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Coût de la vie : la perte du pouvoir d’achat suscite de vives inquiétudes 

Le pouvoir d’achat est en baisse.

Depuis ces derniers mois, les prix des produits de consommation courante ne cessent de flamber. La guerre en Ukraine n’a fait qu’exacerber cette tendance. Une situation qui a un impact considérable sur le pouvoir d’achat des ménages, notamment sur les familles les plus vulnérables. D’où un véritable plaidoyer pour soulager au plus vite les consommateurs par le biais d’une série de mesures. 

Ces 7 signes qui ne trompent pas

1. L’inflation qui grimpe plus vite que les salaires 

La relation entre la hausse des prix et le pouvoir d’achat est intimement liée. Plus les prix augmentent, plus le pouvoir d’achat baisse. 

« Comme le panier de consommation diffère selon les individus, leurs goûts, leurs familles et leurs habitudes, certains sont touchés plus fortement et d’autres le sont un peu moins », fait ressortir l’économiste Georges Chung. À titre d’exemple, poursuit-il, si le prix de l’huile augmente, celui qui en consomme plus sera plus affecté que celui qui en achète moins. Il en va de même pour les autres produits. De même, celui dont le revenu est inférieur souffre plus que celui dont le salaire est plus élevé. Pour Eric Ng, directeur du Cabinet PluriConseil, le seul fait que les prix augmentent davantage que les revenus est une indication de la baisse du pouvoir d’achat. 

« L’indice des salaires a grimpé de 3,1 % alors que l’inflation en glissement annuel s’élève à 9 %. En réalité, l’inflation a dépassé les 10 % pour les Mauriciens. C’est une indication que l’inflation grimpe plus vite que les revenus », ajoute-t-il. 

2. Même budget, mais moins de produits dans les caddies 

C’est une scène qui se produit fréquemment dans les grandes surfaces. Une fois à la caisse, les consommateurs ont dû retourner un quart voire un tiers des produits se trouvant dans leurs caddies pour pouvoir rentrer dans leur budget. Anand Ajoodha, directeur de Funny Traders, l’a constaté de visu en maintes occasions. 

3. Difficulté à rembourser ses dettes 

Budget restreint ou pas, les ménages doivent continuer à rembourser leurs dettes. « Or comment le faire quand le salaire a diminué ou qu’il n’y plus de revenu ? Ce sont tout simplement les autres postes de dépenses qui sont sacrifiées », indique Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP). Ces familles ne s’accordent  ainsi aucun loisir et doivent se serrer les coudes. 

4. Accumulation de factures en souffrance 

Autre signe visible de la baisse du pouvoir d’achat : les factures qui s’empilent. 

« Comme les ménages ont des difficultés financières, ils ne payent pas certaines factures et ne le font que quand ils n’ont plus le choix tout en sacrifiant une autre dépense à la place », observe Mosadeq Sahebdin. 

5. Des sacrifices sur la nourriture 

Une bonne partie des ménages de la classe moyenne sont devenus de nouveaux pauvres aujourd’hui, soutient Mosadeq Sahebdin. C’est une réalité que certaines familles ne mangent pas à leur faim ou se contentent du pain et des sardines ou des nouilles instantanées pour seul repas. 

6. L’épargne comme solution  

Certains Mauriciens sont contraints de puiser dans leurs épargnes pour pouvoir consommer comme ils avaient l’habitude de le faire. « Le taux d’épargne est d’ailleurs en baisse depuis plusieurs années (NdlR : de l’ordre de 9 % en 2021) », souligne Eric Ng. 

7. Chômage = sans revenu 

Le pouvoir d’achat baisse aussi quand le taux de chômage augmente. Dans la mesure où ceux qui se retrouvent au chômage n’ont pas de revenu, explique Eric Ng. 

