Société

Dégradation des valeurs familiales: À qui la faute ?

La Journée internationale de la famille sera célébrée le dimanche 15 mai. L’heure est à la réflexion sur les raisons qui mènent vers l’effritement des valeurs familiales. Les familles mauriciennes sont en crise. Comment remédier à la situation ? «Nou sosyete pe al ver la deriv. » Ce sont les propos du Premier ministre, le 20 avril dernier, à la troisième consultation pré-budgétaire de l’année. Sir Anerood Jugnauth rencontrait ce jour-là, les divers représentants de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG).  Ces propos, direz-vous, n’ont rien de nouveau car nous sommes tous conscients des dangers qui guettent et fragilisent la famille, dégradant ainsi les valeurs familiales. Quant aux parents, ils sont pour la plupart dépassés par les événements, comme nous le raconte Jamila Ramoolun, 45 ans et mère de trois enfants. « J’ai grandi dans une famille très stricte. Mes parents avaient su instaurer une discipline qu’aucun des enfants n’osait remettre en question. Quand je suis devenue mère, j’ai fait exactement comme eux, mais cela n’a pas fonctionné. Je ne saurais vous dire où est-ce que j’ai fauté. » Pour la psychologue Véronique Wan Hok Chee, tout cela relève de « l’évolution de la société ». Elle explique que les valeurs familiales se perdent chez les jeunes et les enfants parce qu’ils n’ont pas assez d’accompagnement. « On s’attend parfois que les enfants deviennent de bons citoyens quand on leur inculque des valeurs à l’école. Certes, c’est important, mais malheureusement ce sont les parents qui sont d’abord responsables d’enseigner ces mêmes valeurs. » Véronique Wan Hok Chee constate que de nos jours, les enfants et les jeunes sont livrés à eux-mêmes et que ce n’est pas de leur faute. Les parents travaillent et ont des aspirations professionnelles, des projets individuels. Ils font face à de nombreuses exigences et ont très peu de temps à consacrer aux enfants. Malheureusement, ces jeunes sont pour la plupart en manque de repères. Ainsi se tournent-ils vers d’autres jeunes qui sont autour d’eux et qui, parfois, ne sont pas de bons éclaireurs. Et d’ajouter: « La technologie n’arrange pas les choses. Sans un contrôle parental bien plus exigeant, il est difficile de savoir si les enfants sont exposés à de bonnes choses. » Entretemps, la société civile et toutes les institutions travaillent de concert pour faire en sorte que ces valeurs familiales ne disparaissent à jamais. Avec 370 700 familles dans la République de Maurice (voir infographie), cette situation n’est pas un problème de l’État ou de quelques organisations, elle nous concerne tous. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"16427","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-27739","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"475","alt":"Famille"}}]] [row custom_class=""][/row]

Ils ont dit…

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Sir Anerood Jugnauth, Premier ministre

« Certains problèmes dans notre société devraient tous nous interpeller : la drogue, l’alcoolisme, la délinquance, la violence, l’intolérance, le divorce, l’immoralité et les crimes qui deviennent de plus en plus atroces.  Il n’y a plus aucun contrôle sur les jeunes. Il faut cesser avec ces vols avec effraction, les actes de barbarie et les crimes. Je pense qu’il faudrait utiliser plus la technologie pour assurer une meilleure surveillance et éliminer le temps de réaction en cas de crimes, vols ou agressions dans les lieux publics. »

Ameenah Gurib-Fakim, Présidente de la République

« Chaque famille est responsable de la dégradation des valeurs familiales, puisque c’est nous tous qui composons la société et il faudrait que chaque famille se décide à changer cette donne. Aujourd’hui, l’industrialisation et la mondialisation sont quelque peu responsables de cette décadence. Il faut pouvoir consacrer du temps à nos enfants, être à l’écoute. Le dialogue est très important pour les comprendre et mieux les encadrer, tout en sachant instaurer la discipline. »

Aurore Perraud, ministre de l’Égalité du Genre

« Il faut savoir reconnaître les difficultés que rencontrent les familles, amener à une prise de conscience individuelle et collective, puis trouver ensemble des moyens de promouvoir les valeurs familiales. C’est ainsi que nous allons éviter l’éclatement familial. Il ne faut pas nier que les familles passent en ce moment par des crises, des moments très difficiles. La famille est un pilier important pour les enfants et les problèmes qui surgissent au sein de la famille sont ceux qui se reflèteront sur les maux de la société, que ce soit pour la violence domestique ou la maltraitance des enfants, par exemple. Il faut pouvoir sensibiliser les parents avant tout pour qu’ils ne démissionnent pas de leurs responsabilités. »
 

