Un éditorial écrit spécifiquement pour dénigrer Maurice auprès des lecteurs britanniques. C’est ce qui s’est passé dans la matinée du 1er septembre quand le Sunday Telegraph a décrit Maurice comme un pantin de la Chine et a instamment demandé au nouveau gouvernement britannique de ne pas nous céder les Chagos.
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Sous le titre « The Chagos are rightly British », le journal, qui se place parmi les dix titres les plus vendus et lus en Grande-Bretagne, et qui maintient une ligne éditoriale conservatrice, demande au gouvernement de Keir Starmer de défendre les intérêts angloaméricains de façon robuste et ne pas « pander to the global post-colonial guilt industry ».
On sait que ce sentiment de culpabilité auprès de la plus grande puissance impériale que le monde ait connue, a amené les autorités, les universités et d’autres institutions à corriger autant que possible les méfaits de la colonisation. C’est dans cette optique que certains dans l’Establishment britannique seraient d’opinion que pour réparer le tort colonial d’avoir démembré le territoire mauricien, Londres devrait songer sérieusement à nous retourner les Chagos. Les verdicts dans des instances judicaires internationales et des votes aux Nations unies se sont exprimés en faveur de la souveraineté mauricienne sur les Chagos.
Le Telegraph, qu’on appelle tout simplement « Graph » dans la communauté des médias en Angleterre, a été le journal favori de Margaret Thatcher. C’est un journal très bien fait professionnellement et qui a, à son actif, la divulgation de plusieurs scandales. Le Graph craindrait que les « socialistes » qui sont maintenant au pouvoir au 10, Downing St, se mettent à démanteler un des derniers vestiges de l’impérialisme britannique.
Le journal choisit ainsi l’arme chinoise pour dissuader Londres de tout arrangement avec Maurice. D’ailleurs, selon le journal, c’est le dossier Chagos qui constituerait le premier grand test pour établir si le « post-Imperial hand-wringing [pourrait] outweigh the national interest ».
Avant le Telegraph, d’autres acteurs britanniques et certains Américains ont tablé sur le danger que la Chine ne prenne contrôle de Diego Garcia une fois les Chagos restitués à Maurice. Mais le journal britannique va plus loin en déformant même les faits quand il avance que « Beijing has bankrolled Mauritian development as part of its expansion of influence into Africa ».
Ce qui est loin de la vérité. Les exportations de sucre, de vêtements, de légumes, de fruits, le développement spectaculaire de l’industrie touristique, décennie après décennie, l’énorme secteur financier mauricien et l’implantation sur sol mauricien de nombreux étrangers disposant d’énormes atouts financiers, bref ce qu’on appelle le miracle économique mauricien, a été l’œuvre des acteurs que nous connaissons. Il est vrai que la Chine a aidé énormément dans la construction de certaines infrastructures.
Face à une telle déformation des faits de la part du Telegraph, nous verrons, dans les jours à venir, comment le haut-commissariat de Maurice à Londres va réagir pour demander à ce journal d’apporter les rectifications nécessaires. On ne pourrait se contenter d’une attitude de « business as usual » lorsqu’un journal si important a choisi de prendre Maurice pour cible un dimanche matin quand la presse britannique se fait sensationnelle pour être littéralement dévorée par les lecteurs.
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