Une tendance qui se prolongera dans la durée

Tous les observateurs sont unanimes. La baisse du pouvoir d’achat va perdurer. « Ce sera le cas durant toute l’année. Les prix alimentaires vont continuer d’augmenter avec la guerre qui perdure en Ukraine et le coût du fret qui grimpe », craint Eric Ng. Anand Ajoodha évoque d’ailleurs des pressions sur certains produits alimentaires. « Le prix du riz a grimpé de 29 % d’octobre 2021 à ce jour. En cause, le prix à l’international, le fret, l’appréciation du dollar et la hausse des produits d’emballage. Il faut compter Rs 1,42 million pour un conteneur de riz contre Rs 1,1 million tout récemment. Le fait que l’Ukraine n’arrive pas à fournir de la farine, celle à base de blé a augmenté. Sans compter qu’il y a une pression sur le riz et le maïs. Or plus forte est la demande, plus fort est le prix », explique-t-il. 
C’est donc une évidence que les prix continueront de grimper. 

À retenir 6,7 %

C’est le taux d’inflation que prévoit la Banque de Maurice cette année.   


Ils ont dit 

Renganaden Padayachy* : « Le gouvernement réitère sa détermination à faire en sorte que les plus vulnérables de la société soient les moins affectés par la situation actuelle et on continuera aussi à améliorer la qualité de vie de tous les citoyens. » *ministre des Finances.

Georges Chung : «  L’inflation galopante est une des causes de la misère dans les pays d’Amérique du Sud. Si nous ne prenons pas des mesures, la masse de la population va s’appauvrir. Il y a certainement beaucoup de mesures immédiates et sur le long terme qu’on peut prendre. Il est du devoir des pouvoirs publics de sauver le pouvoir d’achat de la population et de revoir les revenus en fonction de l’inflation. » 

Mosadeq Sahebdin :  «  La flambée des prix des produits alimentaires, les effets de la hausse des prix du carburant sur d’autres produits, la flambée des médicaments (NdlR : à titre d’exemple, un inhalateur coûte 48 % plus cher en espace de huit mois) ont des répercussions sur le budget des ménages. Les revenus restent inchangés ou ont baissé, alors que les prix augmentent en dépit de la subvention. » 


Ces solutions à apporter 

  • Il faut combattre l’inflation coûte que coûte, insiste Georges Chung. 
  • Pour la CAP, il faudra maintenir la subvention sur le gaz ménager. 
  • Maintenir les subventions sur les produits de base. Une mesure qui est nécessaire, selon Anand Ajoodha, pour ne pas affliger davantage les plus vulnérables. 
  • Il faut accorder aux plus vulnérables, dont les noms sont déjà disponibles dans le registre social, une aide directe aux revenus, recommande Eric Ng. 
  • Il faut un contrôle sur les prix des produits de base pour au moins deux ans, recommande Mosadeq Sahebdin, qui insiste qu’un contexte imprévisible requiert des mesures d’exception. 
  • Miser sur l’importation parallèle en vue de permettre plus de concurrence sur le marché et par conséquent aux consommateurs de bénéficier de prix plus avantageux, recommande également Mosadeq Sahebdin.  
  • Sur le court terme, suggère Georges Chung, il faut bloquer les prix. Sur le long terme, il faudrait que tout le monde se mette au travail. « Il faut augmenter la productivité, encourager l’entrepreneuriat, exporter davantage et enrichir le pays par des moyens d’investissements très forts et osés », résume-t-il. 
  • Il faut une subvention temporaire – d’ici à fin 2022 – sur cinq produits de base. « Ce faisant, le gouvernement devra réduire ses dépenses. Il y a donc un choix budgétaire à faire », fait ressortir Eric Ng. 
solution

 

Les conséquences si la situation perdure

  • La malnutrition. 
  • Plus de familles qui tomberont dans la classe moyenne inférieure et la pauvreté. 
  • Le risque que les fléaux sociaux (vol, agression, etc.) augmentent. 
  • Au lieu de progresser sur l’échelle sociale, les gens vont reculer. Ce qui augmentera le niveau d’insatisfaction et de frustration dans leur vie. Cela pourrait mener à la violence domestique à titre d’exemple. 
  • Dans le pire des cas, le pays devra faire face à une crise sociale. 
  • Si on ne compense pas adéquatement la perte du pouvoir d’achat, la population va s’appauvrir*. 

*Ce qu’appréhende Georges Chung. Les autres conséquences indiquées sont les craintes exprimées par Eric Ng. 

 

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