Décryptage : des économistes évoquent un Budget «socialiste»

Que pensent les économistes du quatrième Budget de Renganaden Padayachy ? Que retiennent-ils comme mesure phare et pourquoi ? Réactions…

Dr Chandan Jankee : « La part belle au social » 

Pour le Dr Chandan Jankee, la reprise économique a donné une certaine confiance au ministre des Finances et au gouvernement pour faire la part belle au social dans le Budget. « Certaines mesures aideront à alléger le fardeau de l’inflation et à améliorer la qualité de vie de la population en général », soutient-il.

Amit Bakhirta : « Un Budget gauchiste » 

« Gauchiste ». C’est le terme utilisé par Amit Bakhirta pour qualifier le Budget 2023-24 de Renganaden Padayachy. « Contrairement au précédent Budget, inflationniste, ce Budget ‘socialiste’ pourrait être légèrement désinflationniste », soutient notre interlocuteur. Cependant, poursuit-il, il manque l’élément de consolidation qui aurait donné une impulsion au renforcement de la roupie. « Et donc, l’impact désinflationniste est susceptible d’être atténué en raison de la pression continue sur la devise », souligne-t-il. 

Azad Jeetun : « Un mauvais signal envoyé au peuple comme quoi ce n’est pas nécessaire de travailler dur » 

Le Budget 2023-24 est dans la même ligne que les précédents exercices de Renganaden Padayachy, avance Azad Jeetun. « C’est toujours les aides sociales qui prédominent. Et l’économie est reléguée au second plan », soutient-il. Cependant, l’économiste note qu’il y a quand même un effort pour améliorer le système fiscal, « quoi que peut-être ce n’est pas suffisant ». Autre constat : il trouve « très préoccupant » qu’il n’y ait pas de lien entre l’effort et la récompense. « En d’autres mots, ce n’est pas la productivité qui détermine la rémunération. C’est un mauvais signal qu’on envoie au peuple comme quoi ce n’est pas nécessaire de travailler dur », conclut Azad Jeetun.

Pierre Dinan : « Les ‘cadeaux’ continuent » 

« Le ministre des Finances a donné quelques chiffres sur la situation économique du pays, mais il n’a fait aucune référence à nos réserves en devises étrangères. Or, cela touche à une faiblesse de notre économie, soit le fait que nous importons trop et que nous n’exportons pas assez », commente Pierre Dinan. S’il se dit « heureux » que Renganaden Padayachy ait abordé l’agriculture et l’élevage, il dit « regretter » qu’il n’y ait rien sur l’exploitation de notre espace maritime. Il salue, cependant, les mesures liées aux enfants malades ou encore les projets dans le domaine de l’art et de la culture, qui est, précise-t-il, un sous-secteur de notre tourisme. Et de conclure : « On peut aussi remercier le ministre de nous avoir fait faire deux tours de l’île à travers tous ces lieux qui vont être rénovés et protégés des inondations. C’est devenu son habitude, il l’avait fait l’an dernier ! »