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Coup de gueule : la farce parlementaire

L’auguste Assemblée nationale est censée incarner le sommet de la délibération démocratique et du respect mutuel. Hélas, elle semble s’égarer dans un marais d’invectives et de mesquineries. Et cela, depuis bien longtemps… 

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Les incidents survenus lors des débats parlementaires mardi dernier, qui ont valu à Paul Bérenger et à Rajesh Bhagwan leur expulsion, nous amènent à questionner non seulement le niveau des échanges mais aussi le comportement de nos élus. C’est un fait que souvent les échanges lors de la tranche des questions descendent plus bas que le fond de la coque et les insultes volent plus vite que des pigeons affamés à la recherche de miettes de pain. 

Ces « unparliamentary words » ne proviennent pas uniquement des bancs de l’opposition. Hors micro, des échanges acerbes et des invectives grossières se déploient entre les deux camps de notre auguste Chambre. 

Et que dire du Speaker ? Censé être le gardien de l’ordre et du respect, il se permet, dans une déclaration, de répéter à haute voix des insanités murmurées à voix basse. Tout cela, rien que pour répondre au député travailliste Ehsan Juman sur la raison pour laquelle il ne devait pas demander d’excuses par rapport à l’incident de mardi dernier. Quelle élégance ! On pourrait presque imaginer qu’il a installé un amplificateur sous son perchoir pour s’assurer que chaque insulte résonne dans toute l’Assemblée nationale. 

Tel un maître de cérémonie d’un spectacle de rue, répandant les joyeusetés échangées entre les honorables députés comme s’il déclamait des vers de Molière : « Mesdames et Messieurs, dans le rôle principal du jour, nous avons les charmants mots tels que ‘sovaz’, ‘batiara’, ‘voler’ et ‘souser’ ! Applaudissez donc, s’il vous plaît, nos artistes parlementaires ! » Plus sérieusement, était-ce vraiment nécessaire de répéter comme un perroquet ces « unparliamentary words » ? N’y avait-il pas une autre façon de mettre les points sur les « i » de manière plus diplomatique ? 

Et que dire de ces députés de l’opposition, toujours prêts à se faire expulser pour avoir proféré des paroles « non parlementaires » ou pour avoir lancé des accusations à tout-va ? On dirait qu’ils ont oublié que le Speaker est atteint de surdité sélective, n’entendant plus les invectives des rangées de l’opposition et pas celles du gouvernement. C’est un peu triste de voir ces vétérans de la politique se laisser prendre au piège comme des débutants. 

Quant à la Private Notice Question de mardi, c’est du grand art ! L’opposition a tenu une conférence de presse par la suite pour critiquer le ministre Bobby Hurreeram qui s’est emballé dans une réponse marathon pendant que le leader de l’opposition regardait le temps imparti fondre comme neige au soleil. 

Mais attendez, n’est-ce pas l’opposition qui tend elle-même des perches en posant des questions ouvertes comme des autoroutes sans fin ? Elle a l’art de se tirer une balle dans le pied. Peut-être devrait-on installer un compteur de mots pour éviter que les réponses ne dérivent vers des discours de mariage interminables ! Ne serait-il pas temps de revoir les Standing Orders ?

L’art de se tirer une balle dans le pied… On l’a bien vu mardi dernier dans le cadre du nouveau « seating arrangement ». L’alliance PTr-MMM se plaignait que le Speaker avait intentionnellement évincé des députés travaillistes élus dans les circonscriptions rurales de la travée occupée par le leader de l’opposition. Là encore, elle a ouvert son propre piège en nommant Shakeel Mohamed leader de l’opposition et Patrick Assirvaden Whip de l’opposition. Il y a peu de chance qu’une telle situation aurait surgi si Navin Ramgoolam avait choisi Ritesh Ramphul, Ranjiv Woochit ou Mahen Gungapersad pour un de ces postes. 

En fin de compte, l’Assemblée nationale ressemble de plus en plus à un cirque où les clowns se chamaillent pendant que le public regarde, médusé. Méditons sur cette sagesse de l’ancienne Première ministre britannique, Margaret Thatcher : « Le consensus ne consiste pas à ce que tout le monde soit d’accord sur tout, mais à ce que tout le monde convienne du fait que personne ne devrait se comporter de manière absolument détestable. » 
 

 

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