Les Casernes centrales de Port-Louis seraient le centre nerveux de l’espionnage téléphonique à Maurice. Des appareils hautement performants originaires d’Israël, gérés par le service de renseignements, sont opérationnels depuis environ huit ans. Ces outils d’espionnage, actifs grâce aux réseaux téléphoniques, visent officiellement à surveiller les mouvements des supposés terroristes mais ils seraient couramment utilisés pour traquer les opposants du gouvernement du jour.
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Les opérateurs de téléphonie mobile, approchés par Le Défi Plus, sont été réticents à dévoiler leurs implications dans la mise en opération des appareils d’espionnage utilisés par le service de renseignements.
Les conditions attachées à leurs permis d’opération stipulent qu’ils sont les fournisseurs de ce service mis à la disposition de la force policière dans le but d’espionner les individus soupçonnés de nuire à l’Etat.
Ce sont les informaticiens de la force policière, basés aux Casernes centrales, qui sont responsables du centre nerveux de l’espionnage téléphonique. Il y aurait un système « d'échanges parallèles avec des fibres optiques connectées au service de la téléphonie qui est opérationnel aux Casernes centrales ». Le tout est connecté aux capteurs plantés sur la montagne des Signaux. Des hauts gradés, basés aux Casernes centrales, expliquent : « Il y a environ dix ans, des Israéliens ont été approchés pour une présentation des appareils servant à l’espionnage des individus par voie téléphonique. La fabrication des appareils a été faite sur mesure, soit conformément à la fréquence de Maurice. C’est ce qui est actuellement utilisé actuellement pour intercepter des appels téléphoniques. Dans la pratique, les appareils d’espionnage interceptent tout ce qui passe par fil et dans l’air, peu importe le réseau disponible (GSM, entre autres). Le mode opératoire est différent pour les appels étrangers. L’appareil intercepte uniquement les informations sortantes. »
Des ex-hauts gradés approchés par Le Défi Plus, précisent : « Lorsque vos téléphones, qui sont sur écoute, sont éteints et que vous vous trouvez quelque part, un signal est émis à l’appareil d’espionnage. Une fois vos cellulaires allumés, l’enregistrement reprend normalement. Même l’heure qui figure sur l’indicatif de l’appareil est exacte ! » Ils confirment également l’acquisition d’appareils visant à brouiller des appels téléphoniques. Ces outils d’espionnage « très coûteux », selon nos interlocuteurs, seraient opérationnels. « De tels appareils, qui peuvent intercepter, ont la capacité de ‘take over from a repeater station’. Si vous êtes sur la liste rouge de la police, peu importe où vous êtes, vous vous ferez repérer par les stations de relais qui sont opérationnelles dans le coin. Les appels téléphoniques sont aussitôt interceptés et les informations décryptées », affirment-ils.
Pour rappel, il existe deux cellules de renseignements à Maurice : la Counter Terrorism Unit (CTU) et le National Security Services. Le CTU est, officiellement au National Security Services (NSS) mais est dirigée par le bureau du Premier ministre (PMO). D’ailleurs, selon des recoupements, il n’y aurait « aucun échange d’information et aucune ligne de communication » entre les deux unités de renseignements qui ont pour but d’assurer « la sécurité de l’État ». Même le directeur du NSS n’aurait « aucune emprise » sur cette équipe.
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