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Deven Anacootee, guéri de la Covid-19 : «À l’ENT, je m’étais conditionné au pire»

Deven Anacootee affirme que c’est la peur de mourir qui l’a poussé à suivre à la lettre les directives du médecin.

Conseiller du ministre de la Pêche, Deven Anacootee est un des patients Covid ayant été traités à l’ENT Hospital de Vacoas. Aujourd’hui guéri, ce père de famille reste marqué par ce qu’il a vu et vécu pendant son hospitalisation. Il souligne néanmoins que le personnel médical fait tout pour sauver des vies. 

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Le vendredi 19 novembre, le ministre de la Pêche et du Développement océanique, Sudheer Maudhoo, effectue un test rapide antigénique qui se révèle positif. Il rentre à son bureau, situé dans le LIC Building à Port-Louis, aux alentours de midi, et Deven Anacootee, Advisor on Information Matters, est la première personne à être informée que le ministre est positif à la Covid-19. 

Outre Deven Anacootee, il y a également le garde du corps du ministre, le secrétariat, la Word Processing Operator, la Confidential Secretary, un Management Supporting Officer et un Attendant. Sudheer Maudhoo s’auto-isole immédiatement, conformément au protocole sanitaire, et il est remplacé par le ministre Vikram Hurdoyal. Pendant ce temps, les officiers du ministère font le nécessaire pour accompagner la période d’intérim.

Positif au coronavirus

Peu de temps après, Deven Anacootee décide de se soumettre à un test rapide antigénique. Contrairement aux autres officiers du ministère, il est positif à la Covid-19. Le père de famille de 38 ans rentre tout de suite chez lui et s’auto-isole. Durant la soirée, il est en proie à de la fièvre, des courbatures et un mal de gorge. Le lendemain, son état de santé s’aggrave. Il est victime d’une inflammation des bronches. 

La Rapid Response Team du ministère de la Santé est sollicitée en urgence et un médecin de l’équipe recommande son transfert à l’hôpital ENT de Vacoas. « C’est la peur qui m’a poussé à suivre à la lettre les directives du médecin », confie Deven. Après son admission, il est soumis à une radio avant d’être placé sous oxygène en salle.

Traumatisme

Se décrivant comme une personne sensible, Deven Anacootee raconte qu’il a vécu une « expérience traumatisante » durant les quelques heures qui ont précédé son admission en salle. « J’ai vu des gens en train de mourir et j’ai été obligé de me retourner afin de ne pas assister à cette scène déchirante », se remémore-t-il. 

Il n’oubliera jamais le non-voyant qui « était en insuffisance respiratoire ». Ce patient, qui souffrait énormément sur son lit d’hôpital est décédé le lundi 22 novembre au matin. Moralement et physiquement affecté, Deven demande à être transféré dans une salle d’isolement. Il bénéficie aussi alors du soutien d’un psychiatre. « J’ai foi en dieu. Mais je m’étais conditionné au pire. À un moment donné, la mort a frôlé mon esprit. Surtout lorsque je constatais les décès autour de moi », dit-il. Vacciné depuis le 20 août, Deven Anacootee ne présentait aucune comorbidité. Il précise qu’il n’a pas été intubé au cours de son hospitalisation. 

Critiques

« J’ai été choqué en lisant certains posts sur Facebook. Des personnes associaient le terme ENT à ‘Enterre nou tou’. Je trouve que c’est une attitude antipatriotique. Kan ou al dan ENT, ou pa al laba pou mor, ou al laba pou geri ! Je vous rappelle qu’il y a beaucoup de patients qui guérissent à l’hôpital ENT. C’est malheureux de qualifier l’ENT d’abattoir. C’est le dernier hôpital construit dans le pays et il dispose de tous les services. Je suis convaincu que le gouvernement indien a eu raison de nous aider pour la construction de cet hôpital. Ou imazin ou, si pa ti ena ENT kouma ti pou tret sa bann dimoun la ? », demande Deven Anacootee. 

