La pression sur le Commissaire de Police, Anil Kumar Dip, bien que soutenu jusqu'ici par le gouvernement, ne faiblit pas. Son maintien en poste durant le déroulement d'une enquête soulève des interrogations, tant au sein de l'opinion publique que dans les milieux politiques.
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Les révélations issues des enregistrements téléphoniques, connues comme les « Moustass Leaks », ont plongé le Commissaire de police, Anil Kumar Dip, dans une situation de plus en plus intenable. De nombreux acteurs politiques et de la société civile réclament sa démission, arguant qu'il est directement visé par ces écoutes. Pourtant, l’intéressé n’a jusqu’à présent donné aucun signe qu’il envisage de se retirer, allant même jusqu’à déclarer, lors d’un point de presse le mercredi 23 octobre, qu’il ne compte nullement s’ingérer dans le déroulement de l’enquête. Mais cette posture de résistance soulève des interrogations : Anil Kumar Dip est-il bien inspiré de rester en poste ?
Pour Sateeaved Seebaluck, ancien chef de la Fonction publique, la gravité des accusations qui pèsent sur le Commissaire de police ne fait guère de doute. « Si ces enregistrements s’avèrent authentiques, il s'agit d’une affaire très grave pour le pays », affirme-t-il. Selon lui, Anil Kumar Dip, en restant à la tête de la force policière durant une enquête qui le concerne directement, se place dans une situation de conflit d’intérêts. « Cette situation pourrait fausser la perception publique de l’impartialité de l’enquête et, dans le pire des cas, compromettre la crédibilité même des investigations », déclare-t-il.
Le fait qu’Anil Kumar Dip soit maintenu en poste pourrait également avoir des répercussions néfastes sur le moral des troupes au sein de la force policière. Sateeaved Seebaluck fait remarquer que si certains éléments corrompus existent dans la police, il y a également de nombreux policiers intègres et dévoués. « Le maintien du Commissaire dans ces circonstances pourrait démotiver ceux qui, eux, se battent pour une police exemplaire. Cela pourrait envoyer un signal très négatif à l’ensemble des forces de l’ordre », prévient-il.
L’affaire « Moustass Leaks » survient également dans un contexte électoral, ce qui complique encore davantage la situation. En tant qu’un des principaux garants du bon déroulement des élections, la police doit jouir d’une confiance totale de la part de la population. Sateeaved Seebaluck souligne que « dans une période aussi sensible, la moindre étincelle peut enflammer le pays », et il est donc impératif que la police inspire confiance. Or, avec un Commissaire de police dont l’intégrité est mise en cause, il devient difficile pour cette institution de remplir pleinement son rôle dans le maintien de l’ordre et la sécurité durant la période électorale.
L'affaire des « Moustass Leaks » soulève aussi des questions cruciales sur l'intégrité des enregistrements diffusés et l’impact politique de leur manipulation possible. L'avocat Samad Golamaully, en première ligne de ceux qui mettent en doute la véracité de ces fuites, souligne que derrière ces révélations, il pourrait y avoir des manœuvres visant à altérer des conversations authentiques. Selon lui, les vidéos publiées en ligne ne reflètent pas nécessairement la réalité, mais des montages conçus pour induire en erreur. « On manipule des véritables conversations, on les édite et on les colmate », avance-t-il, tout en appelant à une réflexion sur la provenance de ces documents numériques.
Pour l’avocat, il est essentiel de considérer les enregistrements dans leur intégralité avant d’émettre un jugement, notamment en ce qui concerne l’implication d’un haut responsable de l’État, comme le Commissaire de Police. « Pour avoir une idée réellement objective, il faut les ‘recordings’ complets, non édités », insiste Samad Golamaully, qui se méfie des manipulations potentielles visant à influencer l’opinion publique et à fragiliser certaines institutions dans ce contexte électoral. Il est ainsi, selon lui, prématuré et injustifié de demander la démission du Commissaire de Police sur la base de ces enregistrements altérés, tant que l'authenticité des preuves n'a pas été pleinement établie.
Samad Golamaully souligne que, par le passé, des responsables placés sous enquête ont pu rester en poste sans interférer avec le processus . L’avocat conclut en mettant en garde contre une précipitation dans le jugement public : « Si ces enregistrements ont réellement été modifiés, il serait irresponsable de baser des décisions aussi graves sur des preuves manipulées. »
Le Police Press Office refuse de commenter
Le Chef Inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office s’est, pour sa part, refusé à tout commentaire face à nos questions concernant le maintien du Commissaire de Police à son poste.
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