Ils sont rares ceux qui peuvent prétendre vivre de leur passion. Daniella Bastien est une passionnée de linguistique créole.
Elle a quitté son métier de chargée de cours en culture générale dans un établissement à programme français pour intégrer le département de kreol au MIE. Et quand elle ne fait pas la classe aux profs, elle compose… en kreol. Elle a lancé, il y a deux semaines, Isi Laba, compilation de 21 textes déclamés au son de la ravanne, une façon de marquer ses 20 ans d’engagement artistique.
C’est à l’âge de 15 ans qu’elle découvre la ravanne avec le groupe Abaim. L’instrument l’amène à saisir les subtilités de la langue créole. « Mon apprentissage artistique a commencé à ce moment-là. J’ai pris conscience de l’importance des mots et de l’écriture des textes.» à la Réunion, où elle entame des études de lettres et d’anthropologie, elle poursuit son apprentissage.
[blockquote]« J’ai intégré le groupe Kabar. Je m’exprimais en kreol mauricien et les autres en kreol réunionnais. Cela ne posait aucun problème, car nous étions liés par la même passion pour notre langue maternelle. »[/blockquote]
Isi Laba lui trottait dans la tête depuis quelque temps déjà. Elle a composé des morceaux au fur et à mesure. Lorsque le projet «a atteint la maturité», il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour tout mettre en place. « Une fois que j’ai eu ce que je voulais, tout s’est emboîté parfaitement. » L’enregistrement a été fait en une seule soirée sur la plage de Pointe-aux-Sables.
Les sons ont été captés par le Belge Philippe de Magnée, celui-là même qui a enregistré les derniers disques d’Abaim et qui a travaillé avec le groupe ETAE. «Ce projet a été et reste pour moi un passage émotionnel intense. Je ne veux faire passer aucun message. C’est seulement ma vision des choses. Ce sont des événements qui m’ont touchée, mes réflexions, ce qui m’énerve, ce qui me fait râler...»
Si sa collaboration avec Arnaud Carpooran et le Mauritius Institute of Education (MIE) sur le projet d’inclusion de la langue kreol dans le cursus scolaire remonte à quelques années, c’est en 2013 qu’elle intègre le département de kreol à plein temps. «Comme je suis une passionnée de la langue, il n’a pas fallu longtemps pour me convaincre. Quand un poste permanent s’est présenté, j’ai postulé.»
Son travail est un gros défi. Elle forme les enseignants, mais conçoit aussi le matériel scolaire. « C’est un travail très prenant intellectuellement. Je me vois comme une pionnière jettant les jalons pour les générations à venir », dit la jeune maman d’Emma, 3 ans.
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