Le personnel hospitalier salué

Le conseiller du ministre de la Pêche remercie toutes les personnes qui l’ont soutenu dans ces moments difficiles. Il a reçu des messages de soutien du Premier ministre Pravind Jugnauth, du président de la République Pradeep Roopun, des ministres Sudheer Maudhoo, Renganaden Padayachy, Joe Lesjongard et Maneesh Gobin, du PPS Gilbert Bablee ainsi que des députés de la majorité et de l’opposition. « Je remercie également le personnel soignant de l’hôpital ENT, le Dr Sok Appadu, les médecins, les infirmiers (Tariq, Mungrah et Noorani) et le Health Care Assistant de l’établissement hospitalier. » 

Convalescence

Deven Anacootee confie que pendant son hospitalisation, son épouse, Vinela, a accouché de leur deuxième enfant. « Depuis ma sortie de l’hôpital, j’ai de légères courbatures et des migraines. Mais je prends toutes les précautions », fait-il comprendre. Son message à la population et aux personnes positives à la Covid-19 : « La vie, qui ne tient hélas qu’à un brin de fil, est très belle. Dieu vous aime. Vous avez un devoir. Je vous demande de continuer à lutter pour vivre. »

Sous perfusion et six médicaments par jour

Deven Anacootee a été placé sous perfusion pendant toute la durée de son séjour à l’hôpital de Vacoas. Son traitement se composait aussi d’un ensemble de médicaments administrés par injection. 

IV Nexium 40 mg : deux fois par jour

IV Dexa 6 mg : deux fois par jour

IV Rosephine 2 g : deux fois par jour

IV Remdisivir 100 mg : deux fois par jour

IV Perfalgan 1 g : deux fois par jour

S/C Lovenox 0,6 ml : deux fois par jour

Under IV NS : constamment (perfusion)


« La Covid-19 n’épargne personne »

« Quels que soient votre âge, votre appartenance ethnique ou votre religion, que vous soyez grand ou petit, que vous fassiez partie du gouvernement ou de l’opposition, vous êtes à risque. La Covid-19 n’épargne personne. Et il faut bien comprendre que le système ne peut pas être parfait. D’ailleurs, l’ambulance qui est venue me chercher à la maison n’était pas équipée d’appareils dernier cri. Mais à ce moment précis, mem enn kamion vinn pran ou, ou bizin rant pou al gagn ou tretman », souligne Deven Anacootee.

Décès de cinq frontliners 

Le personnel médical en deuil

Cinq frontliners sont décédés des suites de la Covid-19 en l’espace de dix jours. Ils auraient tous été contaminés sur leur lieu de travail. Le pédiatre Ashraf Ally Pooloo a rendu l’âme le mardi 30 novembre à l’hôpital ENT de Vacoas. Les infirmières Sangeeta Ramkissoon et Oomah Lallchand sont décédées le week-end dernier. L’ambulancier Rajesh Girwar est mort en début de semaine. Le Community Physician Sanjay Goorah, quant à lui, est décédé mercredi matin. Pour rappel, le Dr Bruno Cheong a été le premier frontliner mauricien à succomber à la Covid-19, le 27 avril 2020. 


Deux membres d’une famille testés positifs se confient : «Prenez bien votre traitement et buvez des tisanes»

Yashwanee Beegoo, 26 ans, domiciliée à Union-Park, a été testée positive à la Covid-19 le 8 novembre, suite à un test rapide antigénique effectué à domicile. Après s’être rendue à l’hôpital J. Nehru de Rose-Belle pour des soins, elle s’est auto-isolée. La jeune femme raconte qu’elle a été en proie à une forte fièvre les quatre jours suivants. Elle ne pouvait même plus se lever de son lit. Mais toutes les quatre heures, dit-elle, je prenais mes médicaments pour la toux, entre autres. « Je consommais systématiquement des tisanes à base de gingembre, des oranges et d’autres sources de vitamines C. J’ai commencé à avoir de la toux le 13 novembre. Mais j’ai bu tout ce qui était chaud. L’important, c’est de suivre le traitement jusqu’au bout », dit-elle.

Son père, Soodesh Beegoo, âgé de 55 ans, a été testé positif il y a environ trois semaines. Soit une semaine après sa fille. « J’ai fait le test rapide antigénique au dispensaire de Rose-Belle puis je me suis auto-isolé pendant 10 jours. J’ai eu mal à la gorge et j’avais de la fièvre. Je me soignais non seulement avec les médicaments de l’hôpital et de la pharmacie, mais également avec les tisanes faites maison. Au cas contraire, je suis presque sûr que mes poumons auraient lâché », dit-il. La Covid-19 a toutefois eu raison du frère de Soodesh Beegoo, Anand Rajcoomar Beegoo. Ce dernier est décédé jeudi matin à l’hôpital ENT de Vacoas.

 

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