Entre désespoir et résilience : la déchirante épreuve de la toxicomanie pour les familles. C’était le thème de l’émission « Au cœur de l’info », animée par Prem Sewpaul, sur Radio Plus, le 20 juin. Plusieurs parents dont les enfants ont fait l’expérience de l’enfer de la drogue ont témoigné à visage découvert.
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Chantal, la mère d’un fils toxicomane, est meurtrie, car son fils est mort il y a quelques mois. Elle ne cache pas sa colère envers les « marsan ladrog ». « Mo zanfan ti dan ladrog. Zordi linn mor. Marsan ladrog pou retourn mwa mo zanfan ? », demande-t-elle. Elle pleure toujours son fils. « Mo ankor plore, mo pou touzour plore », ajoute-t-elle.
Selon elle, la drogue a anéanti toute sa famille. « Ladrog inn fer boukou dega ». Au point que son fils était devenu un paria, poursuit-elle. « Kan ena maryaz, fami dir mwa vinn tousel, to zanfan non », relate-t-elle. Finalement, elle préférait ne pas y aller.
Marianne raconte que son fils de 27 ans se drogue depuis l’âge de 15 ans. Elle parle d’un « calvaire » pour toute la famille. « Il nous a volé Rs 100 000 à Rs 150 000 », témoigne-t-elle. Marianne indique que l’argent mis de côté pour la scolarité de sa petite fille a été dépensé pour son fils. « Kan li pena ladrog, li malad, li kriye, tap so latet dan miray ek kraz tou seki li ganye », poursuit Marianne.
Dormir dans une niche
Elle ajoute qu’elle a entrepris de nombreuses démarches pour le sortir de cet enfer. « Me ti pe fer enn pa en avan ek de pa en aryer », poursuit-elle. La situation s’est tellement détériorée que son fils a fini en prison et ensuite il s’est retrouvé à la rue. « Il en est venu à dormir dans la niche du chien. « Enn gramatin boner monn al ouver laport, mo trouv li pe dormi dan lakaz lisien. »
Marie Josée est, elle aussi, la mère d’un toxicomane. Et celui-ci a volé tout ce qu’il trouvait dans la maison. « Il prend des choses dans la maison », dit-elle. Elle dit que son fils a été arrêté par la police alors qu’il achetait de la drogue. Elle ajoute que son fils n’était pas stable dans son travail et dans sa vie personnelle. « Tantôt il louait une maison, tantôt il habitait chez sa belle-mère. Ariv enn moman, misie madam ti pe dormi lor sime », avance-t-elle. Marie Josée explique que sa fille a tenté de lui venir en aide, en vain.
Claude, ancien joueur de football professionnel, parle de son fils toxicomane comme d’une personne très méticuleuse dans son travail de soudeur. Malheureusement, il est, lui aussi, devenu dépendant de la drogue. « J’ai acheté des vêtements neufs pour la fête de la Vierge. Il a vendu ses vêtements ainsi que les miens », fait observer Claude.
« Tou inn tom dan delo »
Le père indique qu’il a pourtant multiplié les démarches pour venir en aide à son fils. « Je l’ai emmené deux fois par semaine dans un centre pendant trois mois. À un moment donné, il devait y vivre. Je lui ai tout acheté. C’était comme si quelqu’un partait en voyage à l’extérieur. Mais dès le lendemain, il m’a appelé pour venir le chercher. (...) Tou in tom dan delo », déplore-t-il.
Marie indique que son fils avait tout pour réussir. « Il était intelligent. Il était comptable. Il a fait la fierté de son collège, il était un bon sportif, un bon scout, un bon vivant », dit-elle. Ce qui ne l’a toutefois pas empêché de sombrer dans l’enfer de la drogue. « Il s’est laissé influencer », estime-t-elle.
Elle indique qu’elle a beaucoup souffert en tant que mère. « Monn bizin subir tou tousel. Tou tom lor mama. Je n’ai cependant pas baissé les bras. J’ai lutté au point de finir à l’hôpital psychiatrique », dit-elle. Marie explique qu’elle donnait malgré elle de l’argent à son fils pour qu’il achète sa drogue, par peur qu’il ait des démêlés avec la police.
Dr Luxmi Taukoor : « Nous n’avons pas de solution miracle »
Le Dr Luxmi Taukoor de la Harm Reduction Unit du ministère de la Santé explique « qu’il n’y a pas de solution miracle » pour sortir un toxicomane de la dépendance. « Je mentirais si je disais qu’il existe un traitement pour éliminer la dépendance », concède-t-il. Pour le médecin, la dépendance est un problème très complexe. « Les traitements médicaux ne comptent que pour 25 %. Ce sont la famille du patient et son environnement qui doivent gérer les 75 % restants », estime-t-il. La Harm Reduction Unit propose des thérapies familiales et de couple, avec le soutien de médecins et de psychologues. « Nous leur expliquons que la dépendance est une maladie. (...) Pliss konpran ki zanfan la ganye, pliss kapav manage li », fait-il ressortir.
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