À Maurice, 60 % des cancers sont diagnostiqués chez les femmes.
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Le cancer du col de l’utérus est en troisième position après celui du sein et du côlon. Le ministère de la Santé a lancé une campagne de vaccination nationale contre ce mal. Le vaccin contre le papillomavirus est l’une des méthodes de prévention.
Quelles sont les conséquences sur la reproductivité ?
La question de la fertilité est très sensible quand les femmes atteintes d’un cancer du col de l’utérus (CCU)sont jeunes. Dans ces cas-là, tout dépend de l’étendue du cancer. Pour le Dr Munbodh, « s’il s’agit d’une lésion précancéreuse et selon les cas, le col étant un peu raccourci par la conisation, un cerclage peut être nécessaire pendant la grossesse et l’accouchement est souvent difficile ».
Vidya Charan est du même avis. « Il existe quelques cas où l’on peut se passer de l’hystérectomie, mais ils sont très rares et très réfléchis. Les conditions pour l’éviter sont le jeune âge de la patiente, surtout que la maladie est à un stade débutant. Dans ce cas, on pratique une conisation, mais il faut préciser que les grossesses qui suivent ce genre d’intervention sont généralement difficiles et le risque de prématurité important. »
Peut-on guérir du CCU?
Tout dépend du stade du cancer et du profil de la patiente. « En cas d’un dépistage précoce, le médecin peut enlever la zone concernée en pratiquant ce qu’on appelle une conisation, soit une ablation d’une collerette de muqueuse du col. Autrement, avance Vidya Charan, « on pratique l’hystérectomie qui veut dire l’ablation de l’utérus, du col, d’une partie du vagin et des glandes infectées ». La radiothérapie est privilégiée chez les femmes plus âgées, indique le Dr Munbodh, qui précise qu’ « à un stade plus avancé, une chimiothérapie peut être nécessaire ».
Pourquoi se faire vacciner ?
Les papillomavirus humains (HPV) sont des virus, sexuellement transmissibles, très répandus. Plus de 80 % des femmes en attrapent au cours de leur vie. Le plus souvent bénins, ils modifient parfois les cellules du col de l’utérus. « Si cette maladie reste mortelle, elle est toutefois évitable », affirme le Dr Prabodh Munbodh, responsable des maladies transmissibles au ministère de la Santé. « Le vaccin n’offre pas de protection contre la totalité des papillomavirus cancérigènes, ni contre les infections existantes.
Mais c’est un moyen de prévention de 70 % des cas de cancer du col utérin. Il est prescrit aux filles de 9 à 14 ans, la vaccination devant avoir lieu avant les premiers rapports sexuels. » Ainsi, à Maurice, depuis fin 2016, les écolières et collégiennes se font administrer le vaccin Cervarix, en deux doses, à six mois d’intervalle.
Quel moyen de prévention pour les femmes sexuellement actives ?
à Maurice, il est recommandé aux femmes de pratiquer, à partir de 30 ans, au moins un frottis tous les trois ans. « Si la prévention passe aussi par la vaccination, les frottis réguliers restent indispensables », insiste le Dr Munbodh. Le frottis consiste à prélever des cellules au niveau du col de l’utérus, afin de vérifier qu’il n’existe pas de lésions précancéreuses ou de cancer débutant.
Il est recommandé à toutes les femmes, même après la ménopause ou après plusieurs années sans rapport sexuel. Un autre moyen de protection serait l’utilisation de préservatif. « Le préservatif protège en grande partie des HPV, mais pas totalement. Le virus peut être présent sur d’autres zones génitales que celles recouvertes par le préservatif. De plus, le virus se transmet par le contact des muqueuses et même par des caresses génitales », explique Vidya Charan de la Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA).
Témoignage d’une « rescapée » du CCU « J’aurais pu y rester »
Corine (prénom fictif) a subi, à 41 ans, une hystérectomie à la suite d’un diagnostic positif de cancer du col de l’utérus (CCU). Neuf ans après, considérée comme « hors de danger » par les médecins, cette mère de deux enfants vit toujours dans la crainte de nouvelles apparitions de cellules cancéreuses.
« Quand j’ai appris que j’avais un cancer du col de l’utérus, je n’avais aucune idée de ce que c’était. Si on en mourrait ? Si on en guérissait ? Si on pouvait vivre avec ? Je n’en savais rien. J’ai été d’autant plus choquée d’apprendre que c’était un virus sexuellement transmissible », souligne Corine.
Le diagnostic posé, examens et analyses se sont enchaînés. Corine apprend alors qu’elle devra se faire opérer. « Le plus dur a été d’en parler à mes enfants, alors adolescents. C’était vraiment un moment très difficile pour toute la famille. La peur, la colère, la culpabilité, le chagrin… Une angoisse inexplicable. » Mais il y avait de l’espoir. « Mon médecin ainsi que le personnel soignant m’avaient assuré que l’intervention se passerait bien, d’autant que mon cancer n’était pas invasif et généralisé. »
Son opération, c’est effectivement bien déroulée, Corine n’a même pas eu besoin de chimiothérapie. « Ça me fait bizarre de m’entendre dire ça, mais j’ai eu beaucoup de chance. Si je n’avais pas fait un test de dépistage gratuit sur mon lieu de travail, j’aurais pu y rester. J’avais noté des saignements anormaux, il y a quelque temps, mais j’ai tout simplement mis sur un dérèglement de cycle, dû à la quarantaine. »
En effet, Corine n’avait jamais eu de grave problème de santé et elle accepte aujourd’hui qu’elle a été négligente. « Si j’avais fait des tests régulièrement j’aurais peut-être pu éviter cette maladie ou du moins l’hystérectomie. Mais bon, comme on dit : apre la mor la tizann ! Dieu merci, j’ai quand même mes deux enfants. »
Aujourd’hui, malgré la crainte omniprésente d’une rechute, Corine prend le temps d’apprécier les petites choses de la vie, de profiter de sa famille et de réaliser un maximum de ses souhaits. « Je suis consciente des risques que j’encours. Une rechute dans mon cas voudrait dire chimiothérapie. J’appréhende et je ne sais pas si je pourrais tenir le coup. »
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