Conférence sur la famille

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"16435","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-27748","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Mgr Maurice E. Piat"}}]] À une conférence sur la famille au collège Saint-Joseph, le 22 avril dernier, Mgr Maurice E. Piat a précisé : « Les familles sont une source d’espérance parce que malgré de nombreux signes de crise, le désir de famille reste vif chez les jeunes. Ce désir, cette recherche des valeurs familiales qui traverse l’existence humaine vient du fait que la soif la plus profonde du cœur humain, c’est d’être aimé gratuitement. »   En effet, le pape reconnaît qu’« un des défis fondamentaux auquel doivent faire face les familles aujourd’hui est à coup sûr celui de l’éducation, rendue plus exigeante et complexe en raison de la situation culturelle actuelle et de la grande influence des médias ». L’éducation intégrale des enfants est à la fois un « grave devoir » et un « droit primordial » des parents. Cela ne constitue non seulement une charge ou un poids, mais aussi un droit essentiel et irremplaçable qu’ils sont appelés à défendre et dont personne ne devrait prétendre les priver. L’État offre un service éducatif de manière subsidiaire, en accompagnant la responsabilité que les parents ne sauraient déléguer ; ils ont le droit de pouvoir choisir librement le genre d’éducation — accessible et de qualité — qu’ils veulent donner à leurs enfants selon leurs convictions. L’école ne se substitue pas aux parents. mais leur vient en aide. C’est un principe de base. « Toutes les autres personnes qui prennent part au processus éducatif ne peuvent agir qu’au nom des parents, avec leur consentement et même, dans une certaine mesure, parce qu’ils en ont été chargés par eux. » « La famille doit s’interroger sur ce à quoi les enfants sont exposés, à quoi elle veut exposer ses enfants, d’où s’interroger sur leurs loisirs. S’interroger aussi sur qui ils les confient, sur ce qui rentre dans leur chambre à travers les écrans, d’où prendre du temps pour parler simplement et avec affection des choses importantes de la vie depuis très tôt, d’où être vigilants et jamais abandonner les enfants à leur seule inspiration », a expliqué le pape.   Et de souligner que les enfants doivent croire que leurs parents sont dignes de confiance. Les enfants feront confiance sur le court terme ou sur le long terme, si les parents ne disent non seulement « ce qu’il faut faire », mais témoignent aussi « pourquoi ils agissent comme cela » et ne cherchent pas à se présenter comme des personnes parfaites, mais comme celles qui ont leurs limites, leurs faiblesses et qui luttent comme tout le monde. Si les parents donnent l’impression aux enfants qu’ils sont précieux au-delà de tout, qu’ils ne sont pas là pour redorer le blason de la famille ou pour flatter l’ambition des parents, qu’ils sont là pour être aimés, qu’ils sont patients, donnent du temps aux enfants et sont disposés à les accompagner.
 

Quand la société civile se mobilise

Action Familiale mise sur la formation La directrice de l’association Pascale Gouges souligne que pour connaître les raisons qui expliquent la dégradation des valeurs familiales, dont nous sommes tous victimes, il faudrait s’attarder sur la famille et son nouveau mode de fonctionnement. « Aujourd’hui, la famille se retrouve rarement autour d’un repas qui est très important pour sa construction. » Ainsi Action Familiale propose les formations suivantes :
  • Une dizaine d’éducatrices assurent des sessions de formation dans les écoles. Ces sessions se font en 5 modules et englobent divers thèmes tels l’amour, la sexualité, l’estime de soi, le respect de soi et des autres.
  • Formation pour les couples, afin de les accompagner et leur donner les outils nécessaires pour encourager le dialogue et l’écoute. Ils bénéficient d’un soutien et d’un accompagnement continu. En parallèle, des sessions de prévention de la violence domestique sont également proposées, afin d’apprendre à se parler et de ne pas en venir à la violence.
  • Formation et accompagnement des parents.
CommunicActions: apprendre à gérer les conflits ‘CommunicActions’ est une autre association qui mise sur la formation du public en vue de promouvoir les valeurs familiales. Georgina Corson, formatrice de cette association, nous explique que des cours sont destinés au grand public pour faciliter la gestion des conflits. « Nous utilisons la méthode CRITERE qui est adaptée à tout public, avec un langage adapté selon nos cibles. Les cours publics sont organisés à Rose-Hill et les gens peuvent s’inscrire après avoir pris connaissance de nos annonces. Nous participons également à de nombreux projets sociaux avec différentes fondations et donnons des cours aux membres des ONG. Toutes ces formations sont très importantes car elles permettent d’avoir des outils pour mieux gérer ses relations. » Georgina Corson ajoute : « Il y a beaucoup de difficultés à vivre les valeurs familiales, des pressions qui amènent les parents à peiner à trouver un temps de qualité avec leurs enfants. On voit le désir de certains parents de pouvoir transmettre des valeurs et donner une bonne éducation, tout en ayant une bonne autorité, mais ils sont tous à la recherche d’outils nécessaires. Je pense également qu’il faudrait sensibiliser les employeurs pour qu’ils fassent assez de place pour la vie de famille. Il est aussi important de continuer avec des cours de préparation de mariage et d’aider les couples qui ont des projets communs. »
 

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