La fin de 2017 annonce le moment pour calculer la compensation salariale qui prendra effet en janvier 2018.
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Le premier comité tripartite, présidé par le ministre du Travail, aura lieu ce mercredi, tandis que le Premier ministre présidera la deuxième réunion prévue pour mercredi prochain, où le quantum sera officiellement annoncé. Quant au rapport sur le salaire minimal, il sera probablement dévoilé ce jeudi.
Les travailleurs attendent deux grandes annonces en ce mois de novembre 2017 : le montant de la compensation salariale qui sera payée à partir de janvier 2018 et le niveau du salaire minimal qui sera déterminé par le National Wage Consultative Council.
Deux réunions tripartites sont prévues : l’une aujourd’hui et l’autre mercredi prochain, pour discuter de la compensation salariale. Les syndicalistes du secteur privé, mais aussi du secteur public, doivent soumettre leurs propositions aujourd’hui. Un comité technique, comprenant des représentants des syndicats, du patronat et du gouvernement travailleront ensuite sur le quantum qui sera officiellement annoncé, mercredi prochain, par le Premier ministre.
Entre-temps, les spéculations vont bon train et les travailleurs s’attendent à un montant supérieur à celui de l’année dernière, car cette année, le taux d’inflation est beaucoup plus élevé. Pour rappel, en 2017, ceux qui touchent un salaire mensuel allant jusqu'à Rs 15 000 avaient obtenu une compensation de Rs 200, alors que ceux avec un salaire de
Rs 15,001 à Rs 50,000 ont bénéficié d’une augmentation de Rs 125. La compensation de 2017 représente un budget d’au moins Rs 1,9 milliard.
L’inflation en 2017
Selon le dernier indice des prix de Statistics Mauritius, le taux d’inflation pour les douze mois se terminant au 31 octobre 2017 est estimé à 3,4 %. Le taux d’inflation globale pour l’année 2017 pourrait atteindre 4 %. Cette année, les consommateurs ont connu plusieurs hausses de prix, notamment les légumes, les carburants, les cigarettes et les boissons alcoolisées.
Est-ce que l'on aura une compensation assez forte, en 2018, compte tenu du fort taux d’inflation ? Pour l’analyste Gavin Ng, si l'on analyse les taux de compensation des dernières années et l'on prend en considération du taux d’inflation, nous allons remarquer qu’il n’y a aucune corrélation entre le taux et le montant. « Par exemple, en 2015, nous avons touché Rs 600, alors que le taux d’inflation était de 3,2%. Pourtant, en décembre 2013, quand l’inflation était de 3,5%, on avait payé seulement Rs 300. L’année suivante, avec un taux de 1,3 % on a eu Rs 150 mais en 2016, quand l’inflation est tombée à 1%, on a eu Rs 200 ! Donc, ce n’est pas nécessaire que le montant soit assez conséquent cette année. Tout dépend aussi de la capacité de payer du gouvernement, mais aussi des entreprises privées », explique notre analyste.
Une tradition établie
La compensation salariale est une tradition bien établie à Maurice. C’est un moyen de compenser les travailleurs pour la perte de leur pouvoir d’achat. Chaque année, les travailleurs et les syndicalistes s’attendent à recevoir une compensation adéquate, alors que le patronat et les entreprises craignent qu’un montant trop élevé n’alourdisse les coûts de production.
Salaire minimal : la grande attente
L’autre dossier chaud est le montant du salaire minimal. Les membres du National Wage Consultative Council se réuniront ce jeudi 16 novembre. Tout laisse croire que le montant du salaire minimal sera rendu public cette semaine. Selon les indications, le salaire minimal sera calculé à partir du salaire médian, qui est estimé à Rs 12,800 pour l’année 2017. Entre-temps, il y a eu l’entrée en vigueur de la ‘Negative Income Tax’ qui aura une incidence sur le salaire minimal. Ce nouveau concept peut aider à combattre la pauvreté, mais il peut aussi avoir des effets négatifs: risque de licenciements, poussée inflationniste, délocalisation des entreprises, etc. Le rapport tiendra compte de tous ces éléments.
Feizal Ally Beegun : « Une compensation d’au moins Rs 800 »
Le syndicaliste Feizal Ally Beegun explique qu’il s’attend à un salaire minimal décent pour les travailleurs dont la contribution à l’économie doit être adéquatement reconnue, quel que soit le secteur où ils sont affectés. « C’est malheureux qu’après 50 ans d’indépendance, nous avons toujours des salariés qui touchent moins de Rs 6 000 par mois. Récemment, nous avons vu des cleaners toucher Rs 1 500. On dit toujours que les Mauriciens ne veulent pas travailler dans certains secteurs et on doit avoir recours aux travailleurs étrangers, mais si les Mauriciens ne veulent pas prendre ces emplois, c’est à cause du salaire dérisoire.
S’il y a un salaire minimal au- dessus de Rs 10 000, alors les Mauriciens seront intéressés à travailler dans la construction, la zone franche, etc. », explique le syndicaliste. Et qu’attend-t-il de la compensation salariale ? « Chaque année, les syndicats viennent avec leurs propositions et ensuite le gouvernement impose son chiffre qui ne compense pas la perte du pouvoir d’achat. Cette année, il y a eu une grande perte du pouvoir d’achat et nous estimons que les travailleurs méritent une compensation d’au moins Rs 800. Il faut souligner que la compensation ne concerne pas que les travailleurs, mais aussi les pensionnés, les veuves, les personnes autrement capables, etc.
Si le gouvernement veut effectivement combattre la pauvreté, alors il doit proposer un salaire minimal décent et une compensation raisonnable », dit le syndicaliste. À notre question si les entreprises pourront payer, il indique que c’est au gouvernement de voir cela avec le patronat. « Nous sommes habitués à entendre des arguments de délocalisation, des risques de pertes d’emplois, etc. Je pense que tous les acteurs concernés peuvent s’asseoir autour d’une table pour discuter de la question. »
Darmen Appadoo : « Baisser la TVA »
Darmen Appadoo, travailleur social, estime qu’il ne faut pas passer par quatre chemins pour arriver à une solution afin de compenser les travailleurs, combattre la pauvreté et apporter plus de justice sociale. « Chaque année, on entend que le gouvernement et le secteur privé n’ont pas la capacité de payer une compensation forte. Alors, pourquoi ne pas baisser le taux de la TVA tout simplement, ce qui bénéficiera à tout le monde, en augmentant leur pouvoir d’achat ?
Récemment, on a aussi vu le gouvernement changer les critères de la 'Negative Income Tax', ce qui indique que cette mesure a été imposée à la va-vite et maintenant on y trouve les failles. C’est pourquoi je maintiens que la meilleure solution pour soulager le peuple est de baisser la TVA. »
Inflation et compensation 2007-2017
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*estimation à octobre
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