La compensation salariale, dont le quantum sera dévoilé le 7 décembre, ne sera pas appliquée de manière uniforme à l’ensemble des travailleurs, selon des sources proches du dossier. Il est prévu qu’elle soit versée en fonction du salaire mensuel.
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La hausse du salaire minimum, qui entrera en vigueur en janvier prochain, pourrait influencer la décision concernant la compensation salariale pour l’année 2024, selon des sources proches du dossier. Cette hausse, qui représente une augmentation de 35,4 % du salaire minimum actuel, portera le revenu mensuel minimum de Rs 11 075 à Rs 15 000. Cette mesure, qui vise à réduire la pauvreté et à améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs, pourrait toutefois avoir un effet pervers sur la compensation salariale. En effet, il est possible que certains employés, notamment ceux qui touchent déjà un salaire supérieur au minimum, ne bénéficient pas de cette compensation qui vise à compenser la hausse du coût de la vie. Cette situation n’est pas sans précédent, puisque la compensation salariale est souvent accordée selon un barème de salaire.
Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), rappelle que pour les compensations salariales précédentes, l’application a toujours été faite selon un barème gradué. Cela signifie que ceux touchant moins sont entièrement compensés, alors que ceux dont les salaires sont supérieurs touchent moins. « Il est important de souligner que ceux au bas de l’échelle sont généralement les plus touchés par la hausse du coût de la vie. Si l’on tient compte du coût de l’éducation ou des médicaments, dont les prix grimpent à vue d’œil, cette compensation vient à point nommé », affirme-t-il.
Cependant, le président de l’Apec concède que la hausse du coût de la vie affecte tout le monde indistinctement, du haut gratin qui touche plus de Rs 100 000 par mois au plus bas de l’échelle. « Toute compensation salariale vise à rééquilibrer le ratio entre les plus gros salaires et les plus petits, en passant par la classe moyenne », souligne-t-il. Ainsi, il est d’avis que toutes les parties doivent se retrouver dans une « win-win situation ».
L’économiste Bhavish Jugurnath estime que certaines entreprises pourraient avoir du mal à soutenir une augmentation importante des salaires. « Dans le contexte économique actuel, il ne sera certainement pas possible d’effectuer le paiement en une seule fois. Cependant, cela ne serait pas non plus équitable. Le gouvernement doit chercher un mécanisme approprié pour le verser de manière uniforme », recommande-t-il. Toutefois, il ne s’attend pas à ce que l’État ait besoin d’emprunter pour financer cette compensation.
Dans le même temps, il considère cet exercice comme crucial pour permettre à la population active de compenser la perte de son pouvoir d’achat. « Tout comme nous espérons que cette augmentation de salaire ne contribue pas à alimenter l’inflation », affirme-t-il.
L’économiste Manisha Dookhony est d’avis qu’il est possible que ceux qui gagnent moins auront une compensation plus importante que ceux qui touchent un salaire plus élevé. Pour elle, la raison est claire : ceux au bas de l’échelle dépensent beaucoup dans l’achat de produits de première nécessité (denrées alimentaires et médicaments). « Les prix de ces articles ont grimpé de manière conséquente depuis quelque temps. Ainsi, il faudra leur donner une plus forte compensation pour pallier la perte du pouvoir d’achat », affirme-t-elle.
Le quantum entre Rs 1 000 et Rs 1 200 est-il justifié ?
Dans les coulisses des proches du dossier, on laisse entendre que la compensation salariale effective à partir de janvier 2024 oscillera entre Rs 1 000 et Rs 1 200. Pour le président de l’Apec, le quantum entre Rs 1 000 et Rs 1 200 est plus que justifié. Il est d’avis qu’il faut voir cette compensation salariale sous deux angles : primo sous le plan politique ; deuxio en fonction de la réalité après la COVID-19 et les effets du conflit russo-ukrainien.
« Dans le premier cas, c’est clair que les élections générales sont derrière la porte et avec la situation économique du pays qui s’améliore graduellement, l’État veut sécuriser la classe des travailleurs », dit-il. Et en deuxième lieu, poursuit Suttyhudeo Tengur, la compensation est justifiée en prenant en compte la réalité du coût croissant de la vie. « Les prix ont grimpé de manière vertigineuse. Un exemple : les prix de certains médicaments qui ont augmenté de plus de Rs 100 ou Rs 150 au cours des trois derniers mois », indique-t-il.
Pour sa part, l’économiste Bhavish Jugurnath rappelle que la dernière enquête sur le budget familial remonte à 2017 et visait à déterminer les dépenses mensuelles pour un ménage composé de deux adultes et deux enfants. Depuis, dit-il, de nombreuses considérations économiques ont changé et la réalité économique de 2023 est différente.
Selon lui, les dépenses mensuelles dans cette configuration pourraient atteindre environ Rs 40 000 pour quatre personnes (deux adultes et deux enfants). « En prenant en compte une inflation projetée de 9,2 % pour 2023, le calcul aboutit à un salaire minimum vital de Rs 28 300 pour un individu contribuant, suggérant ainsi qu’une compensation d’environ Rs 2 000 serait appropriée pour eux », explique l’économiste. Ainsi, à cet égard, il est d’avis que la compensation entre Rs 1 000 et Rs 1 200 est justifiée.
Un avis que partage Manisha Dookhony. « La perte du pouvoir d’achat par rapport à un taux d’inflation de 8 % en se basant sur un salaire de Rs 15 000 par mois est d’environ Rs 1 200. Du coup, on peut dire que la fourchette du quantum est bel et bien raisonnable », affirme-t-elle. Toutefois, elle fait comprendre que la perte du pouvoir d’achat n’est pas directement liée à l’inflation.
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