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Consommation : l’e-Commerce s’enracine dans les mœurs des Mauriciens

L’intérêt des Mauriciens pour le commerce en ligne est grandissant. Un sondage de DCDM révèle que près de 50 % des personnes interrogées qui ont entre 18 et 45 ans ont fait des achats en ligne de janvier à mars 2016.

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Un engouement qui ne met pas pour autant en péril le commerce traditionnel.

«Moins de temps, plus de choix, moins cher, à n’importe quelle heure… » Ce sont les avantages avancés par Stéphanie, une cyberacheteuse aguerrie. « Faire la tournée des boutiques c’est agréable quand on a le temps. Mais comme je travaille et que je rentre après les heures de fermeture des magasins, je n’ai pas le temps de faire le tour des centres commerciaux pour une bricole. Pour un sac, par exemple, en quelques clics, mon achat est fait. » Comme Stéphanie, ils sont des centaines de Mauriciens à privilégier l’achat en ligne. Un mode de consommation qui séduit de plus en plus. À tel point que les entrepreneurs locaux se tournent davantage vers la vente en ligne.

Hypermarché en ligne

Outre le service de vente en ligne dans le domaine de l’immobilier, de l’automobile, et des produits  informatiques, Maurice compte un hypermarché en ligne. Savegenie.mu, le premier du genre, est une plateforme qui permet aux supermarchés locaux de vendre leurs produits en ligne. « Un des avantages de ce concept est que les enseignes n’ont besoin ni de point de vente ni d’espace de stockage supplémentaires à travers l’île. Il permet aux clients de faire leurs  courses en ligne et d’être livrés à domicile », explique Ritesh Abbi, codirecteur de Savegenie.mu.

Emboîtant le pas au secteur privé, le ministère de l’Industrie et du commerce annonce la mise en place d’une plate-forme de commerce en ligne à l’intention des entrepreneurs locaux. Ces derniers pourront y exposer et vendre leurs produits. Cela leur garantirait aussi une visibilité à l’international, selon le ministre Ashit Gungah. Le projet est au stade d’étude de faisabilité.

Jayen Chellum : « N’oubliez pas que vos moindres faits et gestes sont épiés sur Internet »

L’achat en ligne est presque devenu une nécessité dans beaucoup de foyers. Et les défenseurs des droits des consommateurs appellent à plus de vigilance. Jayen Chellum de l’Association des consommateurs de l’île Maurice est catégorique : « Vous n’êtes jamais seul sur Internet. Il y a des cybercriminels qui guettent vos moindres faits et gestes. »

Il n’y a aucune loi régissant l’achat en ligne. Jayen Chellum souligne cependant que les clauses de la Consummer Protection Act s’appliquent à toute transaction – en ligne ou direct – entre un vendeur et un acheteur local. « Pour ce qui est des achats sur des sites Web étrangers, c’est plus difficile. Il faut prendre des précautions. » Il conseille aux cyberacheteurs de :

  1. se renseigner sur le vendeur et son service de distribution
  2. vérifier le prix affiché ainsi que les frais additionnels qui pourraient être appliqués sur le territoire mauricien
  3. fournir le minimum d’informations personnels
  4. ne jamais donner des détails de son compte bancaire
  5. vérifier les  prélèvements de son compte après tout achat 
  6. utiliser un anti-virus à jour
  7. avoir un mot de passe très solide, difficile à deviner.

Pramode Jaddoo : « Cela risque d’engendrer une société de consommation à outrance »

« L’achat en ligne est une nouvelle culture qui ne touche qu’une partie de la population, soit la jeune génération. Loin d’être esclave de cette évolution, le consommateur s’y adapte tout simplement. La génération des plus de 45 ans, moins exposée aux nouvelles technologies, n’est pas du tout familière à l’achat en ligne. Du coup, elle fait encore ses courses de manière traditionnelle », constate l’économiste, Pramode Jaddoo. Affirmant que ce nouveau mode de consommation ne cessera de croître, il met en garde le consommateur.

