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Des jumeaux, un seul métier

Avin et Amit Purmanund ont choisi d'investir dans la construction d'amont en aval.
Ils ne partagent pas uniquement les mêmes traits. Avin et Amit Purmanund vouent également une même passion pour le métier de ‘Quantity Surveyor’. Ces jumeaux, qui dirigent la société Buildnex, nous parlent des menaces qui planent sur les emplois au sein de leur firme et tout le secteur en général à cause d'une absence de contrats. Les frères Purmanund sont dépités. L'année dernière, leur société a perdu un contrat de Rs 1 milliard pour un projet hôtelier à Balaclava. « C'était un projet d'un groupe sud-africain. On avait déjà commencé la construction, mais cette mesure a tout remis en question. Ce qui nous étonne, c'est qu'aujourd'hui la hausse du nombre de touristes nécessite la relance de la construction d'hôtels. Or, entre-temps, nous avons perdu plus de Rs 200 000 », relatent les directeurs de Buildnex. C'est en 2004 qu'Avin et Amit Purmanund, de retour de l'université de Reading, au Royaume-Uni, et après quelques années de stage à Maurice, décident de monter leur société. « À l'époque, seuls quelques noms, comme Onseng-Goburdhun et Navin Hoolooman, sont connus dans le domaine. Le métier de ‘Quantity Surveyor’ était lui-même peu connu, son expansion étant liée au développement immobilier. Nous voulions, à tout prix, apprendre les méandres du métier avant de nous mettre à notre compte. Nous avons alors commencé à travailler à domicile », se souviennent-ils. Habitués à de gros projets complexes dès le début de leur carrière, ils n'éprouvent aucune difficulté à entreprendre la construction de résidences individuelles ou de villas. « Pourtant, la pression est plus forte, car les clients sont exigeants », confient-ils. En 2012, lorsqu'ils prennent leurs quartiers dans des bureaux non loin de la gare du Nord, leur réputation n'est plus à faire. « Pendant plus de dix ans, on a appris tous les aspects du métier de Quantity Surveyor, de la dimension technique à l'aspect légal, en passant par l'examen et l'usage de différents types de matériaux liés à la construction. »

Relations durables

Plutôt que de se fier uniquement à leurs compétences, Avin et Amit Purmanund ont choisi d'investir dans la construction d'amont en aval. « Nous livrons des immeubles clés en main. Nous employons d'autres Quantity Surveyors. Le métier dépend énormément de la situation économique du pays, des projets dans l'immobilier et de leurs dimensions, entre autres. Le marché est très concurrentiel. Mais il faut se battre sur le rapport qualité/prix et également entretenir ses relations avec les fournisseurs de matériaux. Il faut, en somme, négocier et créer des relations durables de travail. » En parlant des contrats conclus avec des étrangers, les frères Purmanund affichent la prudence. « On croit, à tort, que les promoteurs européens sont tous fiables. Il arrive que certains de leurs projets s'arrêtent en cours de route parce qu'ils sont à court d'argent. Deux ans de cela, il y a eu de mauvaises expériences avec des Français sur des projets RES. »

Projets chinois

Depuis l’année dernière, l’ensemble du secteur de la construction, des compagnies aux quincaillers, en passant par des maîtres de chantiers, est affecté par une récession qui ne dit pas son nom. « Les commandes se sont taries. Cette année n’annonce rien de bon. Elle a commencé de la même façon que l’année dernière. À ce jour, il n’existe aucun projet concret dans la construction. » Lorsqu’on leur parle des projets chinois, Avin et Amit Purmanund disent ironiquement : « Les promoteurs viennent avec leurs ouvriers, leurs équipements, et même leurs marteaux et leurs clous. Tous leurs contrats contiennent des clauses contraignantes. Ils sont d’accord pour construire des infrastructures, mais selon leurs conditions et à leur rythme. En fait, à y regarder de près, leurs projets ne contribuent même pas à résorber le chômage. Aucun yuan n'entre dans les caisses de l’État mauricien. C’est la même stratégie qu’ils mettent en œuvre en Afrique. Résultat : rien n’est laissé aux contracteurs mauriciens.» La fermeture de l’entreprise Super Construction, un sous-traitant de grade A qui, dans le jargon de la construction signifie qu’elle livre des immeubles clés en main, est une indication de la mauvaise pente qu'a pris le secteur du bâtiment depuis ces derniers mois. « Ce sont quelque 1 000 emplois qui sont menacés », s’inquiète Amit Purmanund. « Chez nous, ce n’est guère mieux. Nous avons une centaine de salariés, dont une quarantaine affectés à l’administration et le reste sur des chantiers. Le gouvernement a une véritable obligation de créer des emplois. Sinon on va droit dans le mur, avec une véritable crise sociale. Mais l’État est lui-même endetté et les institutions de Bretton Woods nous ont demandés de réduire notre dette publique. C’est un véritable casse-tête. »
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