Lors du meeting du 1er-Mai, Xavier-Luc Duval a exprimé vigoureusement son insatisfaction quant à « la manière dont les recrutements sont faits par le gouvernement ». S'il est vrai que « la méritocratie doit toujours prévaloir » et que « tous les enfants doivent avoir les mêmes opportunités », comme il avait aussi affirmé, force est de constater cependant que les chances égales ne produisent pas toujours, trop souvent même, les mêmes résultats.
Le concept d'égalité, en effet, n'est qu'illusoire. Inscrite dans les gènes, la différence entre individus détermine leur capacité tant physique qu'intellectuelle tant et si bien que chaque élève ne peut exceller sur le plan éducatif, entre autres. C'est pourquoi tout système d'enseignement mettant l'emphase sur le côté académique – comme c'est le cas chez nous, bien que l'introduction du HSC-pro pourrait toutefois y apporter un bémol – est susceptible de produire un taux d'échec important avec toutes les conséquences que cela comporte sur la sécurité publique et la stabilité sociale.
Par conséquent, au niveau de l'école, tous les dispositifs nécessaires doivent être envisagés afin que la différence entre enfants ne devienne un vecteur d'inégalités, voire de la pauvreté. Ainsi, le programme scolaire doit essentiellement se mettre au diapason des différentes aptitudes des élèves, ce dans le but de permettre leur orientation, à divers niveaux du parcours scolaire, vers leurs filières de prédilection – technique, académique ou vocationnelle – comme c'est le cas d'ailleurs dans de nombreux pays. D'autre part, l'on n'introduit pas le nine-year schooling alors que les niveaux des collèges, excluant les Académies, demeurent foncièrement très inégaux.
Ensuite, au niveau socio-professionnel, c'est la politique d'inclusion qui, à tout prix, doit primer. Le PMSD, qui avait fait de l'EOA son cheval de bataille, s'est, paraît-il, très vite rendu à l'évidence que cette législation ne constitue pas une panacée pour le rétablissement de l'équilibre dans le domaine de l'emploi par rapport à la représentation de différentes composantes de notre société. L'on parle même de discrimination alors que la barrière de qualifications académiques imposées par la PSC et autres organismes de sélection et qui est indéniablement rehaussée par le sempiternel critère de « best qualified candidates » s'avère infranchissable pour bon nombre de nos concitoyens. Peut-on, dans ce contexte, également pointer du doigt Cambridge pour discrimination ?
Certes, l'intention de nos dirigeants, en votant l'EOA en 2009, était fort louable. L'objectif, selon le programme gouvernememntal de juillet 2005, était de « promouvoir la méritocratie dans le but d'assurer l'équilibre dans le domaine du recrutement, de la promotion et du développement de carrière dans les secteurs public et privé ». Or, force est de constater aujourd'hui, que cet objectif est loin d'être atteint et dans certains cas, cette législation a même produit un effet boomerang. Car le principe d'égalité des chances se fondant sur la règle universelle du mérite place tous les concurrents indistinctement sur la même ligne de départ et il est évident qu'une telle compétition est toujours sujette à la loi du plus fort. Osons le dire : c'est rien d'autre qu'une dose de discrimination positive qui rétablirait la couleur de notre arc-en-ciel dans le secteur professionnel à Maurice. Or, quand les différences innées des individus sont instrumentalisées pour évoquer la discrimination et l'injustice, c'est bien le sentiment communautariste qui est attisé. Car, dans un pays comme le nôtre avec une sensibilité ethnique à fleur de peau, où l'unité ne représente que le vernis de la structure sociale, la moindre perception d'ordre communal est susceptible de provoquer un véritable psychodrame.
Finalement, bien que des mesures prises depuis décembre 2014 pour combattre la fracture sociale ne peuvent être éclipsées, c'est à la base même, au niveau de l'emploi, que tous les efforts doivent être concentrés afin d'atténuer, autant que faire se peut, les conséquences des inégalités sur la société. Bref, l'assainissement social requiert un sursaut national – et non pas sectaire – impliquant la mobilisation de toutes nos ressources car il constitue le socle même du développement et du progrès.
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