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[Blog] Cri du cœur… 

Ma douce, ma belle, ce ne sont pas des larmes de joie qui sortent de mon âme, mais bien des larmes de tristesse et de désarroi. Notre île est dans un état chaotique et il me semble que personne aujourd’hui ne soit en mesure de la sortir de ce flot qui la mène vers une mort lente et continue.

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    En l’espace d’environ 11 ans depuis ce triste épisode du 30 mars 2013, rien n’a changé. Rien… Rien… Rien… Nous pourrions même penser que la situation s’est aggravée. Des images qui fendent le cœur et qui apportent aussi avec lui son lot de colère. Comme une envie de crier haut et fort : « Mais qu’avez-vous donc fait pendant tout ce temps ? Qu’avez-vous fait de cette mère notre terre ?! ». Hier le gouvernement travailliste avec à sa tête le Docteur Navinchandra Ramgoolam, aujourd’hui le gouvernement MSM avec Pravind Kumar Jugnauth aux commandes. Une situation similaire et toujours une absence d’anticipation et de proactivité de la part des autorités compétentes en la matière. A se poser la question si le système actuellement en place permet de répondre de manière efficace aux problématiques auxquelles nous avons à faire face en cas d’intempéries de ce type. Ne faudrait-il pas le revoir ?

De quel drame parlons-nous exactement ? Devrions-nous nous attarder sur ce qui s’est passé à Port-Louis, capitale à nouveau ravagée ? Ou devrions-nous prendre le temps d’observer le malheur s’abattant dans tous ces foyers qui dans différentes localités se retrouvent inondées par la montée des eaux ? 

A Port-Louis, combien sont-ils à être partis travailler sous une alerte cyclonique de classe 1 pensant que les choses se calmeraient ? Alors que, pas plus de quatre heures plus tard, une annonce de classe 3 aura pris de court plus d’un avec pour effet : le retour imminent chez soi en simultané de tout un chacun. Pourquoi nous avoir laissé partir au travail pour quelques instants plus tard nous demander de rentrer chez nous ? Cela a eu pour conséquences, des employés qui se sont vite retrouvés en difficulté. J’entendais une mère pleurer sa fille étant sans la moindre nouvelle de celle-ci. Je lis les messages de ma famille et mes amis bloqués dans les rues ne sachant quoi faire ou par où passer pour rentrer en toute sécurité. Je vois des personnes bravant les eaux pour tenter de sauver ceux restés bloqués dans leur véhicule. Bravo à eux pour ce courage ! Et dans tout ce chamboulement, des prévisions météorologiques qui semblent-ils n’ont pu prévoir la trajectoire du cyclone dans un laps de temps aussi court, entraînant sur son passage le chaos des plus total dans les rues de la capitale.  Le plus grave et le plus attristant dans tout cela, étant la mort d’un compatriote (ou de plusieurs – à confirmer). Un triste jour pour notre pays. 

L’autre drame qui se joue ici est profond et nécessitait déjà depuis plusieurs années qu’on y réponde avec volonté et fermeté. 

Habitant Quatre-Bornes, j’ai par exemple eu l’occasion de voir des maisons sinistrées par cette eau qui ne sait trouver sa route vers des rivières ou des refuges naturels. Une eau qui s’aventure par conséquent à l’intérieur même du domicile des citoyens de La Ville des Fleurs. Cela fait mal au cœur que de voir cette catastrophe. Il faut observer le courage de ces gens-là. Il faut admirer la détermination de ces gens-là. Il faut applaudir la solidarité de ces gens-là ! Ce que certains de nos dirigeants semblent ne pas voir et ne pas comprendre… Qu’on ne nous rabâche pas encore une fois le « Changement Climatique » ! Il a bon dos mais n’est clairement pas la cause principale de cette douleur. 

Il n’y a qu’un phénomène aujourd’hui qui devrait être mis en cause : le silence assassin des autorités quant au bétonnage massif partout au travers de l’île. Que ce soit les perturbations causées par le métro (exemple à Saint-Jean) ou les nouvelles constructions ; que ce soit l’absence de drains ou de récupération des eaux de pluie ; ou que ce soit l’absence d’espaces verts chez les gens ou dans les lieux publics pouvant absorber cette eau. 

A quand un Grand Plan d’Urbanisme adéquat et cohérent pour redessiner la vie dans les villes et les villages. Une politique de la ville et des villages qui serait en mesure de munir aux municipalités ainsi qu’aux conseils de village des prérogatives spécifiques pour la mise en place de ces directives. Elles auraient ainsi les armes et le budget nécessaire pour faire avancer les travaux et les chantiers en fonction d’un plan national. Que font donc les autorités locales ? Que font donc les autorités nationales ? 

Le directeur de la station météorologique de Vacoas a démissionné ce 15 janvier. Une démission qui a certainement pour but de calmer la rage de la population et de porter sur un individu la responsabilité de tout ce drame qui se joue sous nos yeux. Il y a un responsable très certainement, mais en soi, n’y en aurait-il pas plusieurs ? Est-ce vraiment Monsieur Dhurmea le vrai fautif de cette déroute ou est-ce plutôt un système dans lequel nous nageons et qui peine à naviguer dans le bon sens depuis déjà plusieurs gouvernements ? C’est désolant, encore une fois, et fort de nos expériences passées, de voir que nous reproduisons les mêmes erreurs. Ce drame aurait pu et aurait dû avoir été évité. Nous n’avons rien appris et n’avons rien changé pour que les choses avancent positivement. 

Le Premier ministre a trouvé son bouc-émissaire en le directeur de la station de Vacoas. Il devrait surtout à mon humble avis interroger chacun de ses ministres : « Qu’avez-vous fait durant toutes ces années afin de diminuer l’impact des phénomènes environnementaux sur la vie des Mauriciens ? ». « Qu’avez-vous fait durant toutes ces années afin d’éviter de se retrouver dans une situation semblable aux inondations meurtrières de 2013 ? ». « Qu’avez-vous apporté comme solutions pour que certains de nos concitoyens n’aient pas à passer dans de tels chocs physiques et psychologiques ? ». Aux mauvaises prévisions, le chapeau a été porté par le démissionnaire de Vacoas. Qui sont ceux qui porteront les chapeaux de la mauvaise planification urbaine ? Avec beaucoup de sarcasme, « chapeau bas » à tous ces ministres qui ont été au pouvoir durant toutes ces années et qui semble-t-il n’ont rien fait pour assurer un aménagement sein des espaces urbains. Qui semblent-ils ne réalisent toujours pas que l’absence de ces politiques peut entraîner la mort d’un père ou d’une mère ; d’un fils ou d’une fille de l’État mauricien. 

J’imagine votre détresse et je vous en conjure, entourez-vous et écoutez ces personnes qui ont les connaissances requises pour repenser notre pays ; pour repenser nos lieux de vie ; pour repenser les politiques d’une République de Maurice meilleure.

Nous avons perdu bien trop d’opportunités de mener les bonnes actions. Saisissez enfin le sens de nos mots et l’essence de nos maux ! Etre dirigeant n’est pas une chose facile, mais par pitié ayez le courage de faire ce qui doit être fait non pas pour votre survie politique, mais bien plus pour la survie de tout un peuple en quête d’espoir et d’harmonie.

Gaël Etienne 
 

 

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