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De la récupération à la création : Nirmal Hurry, artiste engagé dans l’écologie

Le bateau est fabriqué à partir d'objets recyclés. Nirmal Hurry pratique l'art depuis plus de 35 ans.
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Depuis le 4 décembre dernier, une installation artistique unique prend place dans le lagon d'Anse-La-Raie. Il s'agit d'un bateau singulier, réalisé entièrement en plastique, une œuvre conçue par l'artiste Nirmal Hurry. L'objectif de cette création est de sensibiliser les Mauriciens sur l'importance de préserver un environnement propre, exempt de plastique.

L'artiste souhaite embellir son village avec des œuvres d'art.
L'artiste souhaite embellir son village avec des œuvres d'art.

Le bateau façonné par l'artiste Nirmal Hurry capte l'attention par ses dimensions imposantes, mesurant 5 mètres de long sur 1 mètre 50 de large. Il a été fabriqué à partir de plus d'un millier de bouteilles en plastique collectées sur les plages d'Anse-La-Raie et de Cap-Malheureux pendant trois mois. 

« J'ai commencé à ramasser des bouteilles en plastique depuis août dernier. J'ai rassemblé plus d'un millier de ces bouteilles pour créer un bateau en plastique. L'objectif est de sensibiliser les Mauriciens à l'utilisation du plastique. Aujourd'hui, l'écologie est menacée, principalement en raison des effets néfastes du plastique sur notre environnement, mettant en danger nos écosystèmes terrestres et marins », confie Nirmal Hurry.

Il flottera dans le lagon d’Anse-La-Raie pendant encore deux mois.
Il flottera dans le lagon d’Anse-La-Raie pendant encore deux mois.

Selon le sculpteur de 62 ans, pour faire face à cette crise, il est impératif d'adopter des pratiques plus durables, de réduire notre dépendance au plastique et de promouvoir des alternatives respectueuses de l'environnement. « Les nombreuses activités humaines, variées dans leur complexité, ont un impact négatif sur le tissu de la société en perturbant l'ensemble des institutions économiques et sociales dont nous, en tant qu'être conscient, dépendons étroitement. Ainsi, le risque de sécheresses, d'inondations et de pénurie d'eau est accru, menaçant non seulement la biodiversité, mais aussi la santé humaine, le tout résultant du phénomène anthropique du réchauffement climatique ».

D'où l'idée de l'artiste de créer une installation en plastique qui, d'une part, sensibilise sur l'usage du plastique, mais encourage également la récupération. « La réflexion derrière cette installation découle d'une combinaison d'observations pures et d'une imagination qui m'a guidé pour trouver l'inspiration dans la nature elle-même. J'ai innové en utilisant des feuilles de bananier séchées, des feuilles de canne à sucre, du plastique, des bouteilles et du métal, le tout sur une structure en treillis métallique, où tous les matériaux ont été prélevés de la nature elle-même. Cette œuvre d'art vise à laisser les spectateurs mal à l'aise, dans l'espoir de susciter des conversations, de remettre en question les normes et de réévaluer notre relation avec le monde naturel ».

Il fabrique des œuvres d'art avec des objets de récupération.
Il fabrique des œuvres d'art avec des objets de récupération.

En effet, le bateau imaginé par Nirmal Hurry est construit sur une structure en métal, avec les bouteilles en plastique montées sur cette armature. Initialement, les bouteilles étaient partiellement recouvertes de feuilles de canne à sucre, puis de feuilles de bananier séchées. Par la suite, une sculpture de Dodo a été greffée à la structure existante. La prochaine étape consistera en l'ajout d'une structure avec un effet béton. « Je suis en train de modifier les éléments sur la structure à chaque fois pour sensibiliser le public. À travers l'utilisation du béton, bien que ce soit du polystyrène recouvert d'une fine couche de ciment, je souhaite mettre en lumière le fait que nous perdons progressivement la nature. Tout est bétonné de nos jours », indique-t-il.

Cette structure sera visible encore pendant deux mois. En parallèle, l'artiste a l'intention d'embellir son village, Saint-François à Cap-Malheureux, avec des œuvres d'art, que ce soit à travers le « Topiary Art », c’est-à-dire une forme d'art horticole qui implique la taille et la sculpture de plantes pour créer des formes ornementales ou des installations réalisées à l'aide d'objets de récupération. Il explique « J'ai déjà commencé avec des plantes que j'ai taillées en forme de sculpture dans trois endroits à Saint-François, notamment à côté de la station-service, à proximité du supermarché et tout près d'un snack. Actuellement, je travaille sur des œuvres d'art que je fabrique à l'aide de produits de récupération et que je vais installer un peu partout dans mon village ».

Un passionné d’objet de récupération 

Nirmal Hurry a tenu sa première exposition en 1988. Il a obtenu sa maîtrise en beaux-arts de l'Université Jamia Millia Islamia de New Delhi, ainsi qu'un Diplôme Supérieur d'Art Plastique de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Influencé par les petites choses de la vie, Nirmal Hurry a développé dès son jeune âge un penchant pour l'art de la récupération. « Je me souviens qu'à l'époque, on ne jetait pas les boîtes en fer, mais on y ajoutait une anse pour en faire un gobelet et on buvait dedans. Mes grand-mères ne jetaient rien à la poubelle. Elles gardaient tout pour une autre utilisation. À l'époque, le concept de récupération n'existait pas, mais nos aînées le faisaient sans même le savoir. J'ai été inspiré par cette pratique de la récup dès mon jeune âge », explique notre interlocuteur. 

Passionné par l’art, il souhaite poursuivre ses études dans ce domaine, mais ses parents ne sont pas enchantés par cette idée, préférant que leur fils fasse carrière dans un autre domaine. Malgré cela, il décide de suivre sa passion et obtient son diplôme en art. En parallèle, ayant grandi entouré d'animaux, il exprime le désir d'étudier la biologie animale. « J'ai grandi avec des poules, des pintades, des canards... donc les animaux me fascinaient. Je voulais entreprendre des études sur les animaux, mais je n'ai pas pu le faire. Comme mon talent pour l'art était inné, j'ai foncé vers ma passion », souligne l'artiste. 

Il tient sa première exposition en 1988, et d'autres suivent. Il a participé à des dizaines de manifestations artistiques à Maurice et à travers le monde. Toujours passionné par les objets de récupération, il consacre une grande partie de ses présentations publiques à des sculptures issues d'objets recyclés.

 

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