Législatives 2019

Décryptage : le sprint final

Ce soir, le rideau se referme sur la campagne électorale. La majorité des électeurs a déjà pris sa décision qui sera cristallisée le jeudi 7 novembre dans l’isoloir. Vendredi après-midi, on sera fixé sur l’avenir qu’ils ont tracé avec leur bulletin de vote. 

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Il ne reste que cette journée de mercredi aux candidats des principaux partis pour tenter de conquérir les derniers votes prenables. Ce sera un sprint à la Usain Bolt, surtout dans les circonscriptions étendues. Les candidats avisés ont déjà une idée de leurs chances et de celles de leurs colistiers. Mais même ceux qui sont certains d’une victoire ne dormiront pas sur leurs deux oreilles ce soir. Dans une lutte à trois qui se joue dans un mouchoir de poche, aucun candidat n’osera laisser le moindre vote lui glisser entre les doigts en baissant la garde. Car il risquerait de le regretter amèrement durant les cinq années à venir. 

Ceux qui sont en ballotage défavorable redoubleront d’efforts pour essayer d’être parmi le trio de tête. Carburant à l’énergie du désespoir, d’autres mouilleront la chemise, avec pour objectif de pulvériser le record d’Usain Bolt. En d’autres mots, ils essaieront de coiffer au poteau les favoris pour pouvoir s’adjuger le titre très convoité d’« Honorable Member » qui est assorti d’un bouquet de privilèges. Et à la clé la possibilité de se voir gratifier un maroquin ministériel. Cela revient à mettre la cerise sur le gâteau de la victoire. 

La politique est le seul domaine où on n’a pas besoin de formation ou d’expérience pour devenir ministre à Maurice. Pis, l’allocation des portefeuilles ministériels ne se fait pas en fonction de son bagage académique ou professionnel, mais en fonction de son statut dans la hiérarchie du parti, de sa religion ou de sa caste. C’est une des raisons principales pour lesquelles un certain nombre de ministres ne reçoit pas d’investiture au terme de chaque mandat. Une autre raison étant les abus. 

Au bout d’un mois de campagne durant laquelle ils ont été en contact avec la population, les candidats – surtout les néophytes – sont nombreux à avoir observé que les politiciens au sens large ont perdu en crédibilité aux yeux du public. Le baptême du feu des nouveaux venus se fait dans une arène politique minée par des « #Gates ». Lors des porte-à-porte, ils perçoivent le cynisme de la population à leur égard. 

Il y a deux explications plausibles à cette attitude envers eux. Primo, elle en a marre des séances de « zet labou » qui révèlent, dans la foulée, les dérives de nombreux politiciens – sous le dernier gouvernement et le précédent – lorsqu’ils sont au pouvoir. Parmi : un contrat juteux à la copine et à la fille d’une VVIP, la nomination de proches au sein d’organismes parapublics… Au bout du compte, le mot « politicien » finit par être associé à népotisme, passe-droit, malversation, fraude, corruption et abus. 

Secundo, ces électeurs sont persuadés que les politiciens ne s’intéressent à eux que pour leurs votes et qu’ils les ignoreront sans gêne ensuite. D’où ce sentiment que leurs votes ne peuvent pas changer positivement le cours des événements. 

Du coup, pas mal d’électeurs ont développé une aversion pour la mécanique bien huilée du système politique qui profite à « very few at the expense of the population at large ». Ils ont de plus en plus l’impression que les politiciens n’ont à cœur que leurs propres intérêts et pas le bien-être de la population.

La campagne électorale aurait été plus facile pour les politiciens s’ils avaient su répondre aux aspirations de leurs mandants. Et surtout s’ils ne les avaient pas « taken for granted » pour, au final, être contraints de courber l’échine devant eux pour mendier des votes. 

L’heure de vérité sonnera jeudi.

 

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