Billet : spectre d’une abstention ravageuse au No 18

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La partielle dans la circonscription Belle-Rose / Quatre-Bornes (No 18) qui aura lieu, le dimanche 17 décembre, est atypique à plus d’un titre. C’est la première sans la participation – directe ou indirecte – du parti ou de l’alliance au pouvoir.

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En 2009, lors de la consultation populaire dans la circonscription Quartier-Militaire / Moka (au No 8), l’alliance Ptr-PMSD n’avait pas aligné de candidat, mais avait soutenu la candidature de Pravind Jugnauth du MSM. Celui-ci avait d’ailleurs battu à plate couture son oncle Ashock Jugnauth, qui s'était présenté sous la bannière de l’alliance MMM-UN-PMSD. C’est également la première partielle, après celle de 1970, où aucune alliance n’était en lice. Tous les partis font cavalier seul.

La non-participation de l’alliance MSM-ML aura un impact négatif sur l’affluence des électeurs aux urnes. Un fort taux d’abstention n’est pas à écarter pour trois raisons principales. Primo, à l’exception des frustrés et autres déçus furieux, la majorité des partisans du MSM et du ML ne s’aventureront pas dans les centres de vote, vu qu’aucun mot d’ordre de vote en faveur d'un candidat de l’opposition n’a été donné. Secundo, les fonctionnaires hésiteront à exercer leur droit de vote par peur qu’ils soient perçus comme des partisans de l’opposition. Tertio, la masse silencieuse ne semble pas être motivée car, d’une part, cette joute entre les partis de l’opposition est sans grand intérêt. D’autre part, elle a l’impression d’être constamment entubée par la classe politique.

Le manque d’intérêt des électeurs avait eu de sérieuses répercussions sur le taux de participation lors de la partielle dans la circonscription Port-Louis Maritime / Port-Louis Est (No 3), en 1992. Pas moins de 43 % d’électeurs n'avaient pas accompli leur devoir civique pour choisir entre le candidat de l’alliance MSM-MMM (Amanullah Essoof) et celui du Hizbullah (Cehl Meeah). Les autres grands partis n’avaient pas aligné de candidats. Tout compte fait, ce ne sera pas une surprise si le taux d’abstention tourne autour de 35 % le dimanche 17 décembre. D’ordinaire, lors des partielles, elle oscille entre  15 et 25 %.

Dans une telle éventualité, les candidats de certains grands partis risquent de se faire humiliés, en récoltant un pourcentage de votes très bas. C’est la conséquence directe d’un scrutin qui n’est pas bipolaire. Madun Dulloo ne nous dira pas le contraire. En avril 1998, à la partielle dans la circonscription Flacq / Bon Accueil (No 9), dans une lutte triangulaire, il n’avait récolté que 16 % des votes (5 239), contre 42 % (14 045) à Satish Faugoo du Ptr et 38 % (12 571) à sir Anerood Jugnauth du MSM. Il posait alors sous la bannière de l’alliance MMM-MMSM-RPR-Vrai Bleu.

Cela dit, entre Roshi Bhadain, Arvin Boolell, Nita Juddoo, Dhanraj Maraye et Tania Diolle, au moins deux risquent de récolter environ 10 % des votes chacun. La défaite sera très amère pour eux.

Pour cette raison évidente, les candidats vont se mouiller les chemises jusqu’à fort tard dans la nuit du samedi 16 décembre pour convaincre, d’abord et avant tout, leurs partisans d’accomplir leur devoir civique. Ensuite, pour séduire la masse silencieuse. De toute façon, ce ne sont pas avec des phrases assassines et des mots de travers à l’égard des adversaires ou encore avec des provocations gratuites que les candidats vont pouvoir ranimer la passion des électeurs du No 18. La population en a marre des vieilles ficelles et des méthodes éprouvées.

 

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