Le tant redouté COVID-19 a fini par frapper Maurice, et ce d’une manière à laquelle on ne s’attendait pas. D’entrée de jeu, on nous annonce mercredi soir que trois Mauriciens venant de l’étranger ont contracté le virus. Une onde de choc traverse le pays. Nombre de Mauriciens passent une nuit blanche. Les images vues et revues de l’angoisse prévalant dans les pays touchés reviennent en boucle dans leur esprit.
Jeudi matin, la plupart des Mauriciens ont les traits tirés, des cernes et un teint blafard, preuve de la crainte engendrée par la nouvelle annoncée la veille. Jeudi soir, la peur monte d’un cran lorsque le Premier ministre, Pravind Jugnauth, révèle à la nation que quatre nouveaux cas ont été détectés, portant le total à sept.
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Il ne faut pas être sorcier pour prédire l’effet multiplicateur. À hier, le bilan de 12. Même la personne la plus optimiste sait parfaitement bien que l’heure est grave. Nombre de Mauriciens savent que le risque que le nombre de cas augmente et qu’il y ait des victimes est réel. C’est un fait. Nous sommes au début d’un cycle que certains qualifient d’infernal vu qu’il a la capacité de garder tout un pays en haleine, et ce pendant un bon moment. La Chine, par exemple, a subi les frasques du virus pendant plus de trois mois.
Fort de ce qu’ont vécu d’autres pays touchés de plein fouet par le COVID-19, le gouvernement mauricien a décidé d’instaurer le confinement national. Si l’heure n’était pas grave, il n’aurait jamais mis en arrêt les activités qui auront de lourdes conséquences sur les entreprises et sur l’économie du pays, comme soulignent les économistes Pramode Jaddoo et Sanjay Matadeen en page 12. Cette décision coûtera à l’État plus de Rs 10 milliards en termes d’aides aux entreprises et aux principaux secteurs de notre économie.
Le coronavirus est là et il faut vivre avec. (Les conseils de Dr Sumayyah Hosany en page 11). Mais la balle est dans le camp de la population. C’est elle qui pourra influer sur ce cycle, notamment à travers son comportement. Si elle respecte le confinement au pied de la lettre et qu’elle ne fait pas de compromis sur l’hygiène, la courbe pourrait ne pas être exponentielle. A contrario, le cycle pourrait devenir infernal si certains se croient invincibles et ne suivent pas les consignes des autorités, pensant qu’ils peuvent braver « cet ennemi invisible ». Ce faisant, ils ne feront que contribuer à propager le virus.
Le constat du premier jour de confinement est peu réjouissant, comme en témoignent nos reportages en pages 10 et 19. Dans certaines régions, c’était business as usual. Des gens vaquaient à leurs occupations sans empressement, comme si c’était un dimanche. Des marchands de gato et de roti opérant sur les trottoirs n’étaient pas inquiétés par la police. La circulation dans certaines rues de la capitale était même dense de 9 heures à midi. Comme dirait l’Anglais, l’impunité des autorités « defeat the purpuse of national lockdown ». C’est vrai qu’il y a des contrôles routiers par la police çà et là, mais il faut une vigilance plus accrue dans certaines régions.
Le confinement ne doit pas être pris comme un emprisonnement. L’autre face de la médaille est très reluisante. D’une part, c’est l’occasion pour la majorité des Mauriciens de se reposer. Cela n’inclut bien entendu pas les chefs d’entreprise et les self-employed pour qui le stress doit être à son apogée.
D’autre part, c’est une occasion en or pour resserrer des liens familiaux. Et pourquoi pas consacrer ce temps à apporter un coup de neuf à la maison ou encore faire du nettoyage, du jardinage ou de la lecture. Le confinement doit être vu comme l’occasion de faire en sorte que la positivité prenne le pas sur la négativité. D’où l’impératif d’être responsable en respectant ce lockdown dont la durée dépendra en partie de notre comportement à tous.
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