De violents combats au sol opposent lundi, dans la bande de Gaza, des combattants du Hamas à l'armée israélienne, dont des chars ont mené une opération en lisière de Gaza-ville, au 24e jour du conflit.
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La bande de Gaza, bombardée sans répit par l'armée israélienne en représailles à cette attaque qui a vu aussi le Hamas prendre en otage plus de 230 personnes, est soumise depuis le 9 octobre à un "siège complet" qui prive ses 2,4 millions d'habitants d'eau, de nourriture et d'électricité, ce qui pourrait constituer "un crime" selon la Cour pénale internationale.
Ce conflit a déjà fait des milliers de morts, majoritairement des civils, et menace d'embraser toute la région.
Depuis vendredi, Israël a intensifié ses bombardements sur le territoire palestinien et ses soldats y opèrent également au sol. Dimanche, il a annoncé avoir augmenté le nombre de troupes et l'ampleur de ses opérations dans le but "d'anéantir" le Hamas, que l'Etat hébreu mais aussi les Etats-Unis et l'UE considèrent comme une organisation "terroriste".
Dans ce contexte, "plus de 600 cibles" ont été frappées à Gaza ces dernières 24 heures, a annoncé lundi matin l'armée israélienne. Parmi celles-ci figurent "des dépôts d'armes" et des dizaines de positions de lancement de missiles antichar, selon la même source.
Peu auparavant, l'armée israélienne avait affirmé avoir tué dans la nuit "des dizaines de terroristes qui s'étaient barricadés dans des bâtiments et des tunnels et avaient tenté de les attaquer". Un avion guidé par des soldats au sol a visé un bâtiment "avec plus de 20 terroristes du Hamas à l'intérieur", selon elle. Le Hamas a fait état de "combats intenses" dans le nord de la bande de Gaza, sans donner de bilan.
Faute de journalistes dans ce secteur, il a été impossible pour l'AFP d'en établir un de source indépendante.
"Des dizaines de chars" israéliens près de Gaza-ville
En matinée, des témoins ont indiqué par téléphone à l'AFP avoir vu "des dizaines" de chars israéliens effectuer une incursion dans un quartier en lisière de Gaza-ville, soit de 1,5 à 2 km à l'intérieur du territoire palestinien.
D'après ces sources, les chars, mais aussi l'aviation israélienne, ont bombardé la route de Salaheddine, un axe routier nord-sud, sur un kilomètre environ. Au bout d'une heure, ces forces se sont retirées vers la frontière, toujours selon des témoins.
Le Hamas s'est efforcé de minimiser, sa branche militaire ajoutant avoir riposté en tirant des obus anti-char en direction "de deux blindés".
A Jérusalem, des sirènes d'alerte à la roquette ont retenti dans l'après-midi, et cinq détonations ont été entendues sans plus d'informations à ce stade.
Quelques heures plus tôt, dans la partie orientale de la ville, secteur occupé et annexé par Israël, un assaillant palestinien a été tué après une attaque au couteau dans laquelle un policier israélien a été grièvement blessé, selon la police israélienne.
En Israël, d'après les autorités, plus de 1.400 personnes sont mortes depuis le 7 octobre, essentiellement des civils tués le jour de l'attaque du Hamas. Le mouvement islamiste affirme de son côté, dans un dernier bilan fourni lundi, que 8.306 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis cette même date.
Situation humanitaire "désastreuse"
Dans la bande de Gaza, des milliers de bâtiments ont été rasés et plus de la moitié de la population (1,4 million environ) a été contrainte de se déplacer, d'après la même source.
La situation humanitaire est "désastreuse", a prévenu l'ONU, et les appels se multiplient pour laisser passer l'aide vers ce territoire déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et la prise de pouvoir du Hamas.
Dimanche, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a affirmé "qu'empêcher l'acheminement de l'aide peut constituer un crime".
"Israël doit s'assurer sans délai que les civils reçoivent de la nourriture, des médicaments", a ajouté M. Khan, après s'être rendu au poste-frontière de Rafah, séparant l'Egypte à Gaza, où s'entasse l'aide internationale.
Au total, 117 camions sont passés depuis le 21 octobre, selon un rapport publié lundi par le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), dont 33 dimanche -le convoi le plus important à ce jour.
Mais cette aide est insuffisante, a ajouté l'Ocha. La veille, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) avait mis en garde contre un écroulement de "l'ordre public" dans la bande de Gaza, après le pillage d'entrepôts et de centres de distribution d'aide alimentaire.
L'inquiétude humanitaire porte aussi sur la situation des hôpitaux de Gaza où, selon le Croissant-Rouge palestinien, les bombardements mettent en péril les patients et les milliers de civils qui y sont réfugiés.
Israël accuse le Hamas de se servir des hôpitaux pour cacher armes ou combattants, ce que le Hamas dément.
Quoi qu'il en soit, "nous réitérons qu'il est impossible d'évacuer des hôpitaux remplis de patients sans mettre leur vie en danger", a écrit le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Crainte d'"escalade" au Liban
Samedi, Benjamin Netanyahu a annoncé le début d'une "deuxième étape de la guerre" visant à "détruire" le Hamas et à récupérer les otages. Quatre femmes qui étaient aux mains du Hamas ont été libérées à ce jour.
Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas se sont infiltrés depuis Gaza sur le sol israélien, où ils ont commis l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël en 1948. Ils ont enlevé 239 personnes dont "beaucoup de travailleurs étrangers", selon le dernier chiffre fourni par Israël.
Depuis cette date, le conflit a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée. Lundi, cinq Palestiniens ont été tués à l'aube lors d'un raid de l'armée israélienne à Jénine (nord), d'après le ministère de la Santé local.
Selon cette même source, près de 120 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre en Cisjordanie par des tirs de soldats mais aussi de colons israéliens. Lundi, l'Allemagne a exhorté Israël à "protéger" les Palestiniens de ces "colons extrémistes".
Alors que la communauté internationale redoute un embrasement régional, les tensions restent également très vives à la frontière israélo-libanaise entre l'armée israélienne et des groupes armés pro-palestiniens, dont le Hezbollah.
Ce dernier a annoncé lundi la mort d'un autre de ses combattants, portant à 47 le total de ses membres tués depuis le 7 octobre.
Dans un entretien accordé lundi à l'AFP, le Premier ministre libanais Najib Mikati a lui assuré que son pays faisait son possible pour ne pas être entraîné dans le conflit. "Je crains qu'une escalade n'englobe toute la région", a-t-il dit.
Lundi également, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé plusieurs cibles en Syrie, en réponse à des tirs de roquettes.
L'Iran a pour sa part justifié les attaques menées ces derniers jours contre des bases des forces américaines en Syrie mais aussi en Irak, en évoquant l'aide apporté par Washington à Israël dans le conflit.
© Agence France-Presse
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