Certains hauts gradés ne sont pas soumis à des fouilles à la prison : Le gardien Lalande confirme les propos de Peroomal Veeren

Jean Wilfred Lalande, gardien de prison basé à GRNO, est venu confirmer, devant la commission d’enquête, les dires du caïd Peroomal Veeren. Il a déposé devant la Commission Lam Shang Leen le lundi 14 août et a précisé que certains hauts gradés ne sont pas soumis à des fouilles à la prison.

La 275e séance de la Commission d’enquête sur la drogue a été marquée par la déposition d’un quinzième gardien de prison. Jean Wilfred Lalande, natif de Rodrigues, a été convoqué en raison des appels échangés avec l’ancien prisonnier Gerald Prosper. Cet officier de la prison du Grande-Rivière-Nord-Ouest (GRNO) devait également s’expliquer sur les ‘cash deposits’ sur son compte bancaire à l’île Rodrigues.

Fait saillant de cette audition : le gardien de prison Lalande est venu confirmer les propos du caïd Peroomal Veeren. Ce prisonnier avait indiqué, jeudi 10 août, à la Commission que des hauts gradés ne sont pas soumis à des fouilles lorsqu’ils rentrent dans l’enceinte de la prison. Et ce lundi, le président de la Commission Paul Lam Shang Leen a demandé à l’officier Lalande si certains hauts gradés ne sont pas soumis à des fouilles. Le gardien de prison a souligné que certains ne sont pas fouillés. Le trafiquant Peroomal Veeren avait, pour rappel, allégué que des hauts gradés qui apportent des téléphones portables et de la drogue à la prison.

Extraits de son audition

Paul Lam Shang Leen : Vous avez été convoqué car la Commission a retracé votre numéro portable. Votre numéro est bien le 5713xxxx ?

Wilfred Lalande : Oui, c’est exact.

PLSL : Vous saviez que si vous communiquez avec un détenu à la prison vous commettez  une offense ?

W. L. : Oui, Votre Honneur.

PLSL : Malheureusement pour vous, votre numéro a été retracé après la saisie des portables à la prison. Vous avez reçu un appel téléphonique de plus de deux minutes.

W. L. : Je reçois des appels sur mon cellulaire. Bien souvent mes amis me font des plaisanteries en raison de mon emploi.

PLSL : Mais la personne qui vous a appelé, l’a fait à trois reprises. Vous êtes né à Rodrigues ?

W. L. : Oui.

PLSL : Et vous avez un compte bancaire

W. L. : Oui, Votre Honneur.

PLSL : De temps en temps, vous transférez de l’argent sur ce compte. Est-ce exact ?

W. L. : Effectivement.

PLSL : Mais ce qui intrigue la Commission, il y a eu des ‘cash deposits’ de janvier à décembre 2016.

W. L. : Silence…

PLSL : Nous avons relevé qu’une somme de Rs 2 000 a été versée en janvier, Rs 10 000 et  Rs 5 000 en février, Rs 9 000 en mars et septembre et une autre de Rs 7 000 en décembre.

W.L. : J’avais contracté un emprunt auprès de la Mutual Aid. Par la suite, j’ai envoyé de l’argent à Rodrigues.

PLSL : Mais c’était des ‘cash deposits’. Si c’était des transferts, nous aurions vu. Allez voir votre compte et c’est à vous de nous expliquer.

W. L. : D’accord.

PLSL : Qui est Mademoiselle Meunier ?

W. L. : C’est la mère de mon enfant.

PLSL : On voit qu’elle avait mis de l’argent sur votre compte.

W. L. : Elle m’avait aidé…

PLSL : Et qui c’est Madame Lebrasse ?

W. L. : Mon ex.

PLSL : Elle a aussi mis de l’argent sur votre compte. Vous êtes très chanceux (rires dans la salle d’audience). Connaissez-vous l’ancien prisonnier Gerald Prosper ?

W. L. : Oui, je l’ai vu à la prison.

PLSL : On soupçonne que c’est lui qui a été en contact avec vous. Deux fois dans la journée et deux fois dans l’après-midi. En 2014, vous avez acheté une moto de 125 CC. Combien l’avez-vous payée ?

W. L. : Rs 149 000.

PLSL : 149 CC ! C’est puissant ?

W. L. : (Rires)

PLSL : C’est pour cela que nous vous avons convoqué. À vous de nous expliquer sur cette communication et votre compte bancaire.

W. L. : Oui, Votre Honneur.

Ravind Domun : Connaissez-vous Gerald Prosper ?

W. L. : Oui, il m’avait déjà approché…

R.D. : Le 29 juillet, des échanges de communication ont été effectués pendant plus de deux minutes.

W. L. : À ma connaissance, je n’ai jamais été en contact avec lui.

Sam Lauthan : Monsieur Lalande, cette communication intéresse la Commission. Vous êtes le 15e gardien de prison à être convoqué. Le 29 juillet, il vous a appelé à 18 h 20 et la communication a duré 34 secondes. Et huit secondes plus tard, c’est vous qui l’avez appelé.

W. L. : Silence…

PLSL : D’après votre expérience, nous avons appris que certains hauts gradés ne sont pas soumis à des fouilles lorsqu’ils rentrent à l’intérieur de la prison.

W. L. : Certains sont fouillés et d’autres non. Si des supérieurs débarquent après 19 heures, soit après la fermeture de la Search Room, des officiers hésiteraient à les fouiller.

PLSL : Et les détenus Red Band, sont-ils libres de circuler sans être même soumis à une fouille ou sans surveillance ?

W. L. : S’ils sont à l’extérieur, c’est automatique qu’ils soient sous surveillance. Sinon ils accomplissent des tâches administratives à l’intérieur et ils peuvent circuler de bloc en bloc.