Bruneau Laurette pourra-t-il jouer un rôle majeur individuellement sur la scène politique ou représenter un atout dans une alliance ? Le point avec des spécialistes.
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«Il s’agit évidemment d’un grand jour pour Bruneau Laurette et ses soutiens », affirme le politologue Avinaash Munohur. L’activiste n’est plus en prison mais demeure inculpé de trafic de drogue, de blanchiment d’argent et de possession d’arme à feu. « Toutefois, cette libération vient donner de la matière à la théorie selon laquelle il aurait été victime d’un complot. Elle va renforcer la croyance de ses sympathisants dans le fait qu'il incarne une forme de messianisme politique. De ce fait, il sera difficile pour lui de justifier une adhésion à un parti traditionnel. »
Toute la rhétorique de Bruneau Laurette, rappelle-t-il, tourne autour d’un renouveau total de la sphère politique, « ce qui est incompatible avec une alliance de son mouvement avec un parti mainstream ». Avinaash Munohur pense que ses sympathisants ne le suivraient pas dans cette démarche. « Sa seule véritable option est donc de se positionner comme un outsider pour les élections générales. Si, bien sûr, il souhaite se présenter comme candidat. » Et s’il en a la possibilité...
« Il reste en effet du temps avant les élections. N'oublions pas que la procédure judiciaire contre M. Laurette est toujours en cours. Ce qui signifie qu'il pourrait ne pas être apte à se porter candidat aux prochaines législatives. En admettant qu’il le soit, disposerait-il d’un réel poids électoral ? Seules les urnes pourront le dire », ajoute notre interlocuteur.
L’observateur politique Faizal Jeeroburkhan soutient, lui, qu’il serait préférable que Bruneau Laurette intègre une alliance. « S’il se présente seul aux élections avec un certain poids, il va diviser les votes. La meilleure chose, c’est qu’il se joigne à un groupe. Il a sa ligne de conduite et son idéologie en faveur de la démocratie, la méritocratie et la transparence. Il mène un combat contre la corruption et le népotisme. Il peut ainsi s’associer à un groupe qui défend les mêmes valeurs », dit-il.
Reste à savoir aux côtés de qui l’activiste choisirait de cheminer. « Sur l’échiquier politique, tout peut arriver. La présence de Bruneau Laurette va certainement provoquer un cafouillage. La situation qui est déjà compliquée le sera encore plus. Le temps dira s’il va se joindre à son ami Sherry Singh ou à l’éventuelle alliance MMM-PTr-PMSD. Il aura un choix à faire dans l’intérêt du pays », estime Faizal Jeeroburkhan.
Pour sa part, Dev Virahsawmy, observateur politique et linguiste, se méfie de nouveaux venus sur la scène politique, comme Bruneau Laurette ou Sherry Singh, qui « se présentent comme de grands défenseurs de la démocratie ». « Bruneau Laurette se sert d’un langage religieux pour cacher son ignorance politique. Il n’a pas de politique claire, encore moins un programme. Tout le monde se réjouit de sa libération. Mais au final, nous créons des ayatollahs à Maurice », déplore-t-il.
Pour lui, « c’est dangereux pour le pays » alors que Maurice fait face à des problèmes économiques, sociaux et alimentaires qui demandent une réflexion en profondeur. « Au lieu de cela, les partis vont penser aux gains politiques. Ils vont essayer d’obtenir le maximum de voix en se servant de Bruneau Laurette et Sherry Singh qui sont comme des ‘stepney’ », avance Dev Virahsawmy.
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