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COVID-19 : l’interdiction d’utiliser le test rapide d’anticorps fait débat

Le COVID-19 Rapid Antibody Test n’a pas fait long feu. Sur le marché il y a deux semaines, le produit a été interdit d’importation après la décision du Conseil des ministres du jeudi 30 décembre 2021. 

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L’interdiction de l’importation du COVID-19 Rapid Antibody Test à Maurice a été avalisée, lors de la réunion du Conseil des ministres du jeudi 30 décembre 2021. Cela en vertu des Consumer Protection (Control of Imports) Regulations 2017. Une décision diversement interprétée. 

Si certains l’attendaient depuis longtemps, d’autres s’interrogent sur la « rapidité » et les raisons de cette décision. Après l’interdiction d’importation, d’autres règlements devraient entrer en vigueur à partir de cette semaine et concerneraient la commercialisation du produit, selon les informations que nous avons pu glaner. Le Covid-19 Rapid Antibody Test est déjà disponible en pharmacie depuis environ deux semaines après une présentation du produit aux pharmaciens.

« Le plus important, ce n’est pas de parler du test, mais de ce que disent les scientistes et les compagnies productrices quant à la durée d’efficacité des vaccins qui sont efficients durant quatre à six mois », dit le Dr Sok Appadu, National Covid-19 Coordinator. Pour lui, passé le délai de six mois, il faut renouveler la vaccination anti-COVID-19. Dans le cas de Maurice, les six mois sont déjà écoulés et il est important de procéder à la booster dose pour maintenir le statut de personne vaccinée. « C’est un impératif avec le variant Omicron déjà présent dans la communauté afin d’être protégé », souligne-t-il. 

Selon le Dr Appadu, c’est une perte de temps de faire un test d’anticorps pour savoir si on est suffisamment « armé » pour contrer le virus et ses variants. « Rien ne dit que les anticorps présents dans l’organisme sont efficaces. Le test est un mauvais guide », fait-il comprendre. Ainsi la meilleure des choses, c’est de se faire vacciner au moins quatre à six mois après avoir fait sa deuxième dose, là où cela s’applique afin d’être protégé contre le variant Omicron qui est cinq fois plus contagieux que le variant Delta rappelle-t-il.

Le Dr Vinita Poorun ajoute que le test rapide d’anticorps n’est pas utilisé pour un diagnostic comme le test rapide d’antigène. « Il est effectué dans le cadre des recherches pour déterminer si une personne est protégée après avoir été vaccinée et pour vérifier le taux d’anticorps », dit la Chairperson du Mauritius National Immunisation Technical Advisory Group (MAUNITAG). Selon elle, ce test n’est pas destiné à tout le monde. 

« Une personne peut avoir des anticorps, tout en n’étant pas protégée contre la COVID-19, par exemple », explique-t-elle. De la même manière, si une personne qui ne présente pas d’anticorps après un test, cela ne signifie pas qu’elle n’est pas protégée. « Cela peut signifier que la personne n’a pas d’anticorps sur le moment, mais dès qu’elle est en corps avec un virus, elle peut en développer si elle a un bon système immunitaire et ce sont les cellules à mémoire qui produisent ces anticorps », ajoute la Dr Poorun. 

Elle affirme ainsi qu’il n’y a pas lieu de faire des tests d’anticorps de manière routinière. « Ce n’est pas d’intérêt public que ce soit avant ou après la vaccination », selon la Chairperson du MAUNITAG. Elle recommande également la booster dose afin que l’organisme continue de développer des anticorps à travers les cellules à mémoire.  

Interrogations sur l’interdiction d’importation

Une pharmacienne qui a récemment participé à la présentation du COVID-19 Rapid Antibody Test est dubitative quant à l’interdiction d’importation de ce test. « Après l’annonce du Conseil des ministres, il y aurait dû avoir des explications de la part des autorités à ce sujet. Tout le monde a le droit de savoir s’il a des anticorps ou pas » dit-elle. Sous le couvert de l’anonymat, l’intervenante se demande comment un produit ayant obtenu l’aval des autorités est subitement interdit d’importation. 

Même si la pharmacienne considère que ce n’est pas « important » de faire ce test, elle pense que c’est un outil créé pour les curieux et pour ceux qui veulent savoir leur taux d’anticorps. Selon elle, le produit peut encourager ceux qui ne veulent pas faire la booster dose à se faire vacciner après avoir évalué leur taux d’anticorps.  Un autre pharmacien, qui n’a pas souhaité être cité, considère que le test n’est « pas fiable ». « L’idéal, c’est de faire un test pathologique dans un laboratoire bien équipé », dit-il. Selon lui, cela n’a pas eu un impact commercial. Il déplore la publicité autour du produit, alors que c’est interdit selon l’article 41 de la Pharmacy Act. 

Selon nos renseignements, le test est à Rs 350 en pharmacie et le prix varie entre Rs 800 à 1 000 en laboratoire.

Différence

Il y a une différence. Le test antigénique rapide est fait pour chercher un morceau de l’enveloppe du virus qu’on veut détecter. Cela indique une infection plus ou moins récente. Si le test est positif, cela veut dire que la personne vient d’être infectée et que c’est dans la phase infectieuse. C’est ce qu’explique le virologue Shameem Jaumdally. 

Le test d’anticorps rapide va détecter les anticorps dans le sang. Généralement, c’est pour tester deux anticorps : immunoglobine monoclonal (IgM, produit environ deux semaines après une infection) et immunoglobine G (IgG, produit environ trois semaines après une infection). 

Avec le programme de vaccination de masse enclenché à Maurice depuis janvier 2021, effectuer un test d’anticorps rapide est devenu futile du fait qu’il est difficile de faire le discernement entre ceux qui ont eu une infection et ceux qui ont été vaccinés, souligne le virologue.  Ainsi, selon lui, interdire l’importation et la commercialisation du test rapide d’anticorps de la Covid-19 était attendu. 

Une Policy Decision du Conseil des ministres

« L’importation du test rapide d’anticorps est interdite. Cette mesure est déjà en vigueur depuis la décision du Conseil des ministres prise le 30 décembre 2021. Si le produit est sur le marché, il y aura une procédure qui va suivre à partir de ce mardi 4 janvier ». C’est ce que nous a fait comprendre une source du côté du ministère du Commerce. Les pharmacies auront éventuellement la possibilité d’écouler les produits déjà en leur possession avant l’application de la mesure d’interdiction. Passé un certain délai, la vente de ces tests rapides d’anticorps Covid-19 sera interdite, nous a fait comprendre l’intervenant.

 

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