« L’e-Commerce risque d’engendrer une société de consommation à outrance. Pour cause, vous pouvez acheter n’importe quoi, de n’importe où et n’importe quand. C’est un service 24 heures sur 24. La tentation est donc omniprésente. Les produits sont joliment exposés. Le choix est non exhaustif avec des possibilités de comparaison. Face à cette exposition, le consommateur se laisse facilement tenter. Il finit souvent par acheter ce dont il n’a même pas besoin. C’est là que se situe le danger : l’excès à la consommation. »

Pramode Jaddoo invite le consommateur à faire preuve de prudence et de modération face à ce qui pourrait être une image « mensongère ». L’économiste préconise aussi un cadre légal pour réglementer la pratique du commerce en ligne. « Certes, avec la globalisation, c’est un phénomène inévitable qui sera appelé à entrer dans les mœurs des Mauriciens. Il faut donc prendre toutes les précautions nécessaires pour le respect des droits des consommateurs », conclut-il.

Diavin Gopal : « Il faut se méfier des pop-up publicitaires »

Pour écouler leurs produits, des milliers de petites entreprises à travers le monde passent par les géants de l’e-Commerce, comme Amazon ou eBay, pour ne citer que ceux-là. À Maurice, de telles entreprises peinent à émerger. Et les entrepreneurs qui ont osé le pari opèrent principalement dans le secteur de l’immobilier, du voyage et de l’hôtellerie.

Jumia House, site de commerce immobilier en ligne, a lancé, l’année dernière, Jumia Deals, qui propose une plate-forme de vente en ligne aux Mauriciens. Pour Diavin Gopal, PR Manager de l’entreprise, l’e-Commerce n’est qu’une facilité offerte aux consommateurs qui ne remplacera jamais l’achat direct. « Avec la vulgarisation d’Internet, il ne s’agit que d’avoir une meilleure visibilité et de toucher les acheteurs potentiels qui n’ont pas le temps de faire la tournée des boutiques. Autrement, les Mauriciens aiment sortir en famille pour faire des courses. Cela fait partie de notre culture. » 

Concédant que l’achat en ligne permet d’avoir un plus grand choix, une plus grande flexibilité et de meilleurs prix, Diavin Gopal estime qu’il ne faut pas faire confiance aveuglément. Il conseille de rester vigilant. « Internet est très dangereux et vous n’y êtes jamais à l’abri des hackers. » Ainsi, il recommande de bien vérifier le site d’achat avant toute transaction. Un site de vente doit obligatoirement débuter par https et non http.

Il faut aussi se méfier des pop-up publicitaires pouvant contenir des cookies. « Ce sont des données qui vous reconduisent sur un site, en apparence, identique à celui auquel vous souhaitiez accéder au départ. Il s’agit d’une ruse pour avoir accès à vos données personnelles », explique Diavin Gopal.

D’ailleurs, pour tout achat en ligne, les seuls renseignements à fournir sont ses coordonnées et son numéro de carte de crédit. « Un site qui vous demande des informations confidentielles telles que votre relevé bancaire n’est pas genuine. »

Les magasins traditionnels résistent

Avec l’essor de la vente en ligne et des comparateurs de prix sur Internet, les craintes de voir disparaître les commerçants locaux sont légitimes. Cependant, les avis divergent sur la question. D’autant que le commerce traditionnel offre des avantages qu’aucune technologie ne peut égaler : « Le contact humain, le toucher et l’essayage », souligne Assaad Oulah, propriétaire de magasin.

Raj Appadoo, de l’association regroupant les commerçants, estime, pour sa part, que le commerce traditionnel connaîtra une mort lente si elle n’évolue pas pour face à l’e-Commerce.

« Contrairement aux boutiques traditionnelles, pour vendre sur Internet, on n’a pas besoin d’attendre qu’un client vienne sur place pour trouver un produit. C’est le vendeur qui va vers l’acheteur ou plutôt les acheteurs en grand nombre. C’est ce qui fait toute la différence. »

En chiffres

Selon un sondage de DCDM :

Une personne interrogée sur dix de la tranche d’âge 18 à 40 ans a acheté en ligne au premier trimestre de 2016.

Huit sondés sur dix ont recours à des sites étrangers.

66,7 % des achats concernent les logiciels et les matériels informatiques.

39 % des sondés sont prêts à acheter des produits alimentaires en ligne.

 

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