[COUP DE GUEULE] Les 6 millions de dollars imaginaires de Showkutally Soodhun

Dans le désert politique mauricien, un mirage aux reflets dorés a récemment captivé les esprits : une histoire grandiose d’un don saoudien de six millions de dollars pour la rénovation des mosquées. Cette légende digne des Mille et Une Nuits nous vient tout droit du génie de la lampe lui-même, Showkutally Soodhun, toujours prêt à transformer une simple lueur d’espoir en un spectacle éblouissant. 

Tout commence par une proclamation digne d’un calife : l’Arabie saoudite aurait, selon Soodhun, décidé de nous gratifier de cette somme colossale pour restaurer des mosquées. L’annonce est accueillie comme une oasis dans le désert, susurrée aux oreilles des fidèles comme une brise rafraîchissante. Mais, tout comme le sable du désert peut rapidement ensevelir une caravane, la vérité derrière ce mirage n’a pas tardé à émerger. 

La rencontre entre Nando Bodha et Dev Sunnasy, de Linion Moris, et l’ambassadeur saoudien à Maurice, Fayez Meshel Altemyat, a été la source d’une révélation : oui, une demande de don a bien été formulée par notre cher Soodhun. Bravo, pour cette très belle initiative. Mais les coffres d’or n’ont pas encore été ouverts, et les six millions de dollars sont encore loin d’être sortis des voiles mystérieux de l’Orient. En réalité, un MoU (Memorandum of Understanding) est en préparation, et l’ambassadeur saoudien a précisé que la signature se fera en toute transparence, sous les yeux vigilants de la presse. 

Ce mirage doré, cette « somme mystérieuse » évoquée par Soodhun, s’est donc avéré n’être qu’un reflet trompeur. À ce jour, il y a une demande toujours non-concrétisée, des longues années après l’annonce par Showkutally Soodhun. Comme un marchand habile dans un souk de Riyad, il a su vendre un rêve à des acheteurs avides, mais sans leur montrer la marchandise. Le gouvernement mauricien, pris dans ce tourbillon de sable, a dû demander au ministère des Affaires étrangères mauricien, de remettre les pendules à l’heure : le don n’a pas encore été versé. Loin de ce qu’a toujours laissé croire Soodhun qui avait même annoncé qu’un comité sera mis sur pied sous la présidence du Permanent Secretary Ayoob Saib, entre-temps promu Senior Chief Executive pour gérer cette somme. 

Et voilà que la tempête de sable s’intensifie. Des religieux ont enflammé la place publique, notamment le maulana Shameem Kodadin. Tout cela aurait pu être évité si notre marchand d’illusions n’avait pas claironné à tout va que six millions de dollars ont été offerts par le royaume saoudien. Avec la confiance d’un sultan, Soodhun a même laissé entendre que le Prince Salman le considère comme un père (baba), rendant l’octroi de ce don aussi certain que le lever du soleil sur le désert. 

Mais voilà, dans cette oasis imaginaire, le puits est encore à creuser. Le show de Soodhun n’aura fait qu’exposer le gouvernement aux vents violents de la tempête, alors qu’il aurait suffi de dire simplement qu’une demande a été formulée. Et non pas dire que l’Arabie saoudite a offert six millions de dollars. Une somme imaginaire, car l’ambassadeur saoudien à Maurice a dit à Nando Bodha que le montant reste à fixer. Mais comment demander à un marchand de rêves de rester modeste ? Dans ce marché aux mirages, tout doit scintiller, tout doit éblouir. 

Maintenant, le peuple attend, le regard fixé sur l’horizon, se demandant si ce mirage se matérialisera enfin en une oasis de réalité ou s’évaporera sous le soleil impitoyable de la vérité. Soodhun, quant à lui, continue son voyage, prêt à dresser la tente pour le prochain mirage. Car, dans ce bazar oriental où tout est possible, il reste le grand maître des illusions.