[Billet] Saluer « Mauritius » au tableau des scores 

La décision du Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth, d’aller accueillir personnellement le médaillé de bronze Yovanni Philippe, serait diversement commentée surtout sur les réseaux sociaux. Certains y verraient une manœuvre purement électoraliste, et surtout une tentative de jouer la carte de ce qu’on appelle le « communalisme scientifique ». Pour d’autres, la performance de Yovanni Philippe, premier médaillé paralympique de Maurice, mérite d’être amplement et dignement saluée. 

La présence du Premier ministre a l’aéroport pour accueillir ce Mauricien qui fait honneur au pays serait largement justifiée, vu la portée profonde de l’exploit qu’il vient de réaliser. Au fait, rien ne fait mieux vibrer le cœur des Mauriciens que quand on voit le quadricolore sur des terrains de jeu à l’étranger. Et surtout, quand les résultats sont affichés sur des tableaux de score, on y voit « Mauritius ». 

Le score réalisé par les différents pays participant à des rencontres internationales a toujours constitué un enjeu de grande importance pour les gouvernements. La guerre froide entre les grandes puissances et les rivalités régionales ont amené des pays à beaucoup investir dans les sports compétitifs. 

C’est pour cette raison qu’un grand pays comme l’Inde s’est retrouvé dans un profond embarras quand, malgré sa population de 1,4 milliard d’âmes, ses représentants aux récents Jeux olympiques ne sont pas parvenus à remporter la moindre médaille d’or, se contentant d’une médaille d’argent et de cinq médailles de bronze. 

Par contre, le grand rival de l’Inde, le Pakistan, avec une population de 235 millions, obtint une médaille d’or aux Jeux olympiques. Ce qui fut fortement et ardemment exploité au Pakistan pour administrer un pied de nez au grand voisin. Pour revenir aux récents Jeux paralympiques de Paris, il est intéressant de noter que le Pakistan a obtenu une médaille de bronze à cette compétition. Tout comme Maurice. 

Donc, sans être une puissance nucléaire, sans posséder plusieurs navires de guerre y compris des destroyers, et des centaines d’avions militaires et de chars, et presque un million de soldats comme le pays ami Pakistan, Maurice n’aurait pas eu tort de déléguer son Premier ministre pour aller saluer l’exploit d’un fils du sol revenu comme un médaillé de bronze.