70 % à 75 % des coraux plantés à Mahébourg dans le cadre d’un projet de restauration de coraux sont morts. C’était à la suite des cyclones Belal et Candice. C’est ce que révèle un rapport de l’Albion Fisheries Research Centre.
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Ce document en date de février 2024 indique que deux nurseries coralliennes situées dans la zone de réserve de pêche de Grand-Port ont fait l’objet d’une évaluation à la fin de janvier. C’était pour évaluer les dégâts provoqués par les deux cyclones. Ces deux sites avaient été confiés à deux organisations non gouvernementales : Eco-Sud et Reef Conservation, dans le cadre du projet « Restoring Marine Ecosystem Services by Rehabilitating Coral Reefs to Meet a Changing Climate Future ». Le projet était financé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
L’enquête de surveillance écologique a été menée sur les nurseries coralliennes d’Eco-Sud et de Reef Conservation par des préposés du Centre de recherche sur la pêche d’Albion. Elle a permis d’observer que les tables et les cordes utilisées pour accrocher les coraux sur le site de Mahébourg étaient lourdement couvertes de sédiments d’origine fluviale. C’était à cause des fortes pluies associées aux cyclones Belal et Candice. En revanche, pour le site de l’Ile-aux-Aigrettes, les coraux étaient particulièrement affectés par le blanchissement. Les colonies coralliennes en dehors des nurseries coralliennes étaient également massivement couvertes de sédiments d’origine terrestre.
Selon le rapport, les nurseries coralliennes d’Eco-Sud ont subi environ 70 % de mortalité des coraux en raison de la sédimentation. Sur le site de Mahébourg, approximativement 90 % des coraux sont morts en raison de la sédimentation. Sur le site de l’Ile-aux-Aigrettes, quelques 35 % des coraux sont morts partiellement en raison de la sédimentation et du blanchissement. Les 65 % restants étaient partiellement blanchis, mais vivants.
Pour les deux sites de Reef Conservation, les préposés ont noté que les nurseries coralliennes ont enregistré approximativement 75 % de mortalité des coraux. Quelques 95 % des fragments de coraux sur le site de Mahébourg sont morts en raison de la sédimentation. Sur le site de l’Ile-aux-Aigrettes, environ 25 % des coraux sont morts. Les 75 % restants étaient encore vivants, mais partiellement blanchis.
Vasisht Seetapah : « Nos récifs coralliens et les fermes de coraux ont du mal à survivre»
Sollicité pour une réaction, Vasisht Seetapah, Acting Head of Scientific Dept d’Eco-Sud, indique que les chiffres avancés dans le rapport de l’Albion Fisheries Research Centre confirment leurs observations. « (…) En janvier, nous avons fait face à un phénomène inédit lié au cyclone Belal. Une combinaison de facteurs a causé un déversement sans précédent d’eau douce dans le lagon de Grand-Port. Le changement de salinité a été si brusque et fort que les récifs coralliens du lagon, ainsi que nos fermes de coraux, ont eu du mal à survivre. En effet, 63 % des coraux de nos fermes, qui totalisaient environ 21 500 fragments avant Belal, n’ont pas survécu à ce phénomène », explique-t-il. Vasisht Seetapah indique qu’il a fait le même constat sur les sites de Trou-Capitaine et de Trou-Mootoo, près de l’Île-aux-Aigrettes.
L’Acting Head of Scientific Dept d’Eco-Sud dit qu’il est à mi-parcours du projet. L’objectif est d’atteindre 80 000 fragments de coraux transplantés d’ici 2026 dans le parc marin de Blue-Bay. La superficie est de 1,6 ha. « Cependant, nous voulons éviter de répéter les mêmes erreurs », avance-t-il.
Ainsi, parmi les 37 % de coraux qui ont survécu, certaines espèces qui ont montré une meilleure résistance et résilience seront priorisées. Elles seront cultivées dans les futurs sites de restauration similaires qui ont été touchés par le même phénomène. « En outre, nous allons bientôt implanter un nouveau site de pépinières dans la région de Blue-Bay. Il prendra en compte les impacts de Belal pour offrir une protection accrue », dit-il.
Financement de USD 9 millions
Le projet « Restoring marine ecosystem services by rehabilitating coral reefs to meet a changing climate future » est financé par le PNUD à hauteur de presque USD 9,1 millions. Il cible trois îles : Maurice, Rodrigues et les Seychelles. L’objectif est triple :
- Améliorer la sécurité alimentaire et la réduction des risques liés aux catastrophes naturelles grâce à la restauration des récifs dégradés ;
- La gestion et le partage des connaissances, la formation et la sensibilisation pour renforcer les capacités régionales en matière de restauration durable des récifs ;
- La mise en place d’installations de culture et de pépinières coralliennes.
Nous avons aussi cherché à obtenir les commentaires de Reef Conservation sur le sujet. Un courriel leur a été adressé en ce sens. À l‘heure où nous mettions sous presse, nous n‘avions pas encore obtenu de réponse.
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