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« Cash grant » au lieu de fournitures scolaires : la grosse galère des parents

La décision de remplacer la distribution des matériels scolaires aux enfants démunis par un « cash grant » ne fait pas l’unanimité.

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Cette décision du ministère de l’Intégration sociale rend sceptiques de nombreux parents. Ils disent toujours attendre l’argent promis pour acheter les fournitures d’école de leurs enfants. Entre-temps, ces derniers restent privés de manuels scolaires.

La grogne gagne de nombreux parents. Ils se disent tourmentés, condamnés à poireauter pour obtenir la subvention promise à leurs enfants : soit Rs 1 500 pour les enfants du préscolaire et Rs 2 000 pour ceux du primaire et du secondaire.

C’est le cas de Fabiola Silva, femme au foyer de 46 ans, habitante de Flacq. Elle a trois fils, le benjamin est en Form V. « Depuis dix ans, je bénéficie de l’aide sociale pour mon enfant. Depuis le standard V, il recevait des fournitures scolaires. Décision a été prise par le ministère de subventionner les élèves au lieu de leur fournir le matériel scolaire dont ils ont besoin. J’ai vérifié. Mon nom figure sur la liste de la National Empowerment Foundation (NEF) pour l’obtention d’une aide financière pour l’achat des fournitures scolaires », nous confie Fabiola.

Mais chaque fois qu’elle réclame la subvention en question, dit-elle, l’officier lui confirme que si son nom figure bien sur la liste, elle doit encore attendre pour obtenir la somme promise. « Jusqu’à quand ? », interroge-t-elle.

« Mon fils ne va pas à l’école pour l’instant, car il n’y a rien reçu : pas de manuels scolaires, ni chaussures, ni sac ni même d’uniforme. J’ai fait part de mes doléances au recteur de son collège. Ce dernier m’a déclaré que mon fils devait reprendre l’école cette semaine », soutient la quadragénaire. « Comment faire sans cette allocation ? Entre-temps, c’est mon fils qui est puni et privé d’études », se lamente-t-elle.

À Bel-Air-Rivière-Sèche, Marie Noëlle Richard, 54 ans, ne sait pas vers qui se tourner pour réclamer de l’aide. Cette jardinière temporaire a la charge de quatre petits-enfants, âgés entre 3 et 8 ans. Ces derniers fréquentent l’école du gouvernement de la localité.

« Je me suis enregistrée sous le registre social. J’ai même reçu une lettre du ministère m’informant que l’allocation a été déjà créditée sur mon compte bancaire. Mais, lorsque j’ai vérifié, il n’y avait aucune trace du paiement », affirme Marie Noëlle Richard. « Mes quatre petits-enfants n’ont aucun matériel scolaire. Ils utilisent des fournitures usées pour le moment. Ils sont contraints de réutiliser les sacs abîmés et les chaussures trouées », se désole la quinquagénaire.

Par ailleurs, Govinda Permal, âgée de 43 ans, est une autre mère tourmentée. Elle avance que son fils fait face à des situations embarrassantes. « Mon fils est en Form II. Privé de ses manuels et autres fournitures scolaires, il connaît actuellement de nombreux inconvénients. Il ne peut compléter ses exercices, car il n’a pas ses manuels », déplore l’habitante de Cité Barkly, « On a toujours bénéficié de l’aide sociale. C’est la première fois qu’une telle chose se produit. Je suis femme au foyer. Suite à des problèmes personnels, je n’arrive plus à trouver un emploi », confie Govinda. Elle dit compter sur la solidarité de ses proches pour fournir à son fils ce dont il a besoin. « Toutefois, il lui manque beaucoup de choses », dit-elle.

Ne pas stigmatiser les démunis

Du côté du ministère de l’Intégration sociale, on fait valoir que l’objectif de cette mesure est de responsabiliser les familles sur la gestion de leur budget. « La priorité du ministère est l’autonomisation des familles vulnérables et cela commence par la confiance. Il est important que les parents aient la liberté de choisir ce qu’ils souhaitent acheter pour leurs enfants. Il faut aussi noter que la décision a été prise d’effectuer le paiement par virement bancaire afin de ne pas stigmatiser les enfants dans le besoin en leur distribuant les matériels scolaires en public », souligne une source du ministère.

« 8 340 familles, qui sont enregistrées au registre social, ont reçu leur allocation le 3 janvier. Pour les familles éligibles sous l’ancien seuil de pauvreté, c’est-à-dire, Rs 6 200 et qui auraient été exclus cette année, une demande a été faite auprès du ministère des Finances afin qu’à titre exceptionnel cette année, elles obtiennent cette allocation. 13 267 familles sont donc concernées », affirme-t-elle.

« Ceux n’ayant pas de compte bancaire reçoivent le ‘Cash Grant’ par voie postale. Le paiement est en cours et ce jusqu’au 20 janvier. Or, il y aurait certaines familles qui auraient mal enregistré leur adresse ou ont soumis un numéro de compte invalide. D’où ces inconvénients », souligne notre source.

 

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