Les cas de bullying en milieu scolaire sont d’actualité. Certains diront qu’ils ont toujours existé, mais ils sont de plus en plus mis en avant de par leur parution sur les réseaux sociaux. Certaines victimes préfèrent arrêter les cours pour ne plus subir les supplices. Quelles sont les solutions ?
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«Mon fils est en Grade 4, et ne veut plus aller à l’école. Il a reçu des coups de la part des enfants de l’école. C’est regrettable que le nécessaire n’a pas été fait dans l’intérêt de mon enfant… », raconte une maman dont le fils fréquente une école primaire des hautes Plaines-Wilhems.
Dans un collège de Quatre-Bornes, une adolescente de 14 ans est aussi dans la même situation. Depuis un mois, elle ne se rend plus en classe. La raison, elle a été malmenée par un groupe d’élèves. Sa mère soutient que sa fille a été battue et souhaite la transférer dans un autre établissement. Elle souligne avoir à plusieurs reprises rapporté le cas aux instances concernées, mais sans résultat.
Les images sur les réseaux sociaux sont parfois choquantes et suscitent les commentaires de part et d’autre.
Au ministère de l’Éducation, plusieurs cas de bullying en milieu scolaire ont été rapportés. Des mesures sont prises à travers les antibullying and antiviolence guidelines. Cela comprend des directives destinées aux responsables des écoles, enseignants, parents et élèves.
En sus, il y a le Student Behaviour Policy, les National Education Counselling Services, des psychologues, des social workers et des counselling desks dans chaque école. Il y a des profs qui ont eu des formations à travers la National Counselling Unit et qui peuvent apporter du soutien.
Des mesures sont prises à travers les antibullying and antiviolence guidelines.»
Par ailleurs, lorsqu’un élève a mal agi, il y a certes des sanctions, mais aussi un accompagnement pour la victime et l’agresseur, a soutenu la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, lors de son dernier point de presse, tenu le jeudi 18 mai dernier. Elle a précisé qu’il est important d’identifier les raisons qui poussent l’élève à avoir un tel comportement.
Réagissant aux commentaires de la ministre, certains enseignants de collèges d’État déplorent qu’il y a un manque de volonté pour trouver une solution durable. « Nous rapportons les cas, mais rien de concret n’est fait. Nous espérons que les choses pourront changer pour le bien de tous les enfants mauriciens. »
Importance des activités extracurriculaires
L’objectif des activités extracurriculaires est de permettre aux élèves de bénéficier d’une éducation complète. Ces activités, dont l’ambition est de former à l’école de la vie, doivent être choisies en fonction du caractère de chaque enfant et de ses goûts.
Le Dr Kenny Kong, enseignant de dessins et de ‘Performing Arts’, souligne leur importance. Selon lui, elles contribuent à aider les élèves à mieux gérer leurs émotions, ce qui tend à diminuer la violence dans l’enceinte de l’école, encourager une harmonie parmi les élèves et également une bonne entente entre les élèves et les professeurs. Il dit avoir noté que les élèves qui arrivent à trouver le bon équilibre entre les études et les activités périscolaires réussissent mieux.
Ces activités ont beaucoup de bienfaits : se faire plaisir et s’amuser, développer la mobilité, l’imagination et la motricité, apprendre la socialisation, le partage et surtout l’ouverture sur les autres et sur soi.
Élèves proactifs
Le Dr Kenny Kong souligne avoir également noté que : « les activités contribuent à rendre les élèves proactifs, les encouragent à avoir le sens des priorités, à prendre des initiatives, bref à devenir plus responsables. Savoir anticiper l’avenir et se focaliser davantage sur les solutions, plutôt que sur les problèmes, les empêchent ainsi de tomber dans la drogue, l’ennui, l’alcoolisme, l’immoralité et tant d’autres fléaux sociaux et d’être dépourvus des valeurs de base qui sont le respect de soi et des autres ».
Parmi les activités qui sont organisées, il y a la peinture, l’initiation à la musique et à la danse (classique et moderne), les jeux de société (les échecs, le scrabble, le mahjong) et la pratique de sports qui aident les enfants à développer des compétences sociales comme l’entraide et la communication.
Questions à : Dr Vikash Baichoo : « L’intimidation doit être prévenue, car elle peut avoir un impact émotionnel dévastateur sur les victimes »
Le psychologue, le Dr Vikash Baichoo, attaché au Mauritius Institute of Education (MIE), souligne l’importance de prévenir et de reconnaître les signes de bullying en milieu scolaire.
En tant que psychologue, quelles sont les causes du bullying en milieu scolaire ?
