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[Coup de gueule] Révélations de ReA : pas de place à la politique de l’ombre

Le monde des affaires est souvent un terrain fertile pour les jeux d'ombres et de lumière, où l'on semble manier la transparence comme un vieux vinyle rayé : ça craque, ça grince, mais personne n'écoute vraiment. Alors que nous nous approchons de la dissolution du Parlement, et donc des élections générales, nos dirigeants n’ont plus le droit à continuer à pratiquer un sport national : jouer à l'autruche. Le Premier ministre, le ministre des Finances, la ministre du Commerce, le directeur général de la State Trading Corporation (STC), et même le Gouverneur de la Banque de Maurice ne doivent pas donner l’impression d’avoir tous contracté la même mystérieuse maladie – l'amnésie sélective.

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Kugan Parapen de Rezistans ek Alternativ (ReA) s'est fendu de questions claires, incisives, et surtout dérangeantes pour nos décideurs. Dérangeantes pourquoi ? Parce qu'elles touchent au cœur de ce que nous, le bon peuple, sommes censés croire : que tout roule, que tout va bien, que les petits incidents de parcours sont des détails insignifiants. Sauf que là, on parle d'une possible pénurie de carburant, d'accords douteux avec une compagnie maritime, et de placements publics (c'est-à-dire notre argent) dans une banque pour éviter un crash qui semble tout sauf accidentel.

Les questions de Kugan Parapen méritent des réponses. Sans détour. Sans langue de bois. Après tout, il y va de l'intérêt public, non ? Mais non, nos braves gestionnaires de la chose publique préfèrent souvent enterrer la tête dans le sable, espérant sans doute que les tempêtes passent comme elles sont venues.

D’abord, la pénurie de carburant le 9 août dernier, évitée de justesse, selon ReA, semble avoir provoqué autant de sueurs froides dans les couloirs du pouvoir qu’un appel tardif de la Troïka à l’époque de la crise financière. Le fournisseur aurait décidé de ne pas livrer bien que le bateau ait jeté l’ancre dans la rade de Port-Louis. Pas de panique, nous dit-on. Juste une situation inédite. Pas d'explications, bien sûr, mais ce n'est pas grave, tant qu'on a de quoi remplir nos réservoirs... pour l’instant.

Ensuite, on apprend que la STC aurait été forcée d'accepter toutes les conditions du fournisseur, un peu comme un joueur de poker fauché qui accepte n’importe quel pari pour ne pas perdre sa dernière chemise. Et là où ça devient intéressant, c'est lorsque Kugan Parapen se demande si ces paiements n'auraient pas transité par une banque qui semble vaciller dangereusement et que la Banque de Maurice avait placée par la suite sous "conservatorship", une douce manière de dire qu’elle frôle le précipice.

D'ailleurs, parlons-en cette banque. Selon les informations de ReA, elle a bénéficié de l'injection d'importantes sommes publiques pour éviter la faillite. Pourquoi ce soutien ? Pourquoi cette indulgence ? Est-ce là le signe d'une gestion avisée des finances publiques ou le symptôme d'une panique à peine dissimulée ?

Et surtout, pourquoi la Banque de Maurice, habituellement si prompte à scruter les "red flags" des autres, aurait-elle fait preuve de laxisme dans le cas de cette banque ? Ces questions sont peut-être naïves, mais enfin, l'intérêt public ne mérite-t-il pas un peu plus d’attention ?

Le silence autour de ces révélations deviendra une gêne de plus en plus difficile à ignorer. Avec les élections qui approchent, le timing est parfait pour une campagne pleine de promesses de transparence et de bonne gouvernance. Mais cette fois, les citoyens ont bien compris le message : tout cela n'est qu'une mise en scène. Une cuisine bien rodée, orchestrée par les mêmes mains, celles de ceux qui jurent, la main sur le cœur, qu’ils travaillent pour nous.

Le silence, Messieurs, n'est plus une option. Il vaut mieux jouer carte sur table, pour ne pas dire mettre le point sur le i. La vérité, ou du moins une version un peu plus digeste que vos discours convenus, doit être servie sur la table publique. Car sinon, ce n'est pas seulement la banque en question qui risque de s’effondrer, mais bien la confiance que le peuple met – ou mettait encore – en ses dirigeants.

Et à force de jouer à l’autruche, Messieurs, attention : un jour, c’est le sol qui finira par vous lâcher.

 

 

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