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Budget 2024-25 : le gouvernement est-il suffisamment en confiance pour les élections générales ?

Maintenant que le Budget 2024-25 a été présenté, sa portée politique suscite de nombreux débats. La question qui préoccupe beaucoup est de savoir s’il donne suffisamment de « boost-up » au gouvernement pour faire face aux prochaines élections générales. 

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Le Budget récemment présenté par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a été mis en avant par les stratèges du gouvernement comme une carte maîtresse électorale du Mouvement socialiste militant (MSM). Après un discours modéré du Premier ministre Pravind Jugnauth, à Vacoas le 1er mai, où peu d’annonces ont été faites, divers collaborateurs au sein de l’appareil gouvernemental ont clairement laissé entendre que les annonces les plus stratégiques seraient réservées à la présentation du Budget 2024-25. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci a clairement mis l’accent sur plusieurs segments-clés de l’électorat. Il inclut une augmentation substantielle des pensions de retraite, avec Rs 500 de plus dès le 1er juillet et une autre hausse de Rs 500 prévue à partir de janvier 2025. Les allocations sociales pour différents niveaux de revenus ont également été augmentées et une réduction notable du prix du gaz ménager a été annoncée. 

Cependant, malgré ces mesures positives, le Budget a également laissé beaucoup de citoyens sur leur faim. Les attentes populaires, notamment en ce qui concerne une réduction des prix des carburants et l’octroi d’un 14e mois de salaire, n’ont pas été satisfaites. Cela amène à se demander s’il a réussi à générer le feel-good factor nécessaire pour permettre au gouvernement d’envisager des élections générales après la dissolution de l’Assemblée nationale prévue en juillet. 

L’observateur et historien Jocelyn Chan Low est d’avis qu’il faudra attendre jusqu’au mois de juillet pour évaluer véritablement l’impact des mesures budgétaires annoncées par le Grand argentier. Il souligne que ce n’est qu’à partir du mois prochain que la pension de vieillesse sera effectivement augmentée et que les Mauriciens commenceront à percevoir les augmentations des allocations sociales. « Jusqu’à présent, il n’y a eu que des discours. Ce n’est qu’après que les Mauriciens auront reçu ces augmentations promises dans leurs poches qu’on saura si ces mesures ont créé un sentiment de bien-être », avance-t-il. 

L’historien fait égale-ment remarquer que le gouvernement n’a pas encore joué toutes ses cartes. Selon lui, la publication du rapport sur le réalignement salarial est une carte politique qui devrait avoir un impact significatif sur des milliers de salariés. « Pour ce qui est de l’éventuel paiement d’un 14e mois, le gouvernement pourrait encore l’annoncer dans son manifeste électoral », ajoute-t-il. Il précise qu’il faudra sérieusement s’attendre aux élections une fois que le rapport sur le réalignement salarial aura été rendu public. 

Ram Seegobin, membre du parti politique de gauche Lalit, exprime, quant à lui, une critique cinglante à l’égard du Budget 2024-25. Il le qualifie d’électoraliste, mettant en lumière les mesures axées sur les allocations sociales et les pensions comme des artifices temporaires. 

Pour lui, la réalité économique brutale rattrape rapidement les Mauriciens une fois qu’ils font face aux hausses des prix dans les supermarchés. « Ce Budget ne représente qu’une illusion éphémère », déclare-t-il, soulignant que de nombreux citoyens sont confrontés à une inflation galopante qui annule rapidement les bénéfices proclamés des mesures gouvernementales. 

« Cette disparité entre les promesses budgétaires et les défis économiques réels constitue une source de préoccupation majeure », ajoute-t-il. Ram Seegobin souligne finalement que le Budget se limite à distribuer des cadeaux à certains segments spécifiques de l’électorat, sans pour autant aborder les préoccupations beaucoup plus profondes. 

Défis pressants

Selon lui, le gouvernement ne répond pas aux défis pressants, tels que la crise imminente de la sécurité alimentaire et la précarité de l’emploi. Il estime que le Budget aurait dû « adopter une approche plus holistique, en intégrant des solutions à long terme pour renforcer véritablement la résilience économique et sociale du pays ». Il ajoute qu’il y a, en revanche, « une priorisation des gains politiques à court terme au détriment des besoins essentiels de la population ». 

Abdallah Goolamallee, chargé de cours et observateur politique, met en avant le build-up orchestré par l’opposition autour du Budget récemment présenté. Selon lui, l’opposition a délibérément influencé l’opinion publique pour faire percevoir ce Budget comme étant électoraliste. « À travers plusieurs slogans et accusations de démagogie, l’opposition a cherché à façonner une perception négative du Budget », affirme-t-il. 

Commentant les mesures sociales présentées et qualifiées de labous dou par l’opposition, Abdallah Goolamallee insiste surtout sur le fait que le gouvernement a maintenu une cohérence dans sa philosophie sociale de ces cinq dernières années. En examinant les quatre derniers Budgets, malgré les crises de la Covid-19, il  estime que tous ont montré une certaine constance dans leur approche sociale : « Chaque Budget précédent a été aligné sur des principes socialistes, mettant en avant les besoins des différentes catégories de la population : personnes âgées, femmes, enfants et salariés. Ainsi, le gouvernement a choisi de maintenir cette continuité sociale. »

 

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