Le réajustement salarial, touchant principalement ceux qui gagnent jusqu’à Rs 50 000 par mois, devait être une simple formalité après la hausse du salaire minimal. Tout le monde pensait que ce serait une lettre à la poste. Pourtant, la situation a pris une tournure imprévue.
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Le patronat, à travers Business Mauritius, a adopté une posture de résistance, exhortant ses membres à « hold on » le paiement, malgré une obligation légale. Ce refus de se conformer à une mesure déjà légiférée a surpris tant les observateurs que les acteurs politiques, provoquant une réaction en chaîne qui dépasse la simple question salariale.
« Hold on. » Ce terme, délicieusement anglo-saxon, sonne presque comme une invitation à la patience. Mais que l'on se détrompe, il s'agit ici d'une grève du paiement, un nouveau modèle de résistance, où le patronat se transforme soudainement en révolutionnaire, prêt à braver la loi.
Face à ce refus de partager le pain, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, monte au créneau. Lui qui se voyait probablement en Robin des Bois moderne, se retrouve soudain face à des Shérifs de Nottingham qui, en guise de flèches, lancent des communiqués bien sentis. Et pour couronner le tout, il se demande – dans un élan de clairvoyance digne des plus grands détectives – si cette résistance ne cache pas un plan plus machiavélique : déstabiliser le gouvernement avant les élections.
En somme, il insinue que derrière ce « hold on » patronal, se cache une cabale savamment orchestrée pour donner un coup de pouce électoral à l’opposition. Selon lui, certains de ces hommes d’affaires seraient en train de « rouler pour l’opposition. »
Le pacte secret
Mais attendez une minute… si l’on retourne cette situation sous un autre angle, est-ce que ce fameux « hold on » ne pourrait pas finalement être une bénédiction pour le gouvernement ? Oui, vous avez bien entendu. Le MSM, dont la créativité stratégique n’a d’égale que son habileté à se poser en protecteur des travailleurs, pourrait très bien exploiter ce blocage comme une preuve de connivence entre l’opposition et le patronat. Pravind Jugnauth et consorts peuvent bien vendre le « hold-on » comme un timing patronal pour attendre l’issue des résultats des élections. Et en cas de changement de gouvernement, le patronat imposera ses conditions. Et au bout du compte, les salariés auront des miettes. Après tout, il est plus facile de vendre un pacte secret entre le PTr-MMM-ND-ReA et les patrons que de trouver une solution à l’inflation galopante, par ricochet la baisse du pouvoir d’achat.
Imaginez un peu : lors des meetings politiques, on nous servira sans doute cette idée que l’opposition, surtout le PTr, est contre les petits salaires et les bénéficiaires des prestations sociales. Pourquoi ? Parce qu’ils ont contesté en justice l’augmentation de la pension de vieillesse ! Vous voyez le lien ? N’est-ce pas avec cette idée que l’augmentation de la pension de vieillesse a été faite en deux temps. Une tranche avant les élections et une autre tranche en janvier, voire après les élections. N’est-ce pas un message clair du gouvernement aux personnes âgées que dans l’éventualité d’un changement de gouvernement vous courez un gros risque d’être privé de la deuxième tranche ?
Un compliment caché
En somme, ce « hold on » est peut-être le coup de chance que le gouvernement attendait. Plutôt que d’apparaître comme la victime d’un coup d’éclat du patronat, il pourrait se poser en chevalier blanc, prêt à lutter contre l’avidité des patrons pour remplir les poches des travailleurs. Et pendant que l’opposition tente laborieusement de prouver qu’elle ne roule pas pour les patrons, le MSM pourra se délecter de la confusion ambiante. Une confusion où le bon sens et la réalité ont, depuis longtemps, été mis en « hold on. »
Alors, qui sortira gagnant de cette joute ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre : le patronat joue son rôle de grand méchant à merveille, tandis que les politiques rivalisent pour le titre de meilleur manipulateur de perceptions.
Et au milieu de tout ça, le salarié attend, perplexe, se demandant si quelqu’un finira par vraiment penser à lui… un jour.
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