Les bullies intimident pour diverses raisons. Parfois, ils s’en prennent aux enfants parce qu’ils ont besoin d’une victime - quelqu’un qui semble émotionnellement ou physiquement plus faible, ou qui agit ou semble différent d’eux, d’une manière ou d’une autre - pour se sentir plus importants, populaires ou en contrôle.
Aucun enfant ne naît tyran. Les élèves apprennent à intimider depuis leur jeune âge et pourraient être prédisposés en fonction de leur tempérament personnel, comme s’affirmer ou avoir de solides compétences linguistiques. Ainsi, les intimidateurs apprennent à utiliser leurs puissants attributs pour obtenir ce qu’ils veulent. Ils apprennent ce comportement en imitant les gens autour d’eux tels que les parents, les frères et sœurs et les autres élèves.
Croyez-vous que l’on puisse prévenir cette situation ?
Bien sûr, l’intimidation doit être prévenue, car elle peut avoir un impact émotionnel dévastateur sur les victimes. Les victimes d’intimidation perdent leur concentration sur leurs études et deviennent préoccupées par leur sort. Outre d’autres émotions négatives, les victimes réagissent avec colère, ce qui affecte leur bien-être général et celui de leurs pairs. La fusillade de Columbine aux États-Unis a été le résultat d’explosions de colère d’un groupe de victimes. Dans les pires scénarios, les victimes d’intimidation peuvent se suicider.
Le plus important dans sa prévention est de savoir ce qu’est le bullying. L’institut de prévention des crises définit le bullying, comme étant caractérisé par un comportement intentionnellement agressif, qui implique un déséquilibre de pouvoir et de force. Il peut être illustré par des moyens physiques, verbaux, non verbaux et ou relationnels.
La prochaine étape consiste à sensibiliser et à former le personnel de l’école et à élaborer une politique anti-bullying ainsi que des règles et règlements pour faire appliquer la politique. Il est important de s’assurer que la personne qui fait de l’intimidation sait quel comportement est mauvais, pourquoi c’est mauvais et quelles sont les conséquences de l’adoption du comportement. Si le comportement persiste, les parents devront être impliqués.
Comment reconnaître les signes de bullying ?
Les signes qu’un élève soit victime de bullying comprennent la présence de blessures qui ne peuvent être expliquées. Faire semblant d’être malade ou avoir des maux d’estomac ou des maux de tête réguliers. Les habitudes alimentaires changent, il se peut qu’il ne prenne pas ses repas, ou qu’un enfant mange de façon excessive. Il y a aussi une baisse dans les notes, la perte d’intérêt pour l’école, la perte d’amis, la perte ou la destruction d’objets personnels et une baisse de l’estime de soi.
Les parents jouent un rôle crucial dans la prévention du bullying, car il est souvent appris à la maison dès le plus jeune âge. L’un des meilleurs moyens de prévenir l’intimidation est de commencer à en parler dès la petite enfance, jusqu’au collège. En discutant ouvertement avec leur enfant de l’intimidation, les parents peuvent déterminer s’il est l’auteur ou la victime de cette forme de violence.
Pour l’agresseur, les signes incluent des bagarres verbales ou physiques, une association avec des enfants qui sont des intimidateurs, un comportement agressif accru et des punitions ou des visites fréquentes au directeur.
Quelles sont les aides à apporter aux intimidateurs ?
Si les enfants voient leurs parents utiliser leur pouvoir pour tourmenter les autres, ils apprennent que l’intimidation est un moyen d’atteindre leurs objectifs. Les parents peuvent aider l’agresseur en lui montrant d’autres moyens d’atteindre ses objectifs sur le plan social. Les intimidateurs peuvent également apprendre les règles du discours social, comment s’entendre dans le monde et comment devenir une bonne personne avec un bon cœur pour ne jamais abuser d’un autre. Les enfants modèlent l’intimidation sur leurs parents sur la façon dont ils réagissent. Si nous ne faisons rien, ils ont des raisons de croire que c’est un comportement acceptable.
Comment aider les victimes pour qu’elles continuent à venir à l’école sans peur ?
La meilleure chose à faire est que les parents élaborent un plan avec le personnel de l’école afin d’éviter que le bullying ne se reproduise. La victime se sentira rassurée et saura qu’elle n’est pas seule en sachant qu’elle a le soutien de ses parents. De plus, des stratégies pour faire face à l’intimidateur peuvent aider à atténuer la situation. Par exemple, dire à l’enfant de toujours rester accompagné d’un ami lorsqu’il va aux toilettes ou pendant la récréation. Une autre astuce consiste à ignorer l’intimidateur, l’enfant montre qu’il ne se soucie pas. L’intimidateur finira probablement par s’ennuyer. Si votre enfant est trop effrayé ou stressé pour y aller, il faut prendre contact avec les autorités éducatives.
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