L’enquête débute à peine mais la police criminelle de Port-Louis Nord en est déjà à sa septième arrestation. Un réseau de faux permis de conduire, basé à Pamplemousses, a été démantelé. Quinze faux documents ont été saisis.
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Du papier bristol, une série de photos, des numéros de séries, 15 faux permis, des ordinateurs et une imprimante... C'est ce qu'a découvert la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis en mettant à jour un réseau de faux permis de conduire. Dans la journée du jeudi 8 février, ses opérations ont abouti à sept arrestations.
Ce sont les habitants du Nord qui ont mis la puce à l’oreille de certains policiers la semaine dernière. Ils leur ont dit que deux individus fabriquaient de faux permis de conduire et qu’ils les vendaient pour des milliers de roupies. Ces deux habitants de Mapou ont été arrêtés en premier lieu avant de divulguer les noms de leurs complices.
Le premier suspect, Sooben Marday Chelemben, un jardinier de 41 ans, habitant Mapou, a balancé le nom de son présumé complice, Kovilen Chelemben, 19 ans, un résident de la même localité. Lors de leur interrogatoire au bureau de la CID de Port-Louis Nord, les deux ont avoué leur implication dans le trafic de faux permis. Ils ont donné le nom de plusieurs suspects et ont expliqué comment ils procédaient. Durant la semaine écoulée, les enquêteurs de la CID, sous la houlette du SP Sam Bansoodeb, ont multiplié les descentes dans différents endroits, dont à Amaury.
Dans la matinée du vendredi 9 février, quatre suspects ont été arrêtés dans le sillage du démantèlement de ce réseau de faux permis de conduire. C’était lors d’une opération effectuée par les hommes du Surintendant de Police (SP) Sam Bansoodeb, de l’Assistant Surintendant de Police (ASP) Kailash Dussoye et du sergent Gujadhur de la CID de Port-Louis Nord. Les suspects sont Pyrénéen Curpen, 55 ans, Runghun Govinden, 53 ans, Sanjay Rampertab, 39 ans ainsi que Ravi et Poorun Doorgachun. L’épouse de ce dernier, Sangeeta Doorgachun, a également été interpellée pour être interrogée.
Trois des présumés suspects sont déjà derrière les barreaux après avoir avoué en partie leur participation. Ils répondront tous à des accusations provisoires de « forgery » et de complot devant la justice. Des charges de « Computer Misuse » pourraient également être retenues contre certains des suspects.
Lors des interrogatoires, les enquêteurs ont établi l’existence d’un réseau qui se serait spécialisé dans la fabrication de faux documents de la Traffic Branch. Selon les renseignements obtenus par la police, les membres du réseau auraient sévi dans plusieurs endroits. Les enquêteurs ont également établi que les personnes qui utilisent ces faux permis de conduire circulent à bord de différents véhicules afin d’éviter de se faire coincer.
Arrestations en 2016
Août 2016. La police criminelle de Port-Louis Sud procède à deux arrestations. Mudashir Gurreebun et Avinash Ampledy AnthiIya sont soupçonnés d’avoir fabriqué des faux permis. Ils vendaient un permis de motocyclette et de voiture contre Rs 5 000 alors que pour un faux permis pour camion ou autobus, il fallait débourser Rs 7 000.
La CID de Port-Louis Nord avait arrêté Mujahid Bin Hussein Rassool, Muhammad Wassim Dustageer, Yousouf Ally Jeeraz et Aftab Ally Jeeraz en septembre 2015 après avoir saisi des vignettes appartenant à des compagnies d’assurance, un permis de conduire international, la carte d’identité d’une personne décédée, un ordinateur, un laptop et un scanner, entre autres. Les policiers soupçonnaient ces personnes d’être impliquées dans un réseau de faux permis de conduire.
Descentes multipliées
Dans la journée de vendredi, les descentes se sont multipliées et les déclarations de certains suspects étaient passées au crible. Les enquêteurs s'intéressent également aux ordinateurs et téléphones cellulaires des suspects. La police compte procéder à l’interpellation de plusieurs autres personnes, notamment les utilisateurs des faux permis de conduire. Au total, ils seraient plus d’une cinquantaine.
Trafic de permis de conduire : le mode opératoire
Dans certains cas, les malfrats faisaient croire à leurs « clients » qu’ils pouvaient se procurer de vrais permis de conduire en remettant leur carte d’identité. Après environ une heure, le rendez-vous est pris avec le « client » dans les environs des Casernes centrales. Le document est fabriqué dans une salle dotée d’un scanner et d’un ordinateur. Les malfrats comptent parmi eux un expert en logiciel d’illustration qui fait un montage parfait calqué sur un permis de conduire. Un quart d’heure suffit amplement. Ensuite, contre un paiement d’un montant de Rs 3 000 à Rs 10 000, les malfrats remettent le faux permis aux demandeurs.
Un utilisateur de faux permis : « Mo mem monn fer li »
« Mo mem monn fer li. » C’est ce que nous lâche un utilisateur de faux permis qui s’est confié au Défi Plus. Il explique que la fabrication d’un faux permis de conduire est simple si on s’y connait en logiciel informatique et que l’on dispose des outils essentiels. « C’est illégal mais je l’ai déjà fait dans le passé », affirme cet habitant de la capitale. Notre interlocuteur ajoute qu’il s’était adonné à cette pratique illégale car il avait égaré son permis.
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