Son récent licenciement du Cardiac Centre, lié à son âge, l’a propulsé au-devant de la scène. Retour sur la carrière du Dr Santosh Reebye, éminent professionnel, qui a été le premier à pratiquer le traitement interventionnel à Maurice, en sus de la chirurgie.
À Curepipe, où il est domicilié, les murs de son domicile sont parsemés de tableaux de son jeune fils. Le plafond de la pièce principale ressemble à une voûte céleste, bleuté avec des étoiles. « C’est l’œuvre de ma femme Deeya, qui est décoratrice d’intérieur », indique Dr Santosh Reebye, 69 ans.
Lui-même est féru de musique classique, avec un goût prononcé pour Mozart, Beethoven et Ravel. Pourtant, le maître des lieux exerce une profession où la fantasmagorie et la fantaisie n’ont pas leur place. Lui, le fin spécialiste en cardiologie, fort de douze années d’études en France et à Londres, sans compter des stages de perfection , toujours dans l’Hexagone, ainsi qu’en Suisse.
Issu d’une famille de notables de Solferino, Santosh Desmukh naît au sein d’une fratrie de cinq enfants, Un de ses frères, Nitin Kumar, orthopédiste, exerce aujourd’hui comme consultant à Vancouver. Son père est instituteur et propriétaire de champs, alors que sa mère, femme au foyer, est également une fine lettrée avide de littérature française. Après ses études à l’école Villiers René et au collège Royal de Curepipe, il s’envole pour la France où il s’inscrit à la fac de médecine de Montpellier, pour devenir généraliste.
Après son diplôme, il part à Londres pour se spécialiser en cardiologie. Bénéficiaire de trois bourses, il se perfectionnera en cardiologie interventionnelle, dont il sera le pionnier en 2003, à Maurice. Il s’agit d’un traitement par sonde qui vient en complémentarité à la chirurgie cardiologique pour adultes et enfants. Son parcours professionnel l’amènera tour à tour à Djeddah, en Arabie saoudite, à Brunei et à Singapour. « Ces séjours m’ont toujours permis de vérifier mes connaissances par rapport à d’autres confrères, à d’autres traitements », explique-t-il.
24 ans au chevet des malades
Durant ses 24 années de pratique, tant dans le service privé que public, Dr Santosh Reebye a été le témoin des avancées des traitements prodigués aux Mauriciens. « Il faut se féliciter de la politique de nos dirigeants, qui ont toujours privilégié la prévention dans le domaine de la santé publique, l’accès aux soins, lorsqu’on sait que, dans un pays comme le Botswana, sévit encore le paludisme ». Mais notre interlocuteur s’empresse aussitôt de nuancer : « Nous connaissons, en revanche, la prévalence des maladies non-transmissible, une tendance qui peut être inversée si des soins rapides mais aussi des préventions primaires sont adoptées ». Comme les progrès en médecine exigent des investissements pharaoniques de la part des laboratoires et autres instituts de recherches, dans le monde, il fait ressortir que le grand saut dans le domaine de la santé viendra avec l’ère robotique ainsi que les traitements hybrides avec des interventions multidisciplinaires. « C’est un cap que l’île Maurice devra être prête à franchir. Bien entendu, au départ, cela coûtera un peu cher mais avec le temps et la formation de médecins spécialisés, les coûts seront revus à la baisse », dit-il. Jusqu’à présent, ajoute le médecin, nous avons plutôt bien réussi dans le domaine de la santé publique, en épargnant à notre population les épidémies qui existent encore en Afrique et en Inde. « L’état des maladies non-transmissibles à Maurice n’est pas irréversible. Toute condition au développement d’un pays repose sur l’état de santé de sa population, la qualité de son personnel médical, paramédical, ses infrastructures de santé et ses équipements. Cela n’a pas de prix, ce sont des investissements qui ne sont pas négociables. À ce jour, il faut former des spécialistes en cardiologie interventionnelle, mais cela prendra plus d’une année. »Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !