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Business de la mort

La mort n’est plus un sujet tabou. Certains Mauriciens préparent même leurs funérailles à travers des plans. Le business de la mort était au centre de l’émission « Talk of the Town » mercredi, animée par Michael François. Zoom.

Chandra Rungasawmy: «Tout faire pour le repos de l’âme»

Avec l’évolution de la société, la perception de la mort aussi a évolué. Auparavant, de nombreuses superstitions entouraient la mort. Aujourd’hui, nous sommes plus scientifiques dans la pensée et dans l’action. Tel est le constat du sociologue Chandra Rungasawmy. N’empêche que, dit-il, dans chaque religion, il y a l’obligation de respecter le mort, donc de s’adonner à certains rituels. Ceux-ci sont bien ancrés à Maurice. « Il y a la croyance, dans beaucoup de religions, que l’être humain n’est pas composé uniquement du corps, mais aussi de l’âme. Le devoir de la famille, c’est de tout faire pour le repos de l’âme », souligne-t-il.

Le chiffre

10 000. C’est en moyenne le nombre de décès à Maurice chaque année.

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Le sociologue prend l’exemple de la crémation pour souligner l’évolution entourant les rituels funéraires. « La crémation était assez choquante auparavant, dans la mesure où on mettait le feu au corps sur un bucher. C’est pour cette raison que les femmes ne se rendaient pas sur les lieux de crémation. Mais le bucher a été remplacé par un incinérateur. Ce qui rend la crémation moins violente et par conséquent, de plus en plus de femmes y assistent », ajoute-t-il. Chandra Rungasawmy dit aussi constater que de plus en plus de chrétiens et de sino-mauriciens optent pour la crémation. L’une des causes pourrait être l’espace restreint dans les cimetières. Il y a aussi les nombreux cas de vol dans les cimetières et la profanation des tombes. Pour le sociologue, dès la retraite, les gens commencent à préparer leurs funérailles. D’où le succès des sociétés funèbres. « Certains préparent les vêtements qu’ils vont porter à leur mort des années plus tôt », dit-il.

Benjamin Moutou: «Certains rites ont évolué »

« Dans certaines croyances, les rites funéraires ont évolué. Cependant, dans d’autres, ils sont devenus plus rigides. » Tel est le constat de l’historien Benjamin Moutou. Il explique qu’aujourd’hui, par exemple, beaucoup de chrétiens optent pour être incinérés. « Certains libres penseurs expriment le vœu que leur dépouille ne passe pas par l’église. Même si pour beaucoup la mort garde un aspect sacré, certains refusent de l’accepter. Pour eux, ce n’est pas la fin de l’âme », ajoute-t-il. Il rappelle que, de tout temps, la mort a inspiré une certaine frayeur aux vivants, car « c’est l’inconnu ».

« Lucratif, mais pas joyeux »

Ce n’est guère évident de côtoyer la mort quotidiennement. Pour y parvenir, explique Jean-François Dromard, d’Elie & Sons, il faut avoir beaucoup d’amour pour l’être humain. « Ce n’est pas comme les autres métiers, où on oublie tout une fois à la maison. Dans ce domaine, nos émotions sont présentes. Elles font partie du travail. Nous offrons un service qui doit être accompagné de beaucoup d’empathie, puisque nous faisons face à la souffrance et à la détresse des gens. En tout cas, ce n’est pas une question de simplement enterrer ou incinérer un mort. Il s’agit certes d’un business lucratif, mais pas joyeux du tout », indique-t-il.  
   
Pourquoi les plans funéraires ont-ils autant de succès ?
  • La mort n’est plus un sujet tabou
  • Les gens veulent des funérailles bien organisées
  • On ne veut plus donner du souci à ses proches à sa mort
  • Les services des pompes funèbres proposent désormais de se charger de toutes les démarches administratives entourant les funérailles
  • Les gens veulent faire des obsèques du proche un souvenir mémorable.
Ce que proposent les pompes funèbres
  • Mettre le mort sur son 31 ! Cela passe par la thanatopraxie
  • Un écran sur lequel les images du défunt vont défiler
  • Des white ladies pour accompagner le défunt jusqu’à sa dernière demeure
  • Le transport des proches au lieu de culte et au cimetière/lieu de crémation
  • Un service de rapatriement de ou vers l’étranger. « Nous savons à quel point il est difficile de s’occuper du rapatriement d’un corps ou des cendres mortuaires. Nous offrons ce service depuis 2012. Nous nous occupons de toutes les démarches administratives », explique Jessica Elie, de la firme Elie & Sons.
  • Divers plans adaptés aux rituels spécifiques et aux attentes des clients.

Les prix

  • Rs 2 500 pour une simple crémation
  • Des frais de transport d’une moyenne de  Rs 1 500
  • Rs 100 000 ou plus pour des funérailles VIP. Cela comprend notamment une limousine, un cercueil en teck, un caveau...
 
   

C’est quoi la thanatopraxie ?

La thanatopraxie consiste à conserver le corps à travers des soins. « On préserve au maximum le physique du défunt. Pour cela, on désinfecte le corps avant de l’embaumer. Dans le cas d’un homme, on le coiffe et on lui rase la barbe. S’il s’agit d’une dame, on la maquille. On peut aussi lui faire une coiffure, voire un shampooing, un colorant ou une manucure. Bref, on fait tout pour que le/la défunt/e soit beau/belle. On peut aussi refaire le visage du défunt, s’il a été abîmé dans un accident », explique Danielle Rehaut, thanatopraxiste.
  • Leal

 

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