Economie

Budget 2017-2018 : la grande attente

Le Budget 2017-2018 sera présenté en juin 2017. Ce budget s’inscrit dans un contexte particulier, avec, en pole position, le débat sur le projet Metro Express, les salaires des nominés politiques, l’avènement du salaire minimal, les grands projets qui tardent à venir, et le tout avec en toile de fond la crise post-BAI qui perdure. Le prochain Budget pourra-t-il renverser la vapeur et engendrer un nouveau ‘feel good factor’ ?

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La préparation du Budget 2016-2017 est en bonne voie, les traditionnelles consultations pré-budgétaires se succédant avec les différents acteurs économiques et sociaux.  Mais contrairement à l’année dernière, la plateforme électronique, le ‘mauritiusfinance.com’ n’est pas au rendez-vous. Du moins, pas sur les réseaux sociaux en ‘live’. Pour rappel, l’objectif de cette plateforme était d’encourager la ‘digital democracy’ et la ‘participative democracy’, donnant l’occasion aux membres du public de se faire entendre.

Comme chaque année, les grands défis du Budget demeurent plus ou moins les mêmes : réduire le chômage, surtout parmi les jeunes, booster la croissance économique, attirer plus d’investissements, atténuer la pauvreté, contenir la dette publique et poursuivre le programme de réformes.  

Quelle orientation ?

Jusqu’ici, notre économie se repose essentiellement sur le secteur immobilier, qui attire le plus d’investissements étrangers alors que nos secteurs productifs sont en panne. Le prochain Budget devra avoir le mérite de diminuer notre dépendance continue sur le secteur foncier et encourager les autres secteurs créateurs de richesses et d’emplois. Maurice semble vivre au dessus de ses moyens, compte tenu du niveau de la dette publique, mais aussi du niveau de l’endettement des ménages et du secteur privé. Une meilleure croissance passe nécessairement par la productivité accrue. Certes, le dernier indice de la Chambre de Commerce indique un meilleur taux de ‘Business Confidence’, mais est-ce suffisant pour une robuste stimulation économique ? Est-ce que ce sera la continuité, avec les mêmes remèdes pour les mêmes maux, ou alors un renouveau, qu’on nous promet chaque année ?

Les revenants

Parmi les mesures phares réalisées jusqu’ici, il y a le réseau national de wifi gratuit, et il n’est pas exclu que le réseau soit largement étendu pour connecter de plus en plus de personnes. Par contre, le ministre des Finances poursuivra avec la pratique annuelle de détaxer une série de produits dans le cadre du projet ‘Duty Free Island’. Il faudra aussi s’attendre à l’annonce d’autres projets de logements sociaux, aux nouvelles mesures pour la consolidation des Petites et moyennes entreprises (PME) et les incitations pour la relance des secteurs productifs, à l’instar de l’agribusiness ou encore les énergies renouvelables. À ne pas oublier les mesures symboliques ciblant les éleveurs, planteurs et pêcheurs.

Le chômage

Le taux de chômage a diminué de 7,9 %  en 2015 à 7,3 % en 2016. Cela indique que l’effet de la chute du BAI et l’éviction des marchands de rue ont pu être atténués par la création d’emplois. Mais il faut aussi souligner que beaucoup de personnes ont trouvé un emploi à durée limitée sous le Youth Employment Programme, le Back to Work Programme et autres plans similaires, ce qui a eu pour effet de réduire temporairement le taux du chômage. Il faut voir si le système arrive à absorber ces ‘trainees’ à la fin du programme, sinon ils seront de nouveau au chômage.

Dette publique

La dette publique a atteint le niveau de 288,7 milliards en mars 2017, soit l’équivalent de 65,6 % du Produit intérieur brut (PIB). À la même période l’année dernière, elle était de l’ordre de 267 milliards. La dette publique a ainsi augmenté de plus de Rs 20 milliards en 12 mois. À titre de comparaison, en décembre 2014, la dette publique avait atteint le chiffre de Rs 237,7 milliards. L’un des facteurs qui a détérioré la dette publique est la dépréciation de la roupie. Par exemple, une bonne partie de nos dettes extérieures est libellée en dollars et le taux du dollar a augmenté de Rs 32 en décembre 2014 à Rs 36 en 2017.

Ralentissement ?

La plupart des opérateurs économiques affichent la consternation quant à une perception de ralentissement économique qui prévaut dans le pays. Certains l’attribuent à une baisse de la consommation, elle-même affectée par une baisse du pouvoir d’achat. Qu’est-ce qui explique cela quand il y a eu des injections massives dans l’économie depuis 2015 : l’augmentation de la pension de vieillesse, le paiement du PRB, le remboursement des milliards dans la crise BAI, les investissements directs étrangers en hausse, etc. ? Où va tout cet argent ? Pourquoi les gens ne dépensent ou n’investissent pas ?


Super Cash Back Gold

Le plan ‘Super Cash Back Gold’ du défunt BAI continue à défrayer la chronique. Ils sont des centaines d’investisseurs, petits et gros, qui attendent toujours d’être remboursés. Las d’attendre un dénouement positif, des adhérents au ‘Super Cash Back Gold’ ont décidé d’avoir recours à une grève de la faim pour faire entendre leurs voix.

Lundi, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a rencontré une délégation des représentants des grévistes afin de trouver une solution aux clients du Super Cash Back Gold et de Bramer Asset Management. Bien que « la solution à ce dossier demeure une priorité pour le gouvernement »,  le Premier ministre a concédé qu’il est difficile de trouver la solution et que le gouvernement étudie toutes les possibilités.  Il a demandé aux grévistes d’être patients et d’attendre jusqu’à ce vendredi pour l’annonce d’une solution. À noter que, dans un communiqué émis lundi après-midi, le Premier ministre rappelle que le rapport nTan fait référence à un « ponzi scheme ».

Ponzi ou pas, ce communiqué a relancé ce débat sur les réseaux sociaux. Pour certains commentateurs, si c’est avéré que c’était un Ponzi Scheme, alors est-ce le rôle du gouvernement d’indemniser les investisseurs qui se sont fait ‘avoir’ ? Pour d’autres, l’État demeure entièrement responsable car Ponzi ou pas, tous ces plans d’investissements avaient la bénédiction des régulateurs financiers.


Mauritiusfinance

Si l’année dernière, la plateforme ‘Mauritiusfinance’ était très active sur les réseaux sociaux pour encourager la participation de tous les Mauriciens dans l’exercice pré-budgétaire, cette année, à moins de deux mois de la présentation du prochain Budget, la page ‘Mauritiusfinance’ demeure plus ou moins inactive.

Mais les internautes avaient été invités à envoyer leurs propositions par email. En 2016, la plateforme avait atteint plus de 350,000 personnes et comptait jusqu’à 17,000 adhérents actifs, mais il semble que la fervente ardeur s’est complètement estompée cette année.

 

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