Les forces israéliennes traquaient dimanche des centaines de combattants palestiniens infiltrés en Israël et bombardaient la bande de Gaza, après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué une guerre "longue" contre le Hamas, à l'origine d'une offensive inédite lancée la veille.
Plus de 200 morts côté israélien, plus de 300 morts côté palestinien, des centaines de combattants palestiniens infiltrés dans les localités israéliennes limitrophes de Gaza, de nombreux Israéliens enlevés. Pour Israël, cette escalade est la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien depuis des décennies.
L'armée israélienne a annoncé qu'elle évacuerait dans les prochaines 24 heures tous les habitants résidant dans des localités proches de Gaza, territoire sous contrôle du Hamas, ennemi juré d'Israël.
Cherchant à reprendre la main après l'offensive surprise lancée samedi à l'aube en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif, les forces israéliennes traquaient dimanche les combattants infiltrés dans le sud d'Israël et poursuivaient leurs frappes aériennes contre des cibles à Gaza où des bâtiments ont été aplatis.
"Des dizaines de milliers de soldats" sont déployés dans le secteur sud où des "combats héroïques sont en cours pour libérer des otages" et "nous allons (...) tuer chaque terroriste présent en Israël", a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Daniel Hagari.
Les forces israéliennes ont indiqué avoir repris le commissariat de police à Sdérot, après avoir "neutralisé 10 terroristes qui s'y trouvaient".
"La première phase est en train de s'achever [...] par l'élimination de la grande majorité des forces ennemies qui se sont infiltrées sur notre territoire", a déclaré M. Netanyahu en avertissant que "la guerre sera longue et difficile".
Sous le couvert d'un déluge de roquettes tirées sur Israël, les combattants du Hamas, à bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés, se sont joués samedi de l'imposante barrière autour de Gaza, attaquant des positions militaires et des civils en pleine rue.
De nouveau dimanche, les combattants palestiniens ont tiré des roquettes sur Israël.
"Beaucoup de corps"
Israël a été en outre attaqué à sa frontière nord avec le Liban. Le Hezbollah libanais, un allié du Hamas et de l'Iran, a tiré des obus sur un secteur contesté à la frontière, entraînant une frappe de drone israélienne sur une cible du Hezbollah dans le sud du Liban.
En Egypte, deux touristes israéliens ont été tués par un policier qui a tiré sur eux à Alexandrie, selon un média.
En Israël, les autorités n'ont pas précisé le nombre de civils et militaires israéliens enlevés par les combattants palestiniens, mais le site d'information israélien en ligne Ynet avance "une estimation d'une centaine de personnes".
Certains des Israéliens à la recherche de leurs proches, interrogés sur les radios et télévisions, ont dit les avoir vus sur des vidéos d'otages du Hamas à Gaza circulant sur les réseaux sociaux.
Le Hamas et le Jihad islamique, un autre groupe palestinien armé, ont affirmé avoir capturé de "nombreux soldats".
"Ce qui s'est passé est sans précédent en Israël", a reconnu Benjamin Netanyahu, en commentant l'offensive du Hamas.
Les combats ont fait "plus de 200 morts" et "plus de 1.000 blessés" côté israélien, selon l'armée qui a accusé le Hamas d'avoir "massacré des civils" jusque dans leurs maisons.
"J'ai vu beaucoup de corps", a dit à l'AFP Shlomi, un Israélien, à côté de cadavres près du kibboutz Gevim (sud).
Dans la bande de Gaza, 313 Palestiniens ont été tués et près de 2.000 blessés selon le Hamas.
Réunion du Conseil de sécurité
L'offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise, entraînant la mort de 2.600 Israéliens en trois semaines de combats.
Les Brigades Al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché samedi l'opération "déluge d'Al-Aqsa" contre Israël et avoir tiré plus de "5.000 roquettes" pour "mettre fin aux crimes de l'occupation". Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie, un territoire palestinien, et la partie orientale de Jérusalem, et impose un blocus à Gaza depuis plus de 15 ans.
L'armée israélienne, qui a compté plus de 3.000 tirs palestiniens, a déclenché l'opération "Sabres de fer", détruisant des bâtiments présentés comme des "centres de commandement" du Hamas à Gaza.
Selon Médecins sans frontières, une frappe a touché un hôpital, causant des décès.
Israël a suspendu les livraisons d'électricité, de nourriture et de biens d'Israël vers le territoire palestinien.
Les écoles sont restées fermées dimanche, début de la semaine en Israël.
L'attaque du Hamas a été condamnée par les Occidentaux et le président américain Joe Biden a assuré Israël de son "soutien inébranlable".
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir dimanche une réunion d'urgence sur la situation.
Cette offensive a été lancée alors que des négociations entre Israël et l'Arabie saoudite sous l'égide des Etats-Unis, semblaient s'accélérer en vue d'une normalisation, un rapprochement majeur condamné par le Hamas et son allié iranien. L'Iran s'est félicité de l'offensive du Hamas.
Le pape François a demandé que "les attaques cessent" en Israël, disant que "le terrorisme et la guerre ne conduisent à aucune solution".
© Agence France-Presse
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