Chandra Rungasawmi, président de la Mauritius Tax Payers’ Association (MTPA), revient dans l’entretien suivant sur les mesures fiscales du Budget 2017-2018. La MTPA est en faveur de la fin du taux d’imposition unique à 15 %.
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Le budget 2017-2018 est-il en faveur des contribuables ?
Oui, parce que depuis 2007, l’exemption pour la troisième personne à charge était plafonnée à Rs 40 000. Tous les ministres des Finances qui se sont succédé n’ont jamais revu le montant. En tant que ministre des Finances et Premier ministre, Pravind Jugnauth a plus de marge de manœuvre. C’est pourquoi, il a approuvé notre demande en ce sens. L’exemption pour la troisième personne à charge augmente de Rs 15 000 et cela est bien. En comptant les autres augmentations, un parent avec trois enfants aura une exemption additionnelle de Rs 30 000.
La MTPA avait suggéré la fin du taux d’imposition unique avec quatre barèmes. Pravind Jugnauth a fait un premier pas en ce sens en créant la taxe de solidarité. C’est la première fois que le taux unique est remis en question. On a ajouté l’imposition sur les plus aisés, il faut maintenant en retirer aux contribuables les moins riches. Autres bonnes mesures : l’impôt négatif sur le revenu et l’exemption sur les revenus imposables des salaires payés aux employés de maison. Ces employés sortiront ainsi du secteur informel. Ensuite, on a augmenté les plafonds d’exemption sur les revenus imposables des primes d’assurances santé.
« Un contribuable sans personne à charge qui touche Rs 30 000 par mois, paiera la moitié d’un mois de salaire comme impôt. C’est beaucoup... »
Pour en revenir au taux d’imposition unique, la MTPA avait préconisé l’introduction de quatre taux à 5 %, 10 %, 15 % et 17 %. Pensez-vous que cette mesure pourrait un jour être introduite ?
À Maurice, nous sommes à contre-courant des pays modernes. Tous les pays d’Europe et Singapour, qui est souvent cité comme modèle, ont introduit des barèmes progressifs. Malgré les nombreuses voix qui se sont élevées à Maurice, tant du côté des syndicalistes que du secteur privé, un seul économiste mauricien est contre ce système. Selon moi, le système à taux unique est injuste. Prenez un contribuable sans personne à charge qui touche Rs 30 000 par mois. Il paiera la moitié d’un mois de salaire comme impôt. Pour un salaire de Rs 30 000, c’est beaucoup. Dans le cas d’un contribuable sans personne à charge qui gagne Rs 300 000, la moitié d’un mois de salaire comme impôt ne va pas l’affecter. C’est en gardant le taux unique qu’on appauvrit la classe moyenne.
Ne pensez-vous pas que l’impôt négatif sur le revenu est une forme d’assistanat ?
Oui, ça l’est. C’est aussi un aveu que le gouvernement ne peut trouver un salaire minimal. Tous les travailleurs touchant moins de Rs 10 000 auront une subvention de l’État, s’ils répondent aux critères. On réalise donc que Rs 10 000 auraient dû être le montant du salaire minimal. Le maximum que peuvent gagner les gens avec cette mesure est de Rs 1 000, mais ils peuvent gagner moins, soit Rs 500. De plus, pour y être éligibles, ils doivent contribuer au National Pensions Fund (NPF). Certains devront payer le NPF pour n’obtenir qu’une centaine de roupies. C’est insuffisant. Certes, c’est une forme d’assistanat. L’inégalité sociale risque d’avoir de graves conséquences si Maurice entre en récession.
Eric Ng estime que la Solidarity Levy rapportera moins de Rs 100 millions par an. Quel est votre avis ?
Seuls la Mauritius Revenue Authority (MRA) et l’État ont ces statistiques. Attendons de voir les retombées. Soyons solidaires avec ceux qui sont les moins payés, soyons solidaires pour une égalité sociale. Les contribuables qui paieront cette taxe ont des revenus mensuels au-delà de Rs 300 000. C’est juste qu’ils contribuent plus. À la MTPA, nous avions demandé encore plus. Nous avions suggéré de taxer les villas luxueuses hors des villes. Cela aurait rapporté plus d’argent, parce que dans les endroits comme Tamarin, Flic-en-Flac, Grand-Baie et Côte d’Or, les propriétaires ne paient pas de taxes immobilières. La MTPA continuera de se battre pour l’application de cette mesure. Maurice est désormais devenu une grande ville. Commençons par taxer les maisons qui valent plus de Rs 10 millions, cela va développer certains endroits.
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