Le skipper Vishakam Cunee a été arrêté en septembre 2015 avec des plants de gandia d’une valeur de près de Rs 7 millions, dans une maison, qu’il avait transformée en serre à Saint-François, Grand-Gaube. Il s’est envolé pour Madagascar depuis janvier. Sa fuite a été confirmée la semaine dernière, son frère sera inculpé ce matin.
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La série noire continue pour l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). L’équipe de l’adjoint au commissaire de police Choolun Bhojoo et du surintendant Sharir Azima va lancer un mandat d’arrêt international contre le présumé trafiquant de drogue Vishakam Cunee qui était dans l’attente de son procès devant la cour d’assises. Même pas un mois après avoir obtenu la liberté conditionnelle, il a tout bonnement pris l’avion pour Madagascar le lundi 23 janvier dernier en utilisant le passeport de son frère cadet, Shanmuganaden.
Âgé de 43 ans, ce skipper de Cap-Malheureux avait été appréhendé par l’Adsu de Grand-Baie le mercredi 9 septembre 2015 pour avoir cultivé 2 273 plants de gandia dans une maison qu’il louait à Saint-François, Grand-Gaube. La valeur de la drogue est estimée à près de Rs 7 millions. Les preuves réunies, notamment une balance électronique, démontrent qu’il la commercialisait.
Vishakam Cunee s’était retrouvé dans le viseur de l’Adsu de Grand-Baie à cause de son train de vie. Il s’était offert un hors-bord évalué à plus de Rs 2 millions et louait la maison de Saint-François bien qu’il habitait Cap-Malheureux. C’est après de deux semaines de surveillance qu’une perquisition a mené à la saisie de la drogue. D’après l’enquête de police, il revendait le gandia à des touristes de passage. Le répertoire de son portable ainsi qu’un document où il notait ses transactions avaient été versés au dossier à charge.
Liberté conditionnelle
Il avait été placé en détention préventive. Et c’est en décembre 2016, soit quinze mois après son arrestation, que le tribunal de Mapou a accédé à la motion de ses avocats, Mes Rama Valayden et Sanjeev Teeluckdharry, pour sa remise en liberté conditionnelle. Ce, malgré les vives objections des enquêteurs. Vishakam Cunee a cessé de se présenter au poste de police Grand-Baie dans la soirée du lundi 23 janvier.
Une escouade s’est lancée aux trousses du skipper, en vain. Nul n’a eu la présence d’esprit de vérifier les déplacements de ses proches parents à l’étranger. Ce n’est que la semaine dernière qu’à la lumière de certains renseignements que l’Adsu a confirmée auprès du Passport and Immigration Office (PIO) que Shanmuganaden Cunee s’était envolé pour Madagascar. Or, celui-ci est bel et bien à Maurice. Également skipper et habitant Cap-Malheureux, il a été arrêté après une perquisition à son domicile.
Shanmuganaden Cunee aurait d’abord nié détenir un passeport et aurait par la suite soutenu l’avoir égaré. Maintenu en détention durant le week-end, il sera traduit devant le tribunal de Mahébourg ce lundi pour entente délictueuse, en vue d’aider un tiers à usurper son identité.
L’enquête ouverte dans cette affaire devra déterminer si l’officier du PIO ayant vérifié le passeport de Shanmuganaden Cunee a bien fait son travail. Les deux frères n’ont pas de grandes ressemblances, que ce soit au niveau du teint ou de la chevelure.
L’évasion de présumés trafiquants de drogue vers Madagascar n’est pas un fait nouveau. En septembre 1995, Sabitree Devi Sabapathee, 37 ans, l’épouse de l’ex-Mr Mauritius Rajen Sabapathee, a fui à bord du Gadiam-B, un yacht loué à La Réunion, alors qu’elle devait être entendue devant la cour d’assises pour trafic d’héroïne. En décembre 2008, Sunny Ramkissoon, 19 ans, et Rishi Luchun, 31 ans, qui étaient en attente de leur procès pour braquage du magasin Madison’s et trafic d’héroïne ont détourné le trimaran Patron One vers Madagascar et auraient assassiné le skipper Jean-François Cotte.
Un cas similaire aux frères Cunee saute aux yeux. Il y a dix ans, alors qu’il devait être jugé dans une demi-douzaine de procès pour escroquerie et usurpation d’identité, Sockalingum Veerasawmy, dit Veera, s’est rendu dans la Grande île, grâce au passeport de son frère, Nayegen. Ce dernier s’est présenté à l’aéroport pour soi-disant se rendre à Madagascar alors Sockalingum devait s’envoler pour Rodrigues, sa liberté conditionnelle lui permettant de se rendre dans le 10e district.
Ils ont échangé leurs pièces d’identité dans la boutique hors taxe et le tour était joué. Le pot aux roses n’a été découvert qu’au retour de Nayegen de Rodrigues deux jours plus tard. Sockalingum a pu être déporté après quatre mois, ne pouvant soudoyer les policiers malgaches.
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