Dans le milieu de la publicité à Maurice, l’année 2017 est placée sous le signe des défis, imposant aux opérateurs à penser ‘outside the box’. Directeur-général de Logos Publicity Ltd, Cyril Palan fait ressortir la nécessité aux publicitaires d’être plus créatifs, en s’adaptant aux nouveaux modes de communication.
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« (…) je pense que l’e-marketing va devenir une pratique courante dans les prochaines années. »
Comment votre société a-t-elle vécu l’année 2016 ?
Ca a été une année d’incertitudes, de questionnements et de remises en question, marquée par des mutations profondes dans les formes, jusque-là traditionnelles, de communiquer. Je crois que la publicité, dans sa définition stricto sensu, est en train de laisser la place graduellement à la communication, parfois spécialisée, sans pour autant négliger la presse, les radios et la télévision, où elle vise le grand public.
Même si la presse papier n’est pas vouée à une disparition rapide, elle va diminuer en importance, en tant que vecteur d’informations, ce qui signifie que son importance comme plateforme pour la pub, ira en décroissant. Par ailleurs, comme d’autres secteurs d’activités, le milieu de la pub a aussi été tributaire d’une certaine stagnation de l’économie mauricienne. Toutefois à Logos, cette situation nous a permis d’explorer d’autres formes de communication, en tenant compte de la présence des réseaux sociaux qui sont mis à profit par des annonceurs.
Est-ce que les réseaux sociaux représentent-ils une concurrence sérieuse pour les agences de pub ?
Pas pour Logos, en tout cas. Depuis ces dernières années, nous avons massivement investi en équipements et surtout en ressources humaines afin de nous adapter aux nouvelles technologies de communications, notamment par le truchement des smartphones. Nous avons suffisamment suivi l’évolution des smartphones pour comprendre leur impact sur notre métier, grâce aux réseaux sociaux, compte également des prix de ces téléphones devenus très accessibles.
Quel a été le facteur le plus marquant dans la pub durant ces dernières années ?
C’est la nouvelle génération, avec ses choix et ses goûts, son niveau d’éducation, ses rapports avec la marchandise et les services, le tout dans un environnement marqué par l’accès à la communication par l’internet en temps réel et, par endroits, gratuite. Par contraste à ma génération, issue des années de vaches maigres et ayant le souci des sacrifices, la nouvelle génération qui vit à l’ère des ‘brand names’, sans trop se soucier de leurs prix.
Les jeunes ont aujourd’hui un pouvoir d’achat qu’il tend à utiliser selon ses goûts et non de manière rationnelle. Elle n’est pas grosse consommatrice de la presse écrite, préfère les chaines satellitaires à la MBC, jugée trop politisée, et, écoute la radio sur son mobile. Cette tendance impose, à nous autres publicitaires, de revoir nos stratégies de communication, mais aussi à adopter un comportement responsable. Récemment, j’ai noté certaines infractions à la législation concernant la publicité, où l’alcool était subtilement présent. Ca commence à bien faire, je l’ai signalé aux autorités.
Que fait votre association, l’ACA (Association of Communication Agencies) dans ce cas ?
Elle n’a pas l’air de s’en soucier. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que les recettes provenant des alcools, durant les fêtes, sont énormes pour les publications qui passent ces pubs.
Est-ce que l’e-marketing prend-il de l’ampleur ?
Il n’en encore est qu’à ses balbutiements, mais je pense que l’e-marketing va devenir une pratique courante dans les prochaines années. Mais pas pour tous les produits et services. L’internet permet déjà de régler certaines factures, comme celles de l’eau, l’électricité, les impôts, entre autres, mais comme pour les vêtements, les biens alimentaires, les chaussures, les Mauriciens préfèrent encore les acheter de visu.
A Logos, comment se fait la transition de la ‘publicité’ à la ‘communication’ ?
Comme, je vous l’ai dit plus haut, par les investissements, tant en équipements qu’en ressources humaines, l’un ne va sans l’autre. Les nouvelles recrues sont déjà formées à l’informatique, aux nouvelles technologies de communication, mais parfois ces seuls acquis ne suffisent pas, compte tenu des spécificités culturelles de Maurice. S’il est vrai que nous sommes à équidistance de trois continents, l’Asie, l’Afrique et l’Europe, il n’en reste pas moins rien que nous restons très influencés par l’Occident, d’abord en raison de notre passé colonial, mais aussi par le fait que la culture dominante est représentée par l’Occident, les Etats-Unis en tête.
A Logos, nous essayons de faire la part des choses, en évitant de succomber à un matérialisme outrancier, véhiculé par le mode de vie occidental. Ce n’est pas chose facile, je le concède, tant la publicité, à Maurice mais aussi ailleurs, emprunte ses références à l’Occident. J’exige constamment de mon personnel qu’il puise dans notre propre vivier culturel, qui est si riche en valeurs morales et en couleurs ethniques.
Comment voyez-vous le milieu de la pub évoluer durant les prochaines années à Maurice ?
Tout dépendra des besoins des consommateurs, de leurs priorités en fonction de leur pouvoir d’achat. Je pense qu’on sera davantage soumis aux influences étrangères, tant dans le vestimentaire que dans l’alimentaire. Ce sont ces facteurs-là qui détermineront les stratégies-marketing des publicitaires.
Mais, même si nos clients réclament des publicités influencées par les tendances européennes, à Logos, je m’efforce de les conseiller à la modération. Je leur dit toujours que notre ile recèle suffisamment de trésors culturels, avec ses communautés métissées, ses couleurs, ses plages et sa cuisine, entre autre, pour vendre ses produits.
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