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Conditions de travail : zoom sur les supply teachers

ministère de l'Education

Des contrats non-renouvelés, pas de « sick », de « local leaves », ni de congé de maternité. Les conditions de travail des professeurs remplaçants sont difficiles. Les contrats d’une vingtaine d’entre eux n’ont pas été renouvelés à la rentrée.

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Eliana H. est supply teacher. Mère de famille, elle vient d’accoucher et ne bénéficie d’aucun revenu. « C’est dur », avance-t-elle. « Ils ont à la fois besoin de nous pour éduquer les enfants qui représentent l’avenir de demain, mais ils nous réservent un bien mauvais traitement. La plupart du temps dans les écoles, nous sommes considérés comme des stagiaires. Parfois, même les responsables des écoles nous accordent moins de considération. On a l’impression qu’on se sert de nous. Nous avons pourtant plus d’expérience que d’autres, car il nous arrive de travailler dans plusieurs écoles, donc avec des enfants de différents milieux et avec divers bagages académiques. Cela nous aide à mieux assumer en salles de classe. Malheureusement, au niveau des revenus, les choses sont peu reluisantes et c’est vraiment dommage car nous avons nous aussi de la famille qui compte sur nous ».

Les supply teachers des langues orientales au sein du cycle primaire disent beaucoup souffrir de leurs conditions de travail. Ils ne bénéficient pas des local leaves ou de sick leaves. Les enseignantes n’ont pas droit au maternity leave.

En novembre dernier, les supply teachers ont travaillé un seul jour. Ainsi, ils n’ont touché qu’un seul jour de salaire soit Rs 700 ! Heureusement qu’ils ont touché un pro-rata bonus de Rs 13 000 pour le mois de décembre. Mais l’allocation du montant de transport n’a pas été versée.

Ces enseignants qui, soulignons-le, ont entre 8 et 15 ans d’expérience, n’ont pas de fiche de paie. Ainsi, ils ne peuvent s’offrir quelque chose à crédit ou obtenir un emprunt bancaire. Ils n’ont aucun représentant syndical pour défendre leurs intérêts.

Le vendredi 11 janvier dernier, les supply teachers ont soumis, une nouvelle fois, leur cas à l’Equal Opportunities Commission. « Nous avons déposé notre plainte le vendredi 11 janvier. Au lundi 28 janvier, nous n’avions encore reçu aucune acknowledgment letter », observe l’un d’eux.

De son côté, la rédaction a porté le cas devant le ministère de l’Éducation.

Témoignages d’enseignants au chômage depuis la rentrée

Sita : «Recruitement on merits ? Cet argument ne tient pas»

Sita (nom modifié), 28 ans, est supply teacher de langue marathi depuis 8 ans. Cette année, son contrat n’a pas été renouvelé. C’est la première fois qu’elle se retrouve au chômage. Elle est mariée et mère de famille.

Lui a-t-on expliqué pour quelle raison son contrat n’a pas été renouvelé ? « J’ai appris que le ministère de l’Éducation a souhaité confier le poste à des enseignants on merits. Le ministère a ainsi voulu faire appel à des enseignants qui ont fait des études encore plus poussées. Mais ces études poussées, moi-même ainsi que plusieurs de mes collègues les avons faites. C’est le ministère lui-même qui nous avait demandé de upgrade nos qualifications. Nous avons suivi des cours pendant trois ans à l’université et nous allons obtenir notre diplôme en mai prochain. Maintenant, on nous écarte au profit des autres. C’est injuste. L’argument selon lequel nous sommes moins qualifiés n’est pas valable », affirme-t-elle.

Elle rappelle qu’un groupe de supply teachers qui enseignent le hindi sont employés depuis peu. Elle est heureuse pour eux. « Mais pourquoi pas nous-aussi », se demande-t-elle.

Elle ajoute que, dans un premier temps, en 2010, des supply teachers ayant 10 ans de service avaient été employés.

Sita dit qu’à partir de 2012, elle a contribué au National Pension Fund (NPF) et au National Solidarity Fund (NSF).

Devina : désemparée après 15 ans de service

Devina (nom modifié), 38 ans, a été supply teacher de langue télougou pendant 15 ans. Elle a commencé avec un salaire de Rs 8 025 pour arriver à Rs 16 075. Elle n’avait jamais imaginé se retrouver au chômage cette année. Mariée et mère de deux enfants âgés de 10 et 6 ans, elle doit subvenir aux besoins de sa famille. Son mari est électricien avec un salaire de base de Rs 12 000.

Le cas de Devina est particulier. Quand elle était enceinte de son deuxième enfant, le ministère lui a imposé cette condition : elle reprendrait le travail 15 jours seulement après l’accouchement. N’ayant pas le choix, elle a accepté.

Radha : l’instabilité de sa profession l’a empêchée de fonder une famille

Radha (nom modifié), 33 ans, est supply teacher en marathi depuis 2007. L’an dernier, elle enseignait dans une école du gouvernement située sur le littoral est. Elle habite maintenant dans les villes-sœurs, mais auparavant elle habitait les hauts plateaux et de là, elle partait pour Britannia, Surinam, Bel-Ombre puis Mare d’Albert, Bois-Chéri, Vacoas et Highlands. Elle-aussi attend son diplôme en mai. « Vu nos années de service et notre expérience, on devait avoir la priorité sur les nouvelles recrues, mais tel n’est pas le cas », déplore-t-elle.

Elle est mariée mais l’instabilité et ses conditions de travail ne l’ont pas encouragée à fonder une famille.

Radha rappelle que chaque année les supply teachers, contrairement aux autres, doivent passer par des interviews pratiquement chaque année. Parfois deux interviews en une seule année comme en 2016 !

Elle souligne aussi que, quand elle s’absentait, on déduisait jusqu’à Rs 900 sur sa paye. « Ce n’est pourtant pas ce que je touche par journée », dit-elle.

Alors qu’elle et ses collègues sont au chômage technique, Radha révèle qu’il n’y a pas de profs de langue télougou à l’école du gouvernement de Willoughby (Mahébourg) et aussi à l’école de Petite-Julie. Au total, on manque actuellement de profs de télougou dans pas moins de cinq écoles. Et à l’école de Richelieu, il manque d’un prof de tamoul, avance-t-elle.

Veena : elle se retrouve au chômage alors qu’elle a ses frères à sa charge

Veena (nom modifié), 23 ans, enseigne le télougou depuis 2016. Avant de prendre cet emploi, elle avait obtenu une bourse pour des études en Inde qu’elle a déclinée. Elle a préféré s’inscrire pour des cours en télougou pour l’obtention d’un diplôme, mais par manque d’élèves, les cours n’ont pas eu lieu.

Elle soutient qu’elle contribue aux dépenses de la famille, ayant sous sa responsabilité l’éducation de ses deux frères qui sont en Grade 10 et Grade 11 respectivement. Elle paie aussi pour leurs leçons particulières. En plus, sa famille a un emprunt bancaire à rembourser.

Elle-aussi n’a touché qu’une journée de salaire pour le mois de novembre. Et contrairement à ses collègues, elle n’a touché son bonus pour le mois de décembre que lors de la troisième semaine de janvier, après de multiples appels téléphoniques.

Le ministère de l’Éducation plaide la transparence

« Les supply teachers sont recrutés selon des critères bien établis et cela en toute transparence. Ceux voulant des éclaircissements peuvent toujours les obtenir du ministère de l’Éducation en contactant le département concerné », fait-on ressortir.

 

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