Si la réforme électorale était votée à l’Assemblée nationale et la loi promulguée, tous les grands partis présenteraient au minimum 20 femmes sur leur liste de candidats. Soit une candidate par circonscription. Ce serait une obligation incontournable ! Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger l’auraient fait de force. Entendez par là contre leur gré, car s’ils étaient vraiment animés par une volonté ferme et sincère de faire la place à plus de femmes, ils auraient accordé des investitures à 20 femmes, pas seulement à 12. Soit 20 %, contre 33,3 %. Cette attitude dépasse de loin la mauvaise foi. Elle frise l’arnaque à l’égard des femmes.
Huit femmes en moins, c’est vraiment beaucoup. Faut-il attendre la réforme électorale pour accélérer l’avancement de la parité hommes-femmes dans la vie politique ? Qu’on se le dise, cette arnaque aura un effet domino préjudiciable aux Mauriciennes. Avec 12 candidates au lieu de 20, il y aura moins de femmes élues et par ricochet, moins de Parliamentary Permanent Secretaries et moins de femmes ministres.
Avec 20 % de femmes en lice, Maurice restera en dessous de la moyenne mondiale. Selon le rapport « Femmes en politique : 2019 » de l’ONU Femmes et l’Union interparlementaire, en janvier 2019, les femmes n’occupaient que 24,3 % des sièges parlementaires à travers le monde et 20,7 % des postes ministériels. À Maurice, le nombre record de femmes élues aux législatives est de 11, ce qui représente 16 %. C’était aux élections de 2005. Cependant, le nombre record de femmes siégeant au Parlement est, lui, de 13 (10 élues et trois Best Losers), soit 18,5 %. C’était aux législatives de 2010.
Les femmes sont le plus grand réservoir inexploité de talents au monde. »
Si Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger avaient une volonté ferme de progresser vers la parité hommes-femmes dans la vie politique, ils auraient démarré la préparation de leur liste de candidats en faisant de la place, en priorité, à 20 femmes. Aucune excuse n’est permise… Surtout pas celle d’un manque de femmes désireuses de se jeter dans l’océan de la politique. Pas mal de femmes ont été privées d’investiture. Pourtant, le nombre de candidates aux élections générales est en hausse. Il est passé d’une soixantaine aux élections précédentes à un chiffre record de 125 en 2014.
La participation active de la femme en politique est considérée comme étant vitale par les institutions internationales sur la question de la démocratie et de la corruption. Il a été démontré que « plus il y a de femmes dans les arènes politiques nationale et locale, plus la corruption est réduite ». Une analyse de données émanant de 125 pays a mis en exergue le lien direct qui existe entre la corruption et la représentation des femmes en politique. Chandan Jha (Le Moyne College, New York) et Sudipta Sarangi (Virginia Tech, Blacksburg), dont les recherches ont été publiées dans la revue scientifique « Journal of Economic Behavior & Organization », affirment ceci : « Moins de corruption c’est la conséquence et non la cause de plus de femmes en politique. » Que nos leaders s’inspirent de cette citation de Hillary Clinton : « Les femmes sont le plus grand réservoir inexploité de talents au monde. »
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