Connu comme étant un quartier « chaud », Bois-Marchand est une localité victime de discrimination et parfois de violence.
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Livrés à eux-mêmes dans ce quartier, les jeunes ne sont pas à l’abri des fléaux qui minent leur environnement au quotidien. Si certains succombent aux tentations, d’autres ne baissent pas les bras et expriment leur désir d’améliorer les conditions de vie dans leur quartier.
La Fondation Joseph-Lagesse a récemment rendu hommage à la créativité d’une soixantaine de jeunes de Bois-Marchand, impliqués dans le projet ZENN, une initiative dont le but est de ‘redessiner Bois-Marchand’ en peignant des fresques murales dans la localité, explique Nicholas Florine, travailleur social et Community Liaison Officer de la Fondation Joseph Lagesse.
La présentation des différentes fresques a eu lieu en présence des directeurs du conseil d’administration de la Fondation Joseph-Lagesse ainsi que des cadres des filiales d’IBL. À l’occasion, des chants et des témoignages par trois jeunes du quartier étaient au programme.
Le projet ZENN
Entièrement conçu et écrit par Nicholas Florine, le projet ZENN avait pour co-animateurs, le peintre mauricien Evan Sohun, et le photographe Jason Goder, ce dernier ayant apporté son aide lors de la couverture des différents ateliers. La première phase, ‘Redessinons Bois-Marchand’, a été lancée le 7 avril 2018, explique Nicolas Florine, notamment avec 30 participants réguliers, dont 15 à temps partiel et 13 ayant contribué à au moins trois sessions. Ce projet a touché au total 58 jeunes âgés entre 12 et 17 ans.
Cette initiative, dit-il, a pour objectif la valorisation de Bois-Marchand aux yeux de ses jeunes habitants, afin de les rendre fiers de leur lieu de vie et de leur faire prendre conscience de son potentiel culturel et artistique. « Le but est aussi d’instaurer en eux un sentiment général d’appartenance, de positivité et de fierté », renchérit Nicolas Florine. Et de rappeler que les ateliers ont offert un espace de rencontre qui a resserré les liens entre les jeunes de Bois-Marchand.
Entre avril et juillet, ces jeunes ont participé à 14 ateliers de peinture et de dessin. Ils se tenaient les samedis de 14 à 16 h30 au complexe éducatif de Bois-Marchand. Une rencontre a également été organisée entre les jeunes et les membres de la communauté où il y a eu une identification des lieux. Une fois les permis accordés, le travail a commencé : dessins et choix des couleurs pour les murs, entre autres.
Trois jours d’ateliers, entre 9 et 17 heures, ont permis la réalisation de fresques murales. Elles ont été réalisées sur une boutique, au cœur du quartier de Bois-Marchand, et deux abribus du terminus de l’endroit.
« En plus d’Evan Sohun et de Jason Goder, plusieurs autres membres ont aussi encadré le projet ZENN. Ils sont Sorenza Vincent, Virgilia Labroche, Stanley Ovide et Anastasia Ovide. Cette phase sera suivie du démarrage, fin novembre, de la phase 2 du projet qui comprend un programme de ‘life skills’ adapté aux adolescents », indique Nicolas Florine.
Pôle de développement communautaire
« Dans ce quartier, les enfants sont vulnérables, et la consommation de substances et d’alcool est problématique », soutient Martine Hennequin, la Manager de la Fondation Joseph-Lagesse (FJL). Elle indique que depuis août 2016, FJL a mis en place un « pôle de développement communautaire » afin de récolter des données sur ce petit village, à savoir une compilation d’enquêtes sociales, une collecte de données démographiques auprès de Statistics Mauritius, un exercice de ‘community-mapping’ et des rencontres communautaires, etc.
Martine Hennequin précise qu’une petite équipe de facilitateurs a été mise en place afin de travailler de concert avec cette communauté. « Cette équipe s’est rencontrée régulièrement et a beaucoup travaillé pour se former et mobiliser la communauté autour d’interventions de nettoyage et d’embellissement. » dit-elle.
Quant au projet ‘Revey Twa Bois Marchand Pou Nou Fierte’, Martine Hennequin confie : « Nous sommes heureux lorsqu’un habitant nous partage sa joie de participer aux actions sociales de sa localité. » Concernant le projet ZENN, elle souligne qu’il découle directement du projet à long terme qu’est ‘Revey Twa Bois Marchand Pou Nou Fierté’. Se déclinant en trois phases, l’idée est de mobiliser les jeunes autour d’une activité créatrice avant d’aller plus loin dans un travail de ‘lifeskills’ et de techniques qui leur permettront d’augmenter leurs chances de trouver du travail.
Evan Sohun :
« Ces enfants ont bousculé le programme et on s’est laissé guider par leur envie, leur spontanéité et leur désir de s’exprimer à travers le dessin. »
En aparté Martine Hennequin
Psychothérapeute de formation, Martine Hennequin a travaillé au sein des prisons à Maurice, sous l’égide de ‘Kinouété’. « C’est là que j’ai voulu me former pour apprendre à faire de la prévention en amont dans les cités/résidences. » Elle a également bénéficié d’une formation professionnelle aux États-Unis en ‘Addiction Policy, Prevention and Care’ dans le cadre du Humphrey Fellowship Program.
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