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Chenille légionnaire : la hantise des planteurs de maïs

Les chenilles légionnaires qui ont ravagé la plantation de Rakesh. Les chenilles légionnaires qui ont ravagé la plantation de Rakesh.
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La menace des chenilles légionnaires a fait beaucoup de bruit cette semaine, avec plusieurs sites identifiés à Maurice en quelques jours. Plus précisément, ceux affectant les plantations de maïs.

Rakesh Huzooree : « 30 % de ma plantation ont été affectés »

Rakesh Huzooree « a la main verte » depuis son enfance. Il s’est pris de passion pour les plantations depuis qu’il a appris le métier auprès de son père.  

Rakesh se rend à la plantation pour voir si les chenilles sont toujours là.
Rakesh se rend à la plantation pour voir si les chenilles sont toujours là.

Aujourd’hui, ce qui l’inquiète, ce sont ces petites bêtes connues comme les chenilles légionnaires d’automne, qui étaient inconnues jusqu’ici des planteurs. C’est un Field Officer de l’Agricultural Research and Extension Unit (Areu) a détecté cette chenille pour la première fois dans ma plantation de maïs lors de sa visite de routine. « Jusqu’à ce qu’il m’expose la gravité de la situation, je n’étais pas au courant des ravages que cette chenille pouvait faire sur les cultures. Cela m’a surpris d’apprendre qu’elle pouvait être à l’origine d’un désastre agricole », affirme-t-il.

 « Comme c’était le premier cas de chenilles légionnaires rapporté, des officiers de l’Areu ont pris la décision de détruire les 30 % de plants affectés, afin d’éviter que l’insecte ne se propage. Du coup, j’ai perdu 30 % de ma plantation, ce qui équivaut à une perte de Rs 60 000 à la valeur actuelle du marché », dit-il.

Rakesh ne s’en remet pas  de la perte.
Rakesh ne s’en remet pas de la perte.

Il est toutefois peiné de n’avoir pu obtenir un service de pulvérisation comme c’est le cas pour la plupart des plantations identifiées après lui. Ce qui, estime-t-il aurait évité la destruction d’une partie de ses cultures. « J’avais proposé qu’on trouve un traitement au lieu de détruire les plantes contaminées. C’est un travail assidu et laborieux qui part en fumée. Cela me fait mal au cœur d’y penser. »
Rakesh Huzooree souligne que, malgré l’aide fournie afin de traiter le reste de sa plantation, il n’arrive pas à surmonter la perte subie. Il se dit découragé et ne songe pas de se lancer de nouveau dans la culture de maïs.

Jayram Ramjee : « Trois mois d’efforts fournis ravagés »

Jayram dans sa plantation.

Jayram Ramjee, père de deux enfants, est dans le secteur agricole depuis une vingtaine d’années. Issu d’une famille nombreuse, il n’a pas eu l’occasion de poursuivre des études secondaires. De ce fait, il a suivi la même voie que sa mère, qui cueillait des feuilles de thé. Aujourd’hui, il travaille dans les champs. Il plante du thé, de la canne à  sucre et des légumes. Récemment, il lui est venue l’idée de se lancer dans la culture de maïs sur une petite superficie. « J’ai voulu tenter l’exploitation du maïs, car celui-ci nécessite peu de traitements en termes de pesticides », explique-t-il .

Il estime que l’intervention de l’Areu lui a été grandement bénéfique malgré une perte de 15 % de ses cultures. « Comme la plupart des planteurs de maïs, j’étais ignorant de cette problématique de chenilles légionnaires. C’est l’Areu qui nous a mis en garde. Ses cadres ont également proposé de venir faire des exercices de pulvérisation afin de limiter les dégâts. De plus, ils ont installé des trappes et on est régulièrement en contact pour un suivi. »

Jayram affirme qu’il faut trouver une solution permanente à ce problème et qu’il est important de travailler main dans la main. « L’Areu nous a beaucoup soutenus, mais j’espère qu’on pourra trouver une solution afin d’éradiquer ces insectes ravageurs de façon radicale. En tant que planteur, c’est choquant d’imaginer trois mois d’efforts fournis ravagés en une fraction de seconde », conclut-il.

Anand Huzooree : « Les dégâts ont pu être limités »

Le cœur de la plante détruite dans la plantation d’Anand.
Le cœur de la plante détruite dans la plantation d’Anand.

Anand Huzooree, planteur chevronné, se dit choqué par cet insecte sorti de nulle part. Il dit n’avoir été mis en garde contre cette nuisance que tout récemment, lors d’un cours sur les pesticides. Lui, qui s’est lancé dans la plantation par passion, se dit aujourd’hui sceptique du niveau de dégâts qu’a provoqué cet insecte, que tous les planteurs de maïs redoutent. « 40 % de ma plantation ont été affectés. Ce pourcentage est assez conséquent. Mais avec les traitements fournis par l’Areu, je peux dire que cela m’aide à sortir la tête de l’eau. Des plantes affectées ont commencé à repousser et cela est attribuable aux traitements, qui ont limité les dégâts temporairement », explique-t-il.

D’ailleurs, il pense se retirer de la scène après la récolte de cette année, jusqu’à ce que la maladie soit sous contrôle. « Puisque c’est un problème récemment détecté à Maurice, je pense qu’il est approprié d’attendre que cela se calme et qu’une solution durable soit trouvée, avant de recommencer la plantation de maïs. » Anand espère que le gouvernement pourra identifier ce problème et proposer une compensation financière aux planteurs qui sont touchés. « Je souhaite ardemment que le gouvernement aide les planteurs de maïs à relever la tête après cette mésaventure. Il nous faut l’assurance que les planteurs seront compensés à la suite de leurs pertes. Ce soutien redonnera espoir aux planteurs de maïs pour la continuité », affirme-t-il avec conviction.

 

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