recherche des étudiants sont réalisés avec l’étroite collaboration du privé.

Dans quelle mesure l’université des Mascareignes se démarque-t-elle des autres institutions d’enseignement supérieur de Maurice ?
L’affiliation de l’Université des Mascareignes à l’Université de Limoges, en France, fait qu’à la fin de leurs études, les étudiants ont un double diplôme. Cela donne une ouverture internationale à l’Université des Mascareignes et sa population estudiantine. En outre, le caractère bilingue de tous nos cours permet une adaptation rapide aux systèmes étrangers.

Les cours prodigués ont nécessité une réflexion, car il est important de combler le fossé entre les diplômes et les demandes du marché de l’emploi. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec la Mauritius Export Association (Mexa) pour les dual training programmes, ce qui est presque l’équivalent du programme d’alternance en France et d’apprenticeship en Allemagne. L’étudiant a ainsi la possibilité de décrocher rapidement un emploi.

Maurice envisage de devenir une « Education Hub » dans la région. Cette vision est-elle réalisable ?
La vision est réalisable. Nous pouvons faire de Maurice une plaque tournante de l’éducation, principalement parce qu’il y a des compétences de normes internationales dans de nombreux domaines ici et aussi parmi la diaspora mauricienne. Comme je l’ai mentionné plus tôt, il y a un manque de diplômés dans de nombreux secteurs. Comme une Education Hub, nous sommes en mesure de former des étudiants étrangers dans les domaines où il y a un manque, par exemple, de techniciens et d’ingénieurs dans l’industrie aéronautique. Par ailleurs, le pourcentage d’étudiants étrangers à l’Université des Mascareignes augmente chaque année.