C’est à un état des lieux des Droits humains à Maurice que Radio Plus, en partenariat avec l’Union européenne, a convié le public, le mardi 10 décembre 2019, au Rajiv Gandhi Science Centre, à Bell Village. Animée par Priscilla Sadien, l’émission a réuni Vincent Degert, délégué de l’Union européenne à Maurice, le Dr Jonathan Ravat, anthropologue et membre de la National Human Rights Commission, Céline Lemmel, chef de mission de l’Organisation internationale pour la migration et représentante du Système des Nations Unies, et Rajen Bablee, directeur exécutif de Transparency Mauritius.
Publicité
Le respect de la Déclaration universelle des droits humains : utopie ou réalité ? La question posée lors du forum-débat organisé par Radio Plus a eu le mérite d’interpeller les quatre panélistes sur la position de Maurice au sujet de cette déclaration dont on fêtait le 61e anniversaire le mardi 10 décembre 2019. Céline Lemmel, a fait d’emblée ressortir le caractère de ces droits qui restent déclaratifs et non obligatoires. À ce titre, Vincent Degert a précisé que tous les pays n’appliquent pas la reconnaissance des conventions. Citant l’exemple de Maurice, il a fait ressortir que la nature du droit mauricien, britannique et français, doit être prise en compte pour l’inscription de la convention dans notre corpus légal. « En Europe, la convention prévaut sur le droit national, pas à Maurice », a-t-il indiqué.
Jonathan Ravat, pour sa part, a souligné qu’il ne désespère pas de voir Maurice adopter l’ensemble des conventions et traités contenus dans la Déclaration universelle des droits humains, même s’il y a des enjeux politiques et électoraux. « C’est un événement incontournable, on ne peut pas baisser les bras, car pour la première fois, l’humanité a réussi à mettre sur papier un idéal commun », a-t-il fait observer.
Vincent Degert a, lui, mis l’emphase sur les circonstances qui ont donné naissance à la Déclaration universelle des droits humains au sortir de deux guerres mondiales où « la solution finale visait à l’extermination d’un peuple en raison de sa religion. » « Les nations ne veulent pas que cela se reproduise », a-t-il ajouté soulignant les avancées de la ‘Déclaration’ : le seul texte au monde traduit en 500 langues et 18 traités et conventions qui se déclinent en différentes catégories relatives aux droits. « Mais comment les appliquer est une autre affaire », a-t-il nuancé, avant de décrire ces 30 articles comme « un paquet complet » qu’on ne peut pas segmenter.
Pour Rajen Bablee, le respect des droits humains est indissociable des réalités sociale et économique et relève parfois d’abus systémiques liés au capitalisme. Le fossé entre riches et pauvres impacte de façon indirecte la gouvernance, estime-t-il.
Children’s Bill
Au registre de la responsabilité criminelle et de l’âge légal du mariage, Vincent Degert a salué la présentation en première lecture à l’Assemblée nationale du Children’s Bill, repoussant l’âge légal du mariage. « Est-ce qu’un adolescent est un individu mûr à 16 ans ? », a demandé Priscilla Sadien. À cette question, un panéliste a fait valoir l’opinion d’un « consentement éclairé, l’enfant devant savoir à quoi il s’engage ». Jonathan Ravat a inscrit cette problématique dans le contexte postcolonial qui explique en partie la discrimination sournoise dont les femmes font l’objet. À cette dimension historique, s’ajoute le fait que « certaines religions ont rendu taboues les questions sexuelles ». Face à cette situation et tout en reconnaissant une « libération de la parole et un avancement relatif facilité par les technologies modernes de communication », il prône une « éducation du corps intime ».
À l’heure des questions, un membre de l’assistance a soulevé la question de la pratique de l’excision dans la partie subsaharienne de l’Afrique en s’interrogeant sur le « relativisme culturel ». À cette remarque, Céline Lemmel a soutenu que « la Déclaration universelle des droits humains n’est pas négociable » tout en soulignant toute la difficulté qui réside dans sa mise en œuvre.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !