La boîte à surprises a été bien remplie cette semaine. Le refus des autorités italiennes d’extrader la sulfureuse Nandanee Soornack, le quasi-blanchiment de Kailash Trilochun, avocat et beau-frère du ministre Nando Bodha, après que le présumé agresseur de Bhanoodutt Beeharee qui l’avait désigné comme commanditaire ne l’a finalement pas reconnu lors d’une parade d’identification, l’inscription à l’agenda de l’assemblée générale de l’Organisation des Nations unies de la motion mauricienne concernant son intention de rechercher l’avis de la Cour internationale sur son contentieux avec le Royaume-Uni sur le dossier Chagos, faites votre choix.
Publicité
Mais la surprise du chef reste incontestablement la double révélation de sir Anerood Jugnauth (SAJ). La première, c’est qu’il a pour la première fois concédé qu’il ne pourra tenir jusqu’à la fin de son mandat de cinq ans. La seconde étant qu’il sera remplacé par son fils, le leader du Mouvement socialiste militant et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, sans d’abord faire valider ce passage de témoin par la population.
Ceci nous promet encore quelques chapitres denses dans le feuilleton politique local. L’opposition trouve ici de l’artillerie lourde. Une succession entre père et fils à la tête du pays sans qu’il n’en avait été question ni durant la campagne électorale de 2014 ni après, l’opposition n’en demandait pas tant. Chez les Travaillistes, on parle déjà de « pays en héritage ». Au Mouvement militant mauricien (MMM), on martèle que c’est aux citoyens seuls de décider qui sera leur Premier ministre et que des élections générales s’imposent.
Constitutionnellement parlant, cette succession ne pose absolument aucun problème. Si Pravind Jugnauth jouit du soutien de la majorité des parlementaires, la présidente de la République devra le nommer chef du gouvernement. La majorité, le leader du MSM l’a déjà dans sa poche. Outre les députés de son propre parti, il est assuré d’avoir le soutien des autres partenaires de l’Alliance Lepep. Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavelloo ont déjà déclaré publiquement qu’ils soutiendraient cette candidature.
Mais il y a aussi la question d’éthique. Promesse avait été faite au peuple que SAJ occuperait le maroquin de Premier ministre pendant cinq ans. Aujourd’hui, nous apprenons de la bouche d’Ivan Collendavelloo qu’en fait, le deal avait déjà été conclu entre les partenaires de l’Alliance Lepep. Y a-t-il eu arnaque vis-à-vis de l’électorat ?
Si, effectivement, le contrat dressé avant les élections entre SAJ et les leaders du MSM, du Parti mauricien social-démocrate et du Muvman Liberater indique explicitement qu’il cédera la place à Pravind Jugnauth à mi-mandat, alors cela devrait être clairement dit aux électeurs. Leur avoir vendu un produit dont la date de péremption est atteinte bien avant les cinq ans promis n’est pas un modèle d’honnêteté.
Mais, s’il était question que SAJ fasse ses cinq ans, sauf s’il n’est plus en mesure de diriger convenablement, et que dans ce cas-là, il sera remplacé par celui qui bénéficie de la confiance de la majorité des parlementaires, en l’occurrence Pravind Jugnauth, alors cette transition peut être justifiée sur le plan moral. Au gouvernement de convaincre la population de sa bonne foi.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !