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Dawood Rawat : «Que justice nous soit rendue»

Le directeur de l’information de Radio Plus, Nawaz Noorbux, en visite à Paris, a rencontré l’homme d’affaires Dawood Rawat. Ce dernier revient sur la chute de son groupe, tout en commentant le récent jugement du tribunal d’arbitrage de Bruxelles, dans le cadre du procès qu’il intente à l’État.

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Comment réagissez-vous à la suite du ‘ruling’ du tribunal d’arbitrage de Bruxelles où vous avez remporté une première manche dans le cadre du procès intenté à l’État mauricien pour réclamer Rs 30 milliards de dommages ?
C’est une première manche. La Cour a prononcé son jugement sur des demandes préliminaires. Ce n’est que le début. L’affaire n’a pas vraiment démarré. Mais sur les trois ou quatre aspects que les deux parties ont demandés, la Cour nous a donné plusieurs raisons d’être satisfait. Et peut-être a donné à Maurice également une raison pour patienter davantage. Mais je suis satisfait que sur le point principal évoqué, la Cour a décidé que l’affaire peut continuer vu que je suis un citoyen français.

Combien de temps ce procès peut-il durer ? C’est quand même une réclamation de Rs 30 milliards. êtes-vous confiant de pouvoir le remporter ?
Oui, nous sommes confiants, mais nous préférons attendre une année ou deux pour que l’affaire soit réglée. Entre-temps, nous travaillons sur les dossiers, car nous n’avions pas accès aux dossiers bloqués depuis le soir où ils ont procédé à la saisie de ma compagnie. Depuis, nous luttons et travaillons sur des documents, même si nous n’en avons que très peu, pour pouvoir remporter ce procès. 

Récemment, Roshi Bhadain a démissionné du gouvernement et a affirmé que la chute de la BAI ne peut lui être attribuée. Il a cité Vishnu Lutchmeenaraidoo comme étant celui qui aurait provoqué ce démantèlement…
J’ai été surpris, car la personne la plus agressive lors de cette fameuse soirée où ils m’ont attaqué a été Roshi Bhadain. Vishnu Lutchmeenaraidoo n’était pas présent. Il y avait Bhadain et Yerrigadoo qui m’ont obligé à signer la lettre 'under duress'. Roshi Bhadain doit maintenant expliquer comment c’est davantage une démarche de Lutchmeenaraidoo. Il peut avoir raison.

Dans un entretien à l’express, Lutchmeeraidoo a admis qu’il suit la British American Insurance depuis cinq ans, de même que l’affaire Trinidad qui est une fausseté. Mais c’est un relais entre Lutchmeenaraidoo et Bhadain. Il faut que Roshi Bhadain s’explique clairement.

Ce fera bientôt deux ans depuis l’éclatement de l’affaire BAI. Comment vivez-vous cela sur le plan personnel ?
C’est très dur. Je crois que c’est plus difficile pour quelqu’un qui a travaillé dans l’intérêt du pays. C’est encore plus dur pour les employés qui ont perdu leur gagne-pain et pour les clients qui n’ont pas été payés et qui ont, eux aussi, travaillé pour le bien du pays. Je compatis à leur souffrance, parce que je suis, moi aussi, dans le néant. Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés sans le sou. Pour mes enfants et mon épouse, c’est un coup dur et c’est encore bien difficile financièrement pour la famille.

Aujourd’hui, comment se porte Dawood Rawat sur le plan financier ?
Je vis tranquillement en faisant beaucoup d’économies. Mon épouse est bien rigoureuse à ce niveau… Heureusement ! Ce qui nous permet de vivre décemment. Notre famille a fait de gros efforts et je suis très fier de mes filles, de mes gendres. Ils ont beaucoup souffert. Mon épouse m’a toujours soutenu. C’est aussi cela qui nous permet de garder la tête hors de l’eau. Le plus important, c’est que nous avons pu avoir recours aux services de grands avocats à Paris, sans qu’ils exigent qu’on leur paie immédiatement leur dû.

Est-ce que vous pourrez pardonner à ceux qui vous font du tort ?
La question du pardon est prématurée. Notre souffrance est encore vivace. Nous ne mettons pas l’accent sur la vengeance mais nous voulons que justice nous soit rendue… Pour nous et pour tous les autres qui ont beaucoup souffert et pour que nous puissions  retrouver la sérénité.

J’insiste sur une chose : le groupe n’a jamais été en difficulté. Nos clients ont toujours été payés. La situation s’est compliquée quand le gouvernement est intervenu.

Maurice a un nouveau Premier ministre, Pravind Jugnauth. Souhaitez-vous lui parler ou estimez-vous qu’il est trop tard ?
Je lui souhaite bonne chance. Nous nous connaissons. Il est venu me voir à plusieurs reprises. Nous n’avions rien l’un contre l’autre. Je ne comprends pas ce qui est arrivé. S’il veut entendre un message de ma part, c’est que je réclame justice. Je ne fais aucune demande, chose que je ne peux faire en ce moment, car l’affaire est en Cour. Je lui demande ainsi qu’à son entourage, d’analyser en profondeur ce qui s’est passé et de tout faire pour que justice soit faite pour tout le monde.

Nawaz Noorbux, de Paris

 

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